Si rien n´est fait, nous nous dirigeons vers la disparition du travail", s´inquiétait récemment André Siaka, président du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam).
Une appréhension généralisée, qui aura poussé la plupart des dirigeants d’entreprises du secteur privé, et même public et parapublic, à signer des accords de partenariat avec le Comité national de la lutte contre le sida (Cnls). En décembre 2003, 32 entreprises du secteur privé, 21 confessions religieuses, 3 instituts de recherche, 3 institutions universitaires et…6 ministères, étaient déjà liés au Cnls par des conventions de lutte.
Des chiffres qui ont par ailleurs grossi depuis lors. En plus, certaines entreprises et autres administrations publiques, ont bénéficié d’un appui technique et financier, "pour la définition et la mise en œuvre de leurs stratégies de lutte contre le Sida". Sur les 11% de Camerounais infectés par la pandémie, la population productive, soit l’essentiel de la main d’œuvre, constitue la plus grande proportion.
De nombreux cas de décès dus au Sida ont entraîné, au sein des entreprises, la réduction de la production.
Pascal Takam, le directeur général de Multiprint, un groupe qui contrôle cinq sociétés à Douala, avec 350 employés environ, évoquait à l’occasion d’une rencontre entre patrons, l´influence du Sida dans son entreprise.
"Nous sommes confrontés à plusieurs problèmes, notamment le décès du personnel infecté par le Vih/Sida, l´accroissement des frais médicaux et une baisse de productivité liée à plusieurs facteurs. Au moment où je vous parle, nous avons déjà enregistré trois décès liés au sida. Dans ces conditions, c´est la survie de l´entreprise qui est menacée. Dans la mesure où nous n´avons pas toujours les moyens de faire face aux frais occasionnés par les infections à Vih/Sida".
Dans plusieurs entreprises, l´on ne connaît pas officiellement l´ampleur du mal, mais les dirigeants se montrent de plus en plus méfiants quant à ses ravages. Des dépistages gratuits et anonymes permettent notamment de mieux cerner les dégâts dans chaque structure de production et, par conséquent, d’arrêter des mesures pour une prise en charge rapide des personnels infectés.
Conscientisation
Le vice-président du Gicam chargé des affaires sociales, Protais Ayangma, par ailleurs directeur général de La citoyenne Assurance, précisait à cet effet que "le sida est devenu un véritable problème social qui interpelle tout le monde. En particulier, les chefs d´entreprises, car nous sommes atteints dans ce que nous avons de plus important, à savoir les ressources humaines.
Compte tenu des ravages qu’il occasionne, c´est l´avenir de nos sociétés qui est en péril" Des campagnes d’information sur les modes de transmission et de protection contre le vcirus du Sida, sont ainsi devenues courantes au sein des entreprises. Certaines sociétés, à l’instar de Alucam, considérée comme une pionnière dans ce combat, ont même couvert leurs agents avec des assurances maladies. En attendant qu’une prise en charge automatique des personnes séropositives dénombrées dans les entreprises, soit enfin instituée partout, tel que le souhaite André Siaka.
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