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S.N.H.: Transparence douteuse
(08/02/2005)
La société chargée de la gestion de pétrole du Cameroun jouit d'une totale immunité par rapport au gouvernement. Aucune justification ne leur est demandée...
Par Le Messager
Et que le gouvernement camerounais n’en est que le gardien des puits et des installations des concessionnaires qui l’exploitent en toute propriété.
Dans les pays vraiment producteurs de pétrole, les gouvernements décident de leur politique pétrolière. Ils peuvent, au gré des stratégies conjoncturelles, en augmenter ou baisser la production, et jouer à l’accordéon avec les prix du baril. Et du coup, transformer cette richesse naturelle en levier de développement de leurs peuples, et non en instrument d’appauvrissement.
Ce qui apparaît au Cameroun, pour ceux qui veulent bien y regarder, c’est que l’Etat accompagne dans le pillage de notre richesse, des entreprises originaires de certains pays esclavagistes se prétendant nos “ amis traditionnels ”, mais qui ne nous embrassent sur la joue – et parfois sur la bouche ! – que pour mieux nous écraser les orteils de leurs bottes d’acier.

En guise de rémunération du gardiennage et de la complicité d’esclavagisation de leurs employés nationaux, ces entreprises tentaculaires qui sont chez elles étatiques ou para-étatiques – et donc couvertes par des accords secrets – concèdent au gouvernement une mini-part de l’aubaine (plus ou moins 20% semble-t-il) que la Société nationales des hydrocarbures (Snh) a la mission exclusive de commercialiser. En ne rendant compte, paraît-il, qu’au seul chef de l’Etat, ainsi que le proclamait jadis, feu le prédécesseur du tranquille Moudiki.

Le prétexte qu’avanceraient les concessionnaires (Total, Perenco, Pecten et autres…) pour se tailler ainsi la part du lion dans le brut pompé dans les eaux camerounaises, serait les investissements dont ils assurent la totalité dans l’exploration et l’exploitation…la participation du Cameroun étant assurée à crédit. En fait, la part du brut concédé à l’Etat camerounais ne représenterait probablement que des royalties payées en nature. Une sorte de droit d’exploitation. Quite à ce que le gouvernement, à sa guise, le leur revende ou le convertisse dans la consommation locale.



Quels moyens de contrôle ?


Lorsque la Snh publie par voie de presse (début janvier), un bilan de ses activités de l’année 2004 où il apparaît que “ les recettes issues de la vente de la production nationale de pétrole brut revenant à l’Etat (…) sont bien au-delà des prévisions ” (237,65 milliards de Fcfa au lieu de 141,19 milliards attendus pour l’exercice), cela appelle des questions citoyennes légitimes.

Si ces milliards constituent un bénéfice, ce devrait donc être un retour sur investissement. Lequel ? Quel intérêt autre que démagogique y a-t-il à dire au peuple qu’on a réalisé un résultat de 240 milliards (à peu près) sans donner en chiffres le volume de cette “ production nationale brute revenant à l’Etat ”. Encore qu’il faudrait préciser pour la gouverne des Camerounais, quel est le pourcentage de cette “ part revenant à l’Etat ”, par rapport à ce qui est désigné dans ledit bilan comme “ la production nationale totale… ” prétendûment en baisse de 7,86% (35,61 millions de barils en 2003, 32,81 millions de barils en 2004).

En fait, la Snh, pour ne pas dire le gouvernement camerounais, a-t-elle aujourd’hui les moyens de savoir et de dire quel est le tonnage exact de pétrole brut pompé et exporté à partir des côtes camerounaises ? Au regard des agissements et des interactions qui apparaissent plutôt comme une nébuleuse mafieuse, on peut avoir de bonnes raisons de penser que non.

En tout cas, ce n’est pas en envoyant de temps en temps un “ contrôleur ” du ministère des Mines, transporté par hélicoptère sur une plate-forme de Total pour boire du bon vin et faire provision de quelques kilos de poisson, de quelques paquets de cigarettes et quelques liqueurs, que le gouvernement peut savoir comment le pétrole D1 de Pecten l’américaine, réputé de qualité différente, s’arrange pour cohabiter avec le Lokolé dans les tankers de Total et Perenco les françaises (Eboné et Moudi).


Fortes présomptions de détournements


Comment la Snh peut-elle être sûre, ou plutôt, peut-elle prouver que des cargaisons du brut camerounais ne partent pas incognito des installations offshore de Kribi ou de Limbé pour s’évanouir dans les nuits de l’océan atlantique ?

Depuis 1997, on donnait l’épuisement de nos puits à l’horizon 2004. A ce jour, aucun exploitant n’a encore démonté ses installations pour aller chercher sous d’autres cieux. Chaque exploitant consolide plutôt ses investissements et sa position ! Quelle malchance justifierait-elle donc l’assèchement de nos puits quand nous sommes entourés au Nord, au Sud, à l’Est et à l’Ouest par les pays pétroliers dont certains sont en plus haute altitude que nous ? Surtout quand on sait que des puits provisoirement fermés sont souvent réhabilités.

Jusqu’à ce que les géologues nous expliquent le phénomène, le profane que je suis n’en voit que deux explications possibles : soient des cargaisons de brut sont clandestinement prélevées sur la production et chargées sur des tankers en haute mer – ce serait facile avec la vingtaine de barges de forage qui se meuvent sur nos frontières maritimes – soit tout se joue grâce aux forages en déviation vers quelque pays voisin. Et même vice-versa selon que telle ou telle compagnie veut pomper des puits à l’insu de l’Etat visé. Le fait par exemple que Total ne croit pas opportun de livrer ses 200.000 barils de brut à la Sonara par voie de pipeline ne prouve pas qu’il est impossible, pour qui veut tricher, d’installer un pipeline sous-marin et transfrontalier. Et ces hypothèses de triche ne sont pas une construction de l’esprit, tant qu’on ne peut pas, par exemple, expliquer pourquoi telle compagnie qui dispose d’environ 17 plates-formes des plus sophistiquées dans les eaux camerounaises n’a aucun tanker de stockage propre, se contentant depuis des années de louer le Moudi pourri de Perenco ou l’Ebomé de Total pour stocker sa production. Et si elle forait en déviation pour recueillir au Nigeria ou ailleurs, comment la Snh le saurait-elle ?

Par ailleurs, on pourrait se demander pour le compte de qui Total livre-t-il à intervalles réguliers 200.000 barils de Lokolé à la Sonara dont on dit officiellement qu’elle importe le pétrole qu’elle raffine. Ses importations s’appuieraient donc sur un certificat de carence temporelle ?

En réalité, nous sommes loin d’avoir épuisé la liste de questions d’éclairage sur la gestion joyeusement opaque du pétrole extrait au Cameroun par des brigands sous le regard passif de la Snh.


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