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Un homme d’affaires tracté puis gardé à vue
(01/12/2004)
La scène avait quelque chose d’hollywoodien. Ce vendredi 26 novembre 2004, en plein jour au centre commercial d’Akwa, la capitale économique du Cameroun.
Par Le Messager

Un détachement de plus d’une demi-douzaine d’éléments de la gendarmerie nationale conduits par un adjudant, s’en prend à une grosse cylindrée bloquée en pleine rue passante au lieu dit carrefour Soudanaise. L’occupant, un homme plutôt bien, s’est barricadé à l’intérieur du véhicule. Il n’arrête de téléphoner. Les gendarmes, qui tentent de l’interpeller, sont de plus en plus nerveux face à cette résistance inattendue.

“ Ce monsieur se croit au-dessus des lois ; il nargue la force publique”, maugrée un des éléments conduits par l’Adjudant-chef Mbah. Cet officier de police judiciaire explique à la foule interloquée qu’ils sont là sur réquisition du procureur de la République qui leur aurait demandé d’interpeller “ cet homme recherché depuis plusieurs jours ”. Mais au moment de l’intervention, l’avis de recherche n’est pas présenté. Pas plus qu’un mandat d’amener.

M. Diabe, Dg de la société Delta Industries International se convainc que cette opération est illégale. Ses avocats qu’il joint le confortent. Ils lui demandent alors de fermer les vitres de son véhicule jusqu’à ce qu’un tel mandat fut délivré par le procureur. Irrité par tant de résistance, un élément de la gendarmerie ramasse un gros caillou et se met à cogner les vitres du véhicule.

Il veut sans doute les casser afin d’en extraire son occupant. Heureusement l’officier de gendarmerie Bamkoui, commandant adjoint du groupement de Douala, informé des dérapages de ses collaborateurs sur le terrain, leur demande d’arrêter et de procéder autrement. Ils feront alors appel à un camion remorque de la voirie municipale. Décidés, les gendarmes tracteront le véhicule avec son occupant à bord.

Destination, légion de gendarmerie du Littoral à Douala Bonanjo où se trouvent les brigades territoriales et de recherche de Douala-Ville. L’un des avocats de Moïse Diabe, accouru à son secours, est aussi interpellé et embarqué, à bord d’un taxi, loué par les gendarmes. Il sera libéré à son arrivée à la légion à Bonanjo. Quant à son client M. Diabe, il sera extrait de sa voiture et placé “ en garde-à-vue ”, dans le bureau du commandant de brigade !



Chèque sans provision et trafic d’influence


Ce que ses conseils redoutaient est ainsi arrivé. “Une mise en garde-à-vue un vendredi est au Cameroun synonyme de détention pendant au moins le week-end ” explique au Messager Me Kack Kack rencontré dans les couloirs de la brigade territoriale.

Lorsque le reporter du Messager quitte la légion de gendarmerie en fin d’après-midi ce vendredi, il est acquis que M. Diabe à qui il est reproché, selon l’avis de recherche auquel nous aurons accès, “une émission de chèque sans provisions et menaces”. Il sera privé de son week-end au moins.

Pourtant, les craintes de ses poursuivants, notamment Mme Happy M. ex-épouse Monthé, se réaliseront. “Ce Monsieur qui a remis à ma cliente un chèque de 280.000.000 Fcfa revenu impayé de la Sgbc fait l’objet de cinq plaintes. Mais il réussit toujours extraordinairement à s’en sortir” raconte un des avocats de dame Happy. Conduits par Me Nguena Antoine, ils espèrent cette fois, que la justice sera enfin du côté de leur cliente.

C’est la dernière plainte déposée par ces derniers auprès du procureur de la république de Douala, le 25 novembre 2004 qui aurait mis la machine judiciaire en branle. M. Diabe y est accusé “ d’abus de confiance, escroquerie, émission de chèque sans provision d’un montant de 280 millions de Fcfa (opposition illégale) et menaces de mort sous condition”.

A en croire des sources proches de l’enquête judiciaire, Mme Happy aurait accordé en novembre 2003 un prêt important - on parle de plus de 600000 dollars US - à M. Diabe afin de lui permettre de financer la campagne caféière 2004. Ce dernier se serait engagé, selon un accord signé le 28 novembre 2003, à rembourser au plus tard le 31 juillet 2004. Or advenu ce jour, alors que les stocks de café ainsi financés et livrés étaient bel et bien vendus, le directeur général de Delta Industries International (DII) n’aurait remboursé que 198965, 10 Dollars.

Ce que Mme Happy trouvera ridicule. Interpellé par sa partenaire d’affaires, M. Diabe exciperait alors du fait qu’il aurait réinvesti les gains réalisés lors de la campagne 2004 dans celle en cours de 2005. Mme Happy trouve cette démarche inacceptable d’autant que son accord n’aurait même pas été requis. Pour elle, la financière, en procédant ainsi M. Diabe attenterait simplement à sa fortune. Mais plus grave, M. Diabe aurait arrêté, après le versement hors délai du premier chèque, tout paiement. De plus, il a fait opposition au paiement du chèque de 280 millions remis en garantie depuis le 28 novembre 2003.

M. Diabe aurait alors prétendu, selon la lettre d’opposition adressée au banquier (Sgbc) le 2 septembre 2004, que le chèque serait perdu dans ses services. Mme Happy se plaint par ailleurs d’avoir reçu des menaces de mort de la part de son (ex ?) partenaire d’affaires au cas où elle présenterait ce chèque en paiement..

Elle qui, abusée par son partenaire, croyait tenir enfin le bon bout, notamment en obtenant son interpellation, doit aujourd’hui déchanter. Dans la soirée de dimanche 29 novembre en effet, M. Diabe a été remis en liberté. Purement et simplement ?


Relâché un dimanche


C’est en effet la cinquième plainte contre lui. On fait état de pressions venues de Yaoundé. Vendredi, on parlait du Secrétaire d’Etat à la gendarmerie. Nos vérifications n’ont pas pu le confirmer. Depuis l’élargissement en plein dimanche, on parle d’un haut responsable de la présidence.

Qui alors ? Mystère. Ce qui semble certain c’est que le procureur de Douala n’y verrait que du feu. Les gendarmes se sont-ils eux-mêmes rendus compte qu’ils avaient abusé de leur pouvoir ? Mais pourquoi seulement après coup malgré la résistance des conseils de M. Diabe ? Autre mystère. Il y a sans doute un parfum typique de trafic d’influence comme sait en développer le système politico-judiciaire camerounais. Malheureusement.


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