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Hausse: Les nouveaux tarifs des transports
(14/03/2005)
Le taxi à 175 F. L’intégralité des textes du ministre du Commerce. La réaction des syndicats.
Par Quotidien Mutations

Au terme dudit arrêté, les nouveaux tarifs de ramassage par taxi sont de 175 et 200 Fcfa, respectivement le jour et la nuit. Ils étaient de 150 et 175 Fcfa jusqu'ici. La course-dépôt passe de 1.000 à 1.300 Fcfa en journée, contre 1.500 Fcfa dans la nuit. Le ramassage diurne à destination ou en provenance des aéroports coûtera désormais 1.300 à Douala et Garoua, contre 1.500 Fcfa à Yaoundé et Maroua. Dans la nuit, ce tarif passe à 1.500 (Douala et Garoua) et à 2.000 Fcfa (Yaoundé et Maroua). Sur les mêmes trajets, la course revient respectivement à 4.000 et 2.500 le jour contre 5.000 et 3000 Fcfa.

Grande innovation de l'arrêté du ministre du Commerce : «Les tarifs de location horaire ou journalière dans toutes les localités sont négociés de gré à gré sans aucune limite». Ils étaient de 2000 F l'heure, jusqu'ici. Dans le communiqué de presse qui accompagne l'arrêté signé hier, Luc Magloire Mbarga rappelle que «le principe retenu et qui se trouve consacré par cet arrêté [...] est celui du gré à gré. En l'occurrence, poursuit-il, les tarifs ainsi fixés constituent un plafond, toute latitude étant laissée au transporteur et à l'usager de s'accorder, au cas par cas, sur des niveaux inférieurs». Par ailleurs, explique-t-il, «l'objectif du gouvernement demeure d'arrimer ce secteur vital de l'activité économique nationale à la modernité par une évolution progressive et concertée visant à sa libéralisation». Autrement dit, une autre augmentation des tarifs n'est pas exclue dans les prochains mois.



Consensus


Hier, en fin de journée, peu après la signature de l'arrêté du ministre du Commerce, des représentants des deux Fédérations syndicales des propriétaires et chauffeurs de taxi, rencontrés dans le bureau du sous-directeur des études et de la législation du ministère, où ils étaient venus récupérer la nouvelle mercuriale des tarifs, masquaient peu leur satisfaction. Mais, ils considèrent que les tarifs homologués par le ministre se situent en deçà de leurs attentes. Au lieu de 175 et 200 Fcfa, le ramassage urbain respectivement le jour et la nuit, les taximen avaient souhaité obtenir 200 Fcfa par client le jour et 250 Fcfa la nuit. Outre la plus-value attendue d'une telle tarification, les taximen se seraient mis à l'abri du problème du remboursement de leur reliquat à leur clientèle. D'autant qu'on connaît la pénurie des «pièces jaunes», en l'occurrence celles de 25 Fcfa.

Si les taximen n'ont pas totalement obtenu ce qu'ils espéraient, c'est en raison de l'implication des associations des consommateurs pendant les négociations. «Ces derniers ont estimé que le niveau des revenus des fonctionnaires était assez bas pour supporter une telle augmentation», explique l'un des syndicalistes. La même remarque concerne d'ailleurs l'essentiel de la clientèle des taximen. Un argument qui, avec l'arbitrage du gouvernement, a finalement reçu l'adhésion de tous. Même s'il faut ajouter, selon les taximen, que le gouvernement a promis de procéder à une augmentation par étapes. Ce qui n'empêche pas Jean-Marie Zambo Amougou, le secrétaire général de la Cstc, de savourer la «victoire» du syndicat et sa force dans la «défense et la conquête des droits et intérêts des actifs occupés ou non». «C'est une bonne décision», a-t-il confié à Mutations, avant d'ajouter qu'elle permet «d'apporter un correctif au tableau d'exploitation des taximen qui connaissaient des fins de journée difficiles, du fait du prix prohibitif de l'énergie, avec des recettes stagnantes, sinon dégringolantes».

Les tarifs en vigueur jusqu'à hier avaient été homologués en 1999. Il a fallu la grève du 15 mars 2004, pour que le gouvernement intègre cette revendication dans son agenda. Et, surtout, la grève désordonnée du 24 janvier dernier, qui avait pour principal objectif l'augmentation des tarifs des transports urbains, pour que la question évolue. Depuis lors, d'ailleurs, les pouvoirs publics s'étaient abstenu d'homologuer de nouvelles augmentations du prix des produits pétroliers. Selon des sources autorisées, le prix de l'essence super aurait dû franchir le cap de 500 Fcfa le litre depuis le 1er février dernier. Maintenant que la pression des taximen va baisser, on peut imaginer la suite.


Le problème des tracasseries policières reste au coeur des préoccupations des syndicalistes.


