Son arrivée au Cameroun, un peu comme le début des essais cliniques, s'est faite à pas feutrés. Le Pr. Ward Cates, président de Family Health international (Fhi), l'Ong américaine qui mène à Douala les essais controversés du Ténofovir, a atterri incognito à Douala il y a une semaine, a rejoint Yaoundé mercredi, a croisé la route du représentant de l'Onusida à la faveur de la journée mondiale du malade, et a été reçu hier matin par le ministre de la Santé, Urbain Olanguena Awono. De cet entretien qu'il juge " fructueux ", le professeur américain de biologie retient quatre points, qui sont des exigences du ministre. Il s'agit de : " l'arrimage aux mesures correctives édictées par la Commission d'audit; la prise en charge des volontaires; Gilead et Fhi travailleront ensemble pour que les prix des médicaments de cette firme, pratiqués au Cameroun, soient revus à la baisse; et une rencontre avec la presse.
" Cette dernière s'est tenue hier après-midi dans la salle de conférence jouxtant le cabinet du secrétaire d'Etat au ministère de la Santé publique...
Au cours de ce point de presse qui s'est tenu quelques minutes avant son départ du Cameroun, le président de Fih a dit que le principal objectif de sa visite est de " corriger les rumeurs qui circulent sur les essais ". Son organisation n'a pas inoculé le virus à 400 prostitués mais leur donne un comprimé pour tester son efficacité dans la prévention du Vih-Sida. " Nous n'offrons pas de partenaires infectés aux filles et nous ne les abandonnons pas à elles-mêmes quand elles sont infectées ", a poursuivi le Pr. Ward Cates.
L'occasion a également été mise à profit pour donner l'état d'avancement du " rapprochement " souhaité dans la décision suspendant les essais, entre la représentation locale de Fih et la commission d'audit créée par le ministre de la Santé publique après le début de la polémique sur les essais. Le Pr. Doh Anderson Sama, représentant local du Fih, annonce un protocole d'accord revu et corrigé qui répond aux mesures correctives édictées par la Commission d'audit. Il s'agit de : l'enregistrement du centre d'essai comme cabinet médical ou centre de soins; une meilleur lisibilité de la fiche des volontaires; la fourniture du préservatif féminin aux volontaires; la distribution claire et hiérarchisée des rôles au sein de l'équipe de recherche; un suivi accru avec des réunions mensuelles et des interfaces avec le comité national éthique et la division des recherches; un renforcement de la structure de counselling avec la cooptation de nouvelles associations de lutte et prévention contre le Sida; la formalisation des relations entre les centres de traitement agréés et l'équipe de recherche; la garantie de la disponibilité du médicament pour les Africains par Fhi et Gilead en cas de succès du test.
Le nouveau protocole de recherche brandit par Fhi et qui se veut, selon les responsables de l'Ong, plus explicite que le précédent, ne garantit pas pour autant la reprise immédiate des essais. Il sera évalué par la Commission nationale d'éthique et la division des recherches du Minsaté. C'est sur la base de l'avis motivé de ces deux structures que le ministre de la Santé décidera de la reprise ou non de ces essais. Pour le Pr. Doh Anderson Sama, il y a un impératif de célérité afin d'éviter que les résultats des essais ne soient plus totalement fiables du fait de cette interruption. Déjà d'autres essais sur le Sida sont annoncés dans le pipe au Cameroun notamment un vaccin et un gel protecteur. Reste que l'efficacité de la commission nationale d'éthique dirigée par le Pr. Lazare Kaptué, demeure sujet à caution
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