Certains sont complètement scellés, question de décourager ceux à qui il viendrait l'idée de les feuilleter. Il faut acheter pour voir. On est bien loin de l'étalage à ciel ouvert des pages voluptueuses de ces magazines par les bouquinistes de la rue. Mais ici aussi, la pudeur oblige les gens à jouer de toutes sortes d'astuces pour se procurer la revue de leurs désirs.
Léopold Ndoumbé est le tenancier de ce kiosque. Cet homme d'une trentaine d'années a mille et une histoires à raconter sur les astuces utilisées par ses clients : "Parfois, un client passe à côté de moi et me chuchote à l'oreille : mon frère, envoie-moi quelque chose... Là, je sais de quoi il parle. En toute discrétion, je lui demande le genre et après j'emballe sa commande dans une enveloppe ou dans un plastique noir et il s'en va...".
Certains clients de Léopold Ndoumbé ne s'encombrent pas de grimaces. Ils demandent Top Hard, Sexy Scoop, Union, Pulpeuse (des revues pornographiques)... au même titre qu'ils demanderaient Mutations ou Cameroon Tribune. Ceux là, ce sont essentiellement des expatriés ou plutôt les "Blancs", selon les propres mots de Léopold Ndoumbé.
"Les Blancs n'ont pas honte. Qu'ils soient jeunes ou moins jeunes, ils demandent ces magazines sans avoir froid aux yeux", dit-il en souriant. Selon Franck Mbiakop, diplômé en sociologie, le sans-gêne des Occidentaux s'explique par le fait qu'ils viennent des sociétés où le sexe est banalisé. Alors que chez nous, ce n'est pas encore le cas. Le poids des traditions et des tabous est parfois pressant. Les goûts des clients sont variés, si on en croit Léopold Ndoumbé. Les hommes ont un faible pour les magazines où on peut découvrir les filles aux formes généreuses et nues, alors que les dames préfèrent ceux des magazines "où il y a le choc, le full contact!". C'est-à-dire ceux dans lesquels on peut voir l'acte sexuel proprement dit. Une constante demeure cependant : "Les gens n'aiment pas les magazines où il y a le bavardage. Ils aiment les photos", affirme Léopold Ndoumbé. Pour ce qui est de son chiffre d'affaires, il le juge pas très bon en ce moment. Selon lui, la période la plus propice est celle des vacances. Car, dit-il, "l'activité sexuelle est très développée à ce moment là".
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