«Nous ne sommes pas satisfaits». C'est par une position catégorique et claire que le président de la fédération des syndicats des propriétaires du secteur des transports terrestres du Cameroun a réagi, hier soir au texte du ministre du Commerce. «Nous allons poursuivre le gouvernement devant la chambre administrative de la Cour suprême», a ajouté Edanga Tabi. Pour lui, des documents existent et attestent de ce que depuis 1995, le gouvernement s'était engagé à appliquer le tarif par zone. Un comité ad hoc avait fixé le prix à 150 Fcfa. «Nous allons poursuivre le gouvernement pour que ce tarif par zone soit effectivement appliqué», a-t-il promis.

Le président du syndicat des propriétaires de taxi estime que la mesure prise par le ministre est plutôt «un recul». Et prévient d'ores et déjà que si le gouvernement augmente à nouveau le prix du carburant, les propriétaires de taxi vont garer leurs véhicules. Il tire argument de ce que les 25 frs supplémentaires «ne représentent rien du tout» et ne serviront qu'à payer le surcoût du carburant dont le prix «n'arrête pas de flamber». Edanga Tabi Tabi tient à rappeler, d'une part, que le prix du stationnement est passé de 5.000 à 10.000 Fcfa et, d'autre part, que le prix du timbre est passé du simple au double (500 à 1.000) et affirme que seuls les propriétaires de taxis supportent ces charges supplémentaires.

Pour sa part, le président du syndicat des propriétaires des taxis du Cameroun (Synprotaxcam), Samuel Fotié joint au téléphone, est au contraire satisfait : «Nous avons ces temps derniers travailler pour l’homologation de ces prix. C’est une bonne chose qu’ils soient pris». Ce n’est cependant pas l’avis de Etienne Thomas Tchuenkam, chauffeur de taxi et l’un des organisateur du mouvement qui a paralysé Douala le 31 janvier 2005. «Nous ne pouvons nous satisfaire cette hausse des prix qui ne tient pas compte de nos aspirations, dit-il. Le dialogue social dont parle le gouvernement est une duperie. Pour nous autres chauffeurs de taxi, le dialogue tient compte de toutes les composante de l’activité.

Nous faisons face à la prédation de nos patrons qui, ont tous créé des syndicats pour mieux manger notre force de travail». Quant au secrétaire général du syndicat des chauffeurs professionnels du transport urbain et interurbain du Cameroun, Patrice Samen, rencontré lui aussi hier soir après l'annonce du réajustement des prix du transport urbain, il joue les résignés : «Nous allons nous débrouiller avec ces prix, en attendant de voir». Il a cependant renouvelé une vieille interpellation à l'endroit du gouvernement, l'invitant à tout faire pour «examiner et combattre efficacement le phénomène des tracasseries policières» qui, de son avis, ampute considérablement les recettes.


Regard: Vers le terminus


Dans le communiqué qui ponctue l’annonce des tarifs des transports urbains et interurbains, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a d’emblée indiqué qu’il avait présidé une séance de « concertation ». Il est clair que cet œcuménisme affiché cache une gêne certaine : les mesures prises hier par le ministre du Commerce sont de celles qui n’arrangent personne. Les transporteurs d’abord, les urbains surtout, qui, attendaient quelque chose au-delà des 175 Fcfa le ramassage urbain. Les syndicalistes situaient à 250 Fcfa leurs prétentions. Ces derniers arguent, et cela semble logique, que le montant de la course est en décalage grave avec les augmentations continues du prix des carburants.

A l’observation, et en valeur relative, on se rendra compte que, entre les taxes payées sur les carburants et lubrifiants, et celles payées en patentes, carte bleue, stationnement et assurance, l’activité de taxi de ville est, au Cameroun, celle sur laquelle, la pression fiscale est la plus appuyée. Du coup, le petit patron de taxi n’éprouvera plus aucun intérêt réel à investir dans cette activité, tout comme le taximan ne se considérera plus que comme une espèce de tâcheron en transit vers une occupation plus intéressante.

Les usagers ensuite, qui vont réagir comme on le fait devant toute augmentation du coût d’un service de première nécessité : par la crispation et l’intégration du sentiment de la « vie chère». Ceci est d’autant plus perceptible qu’au niveau des salaires, rien n’a été fait, et que le panier de la ménagère, du jour au lendemain, s’amaigrit. Et puis, il y a cette histoire de vingt cinq francs : tout le monde remarque la rareté de cette pièce de monnaie qui désormais sera demandée en très grande quantité pour les remboursements. Un autre dilemme et cause d’engueulades et d’embarras.

Le gouvernement lui-même enfin, qui ne peut pas ainsi, en invoquant la libéralisation, non sans évoquer « l’arrimage à la modernité », se débarrasser à trop peu de frais, de l’un de ses devoirs essentiels : faciliter les déplacements des citadins et des citoyens. En effet, dans tous les pays qui se réclament de cette modernité justement, les transports publics font partie de ces secteurs où l’Etat apporte en priorité aide aux usagers, et soutien aux promoteurs. En attendant, tout le monde subodore le prochain cap à franchir, dans les augmentations des prix: la barre psychologique des 500 Fcfa le litre de super.


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