On a manqué de peu de frôler un remake de Nsam hier, au dépôt pétrolier de la Scdp de Mboppi.
Nous sommes au lieu dit carrefour Agip à Douala. Il est 12 heures, ce 2 novembre 2004. La circulation est perturbée. On roule au pas de procession. A partir du marché Mboppi situé à un jet de pierres de ce dépôt, les automobilistes qui sortent d’Akwa, quartier commercial de la cité économique, sont obligés de traverser la route pour rouler à leur gauche. Ceux en provenance des autres quartiers sont bloqués de part et d’autre de ce grand carrefour. Policiers et gendarmes, arme au poing ont pris position à tous les coins de ce grand carrefour. Un de ceux qui relient Bassa au reste de la ville. Hilare, la foule regarde sans voir ce qui se passe de l’autre côté de la route. Les commentaires vont bon train.
Au bas-côté de la chaussée, se trouve le dépôt pétrolier de Mboppi qui dispose d’une dizaine de cuves. A l’entrée de cette structure, une multitude de tuyaux d’eau de grosseurs différentes, charrie de l’eau, qui est utilisée par les agents du service sécurité incendie de la Société Camerounaises des dépôts pétroliers (Scdp), pour diluer le super qui se déverse sur la chaussée, avant de couler dans le caniveau.
Une cinquantaine d’hommes, habillés de combinaisons bleues, jaunes, marrons ou rouges et de casquettes aux couleurs variées, transpirant à grosse goutte et trempés jusqu’aux os, bataillent pour réduire la coulée de supercarburant qui inonde la chaussée. Dans l’air flotte une forte odeur de fuel. Que s’est-t-il exactement passé ?
“ Il était environ onze heures lorsqu’une cuve de la Scdp a explosé, laissant couler sur la chaussée son contenu”, raconte un témoin.
Après cette confidence, difficile de mettre la main sur un responsable de cette société de pétrole qui veuille délier la langue. “ Le Directeur Général est la seule personne habilitée à vous répondre ”, déclarent de façon unanime les employés. Certains, hilares demandent des frais pour donner l’information. “ Vous vendez l’information et ne voulez pas payer pour l’avoir ”, arguent ceux ci.
Finalement, en début d’après-midi, le Dr Jean-Baptiste Nguini Effa, directeur général de la Société camerounaise des dépôts pétroliers met un communiqué à la disposition des médias. L’incident à l’en croire, aurait eu lieu à 11 h 25 mn. Sans attendre, l’alerte a été donnée. Les responsables d’exploitation se sont aussitôt rendus sur les lieux, où ils ont constaté “ qu’un mélange d’eau et d’un peu de super s’écoulait. Une quantité évaluée à 200 litres, qui s’est échappée du Bac 9, actuellement en visite décennale, c’est-à-dire, nettoyage et rebaremage réglementaires ”, explique M. Nguini Effa, dans son communiqué.
Le dépôt de Mboppi d’où tout est parti est mis sur le champ en sécurité et l’exploitation du dépôt de Bessengué, arrêtée. Un tapis de mousse sécuritaire a été établi immédiatement, pour écarter tout risque d’inflammation. Dans la maison, on déplore l’absence des sapeurs pompiers, qui n’ont pas daigné se déplacer, malgré le fait qu’on les ait appelés.
Opportunistes
Selon des témoins, les bendskineurs, premiers arrivés sur les lieux de l’incident, suivi des habitants de ce quartier se sont précipités pour se servir. T-shirt, morceau de mousse, bouteilles en plastique... tout était bon pour ramasser ce produit, qu’ils ne connaissaient pas. Malheureusement, pour eux, la collecte de cette manne sera de courte durée. Les forces de l’ordre appelées au secours sont venus à temps. “ Sinon, on aurait eu un remake de Nsam ” déclare un employé d’une société de gardiennage, présent sur les lieux.
Au moment où nous allions sous presse, les employés de la Scdp étaient toujours en train de se battre pour réduire à néant tout risque. Pour sa part le Directeur Général de la Scdp pense que, “ vu la volatilité du supercarburant, tout danger lié à l’environnement est écarté ”. Mais, certains taximen de Douala se souviendront longtemps de cette journée. Les embouteillages occasionnés par cet incident, leur ont permis de faire de bonnes affaires. Le prix du taxi pour certaines destinations a été revus à la hausse. L’occasion faisant le larron.
Par Vanessa Nana
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