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Passage en force: Comment Biya gagne au nord
(18/10/2004)
Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) s’est arrangé à gagner partout et à tout prix dans le nord du pays.
Par Le Messager
Des moyens ont été mobilisés pour parvenir à cette fin durant la refonte des listes électorales et lors du scrutin. Sur le terrain, le parti au pouvoir s’est parfois substitué à l’Administration territoriale pour mener des campagnes d’éducation civique. Ces campagnes ont été financées, pour l’essentiel, sur fonds publics frauduleusement soustraits des caisses de l’Etat par des dignitaires du Rdpc. Ces derniers ont (toujours) su profiter de l’impunité et des avantages pécuniaires que leur donnent leurs fonctions au sommet des administrations publiques. Au-delà des campagnes d’information, des présidents de sections, de sous-sections et de comités de base Rdpc ont carrément décidé d’inscrire leurs militants sur les listes électorales. Ils allaient de quartiers en quartiers avec des fiches qu’ils remplissaient et remettaient par la suite à la sous-préfecture ou chez le chef de quartier.
Quand ils se rendaient compte que certains militants n’avaient pas de carte d’identité informatisée, ils faisaient généralement appel à l’élite de la localité qui finançait ainsi l’obtention du passeport pour l’inscription. Cette vaste opération a duré plusieurs mois et s’est étendue non seulement dans les localités de l’Extrême-Nord ou du Nord, mais aussi dans les villages les plus reculés de la République. Qui plus est, le parti au pouvoir a recruté Tchadiens, Centrafricains, Nigériens, et autres étrangers vivant dans le septentrion pour maximiser les chances de M. Biya d’être maintenu à la magistrature suprême. Ainsi, la nationalité camerounaise a été attribuée à tous ces gens afin qu’ils puissent s’inscrire et, condition sine qua non, voter pour le candidat du Rdpc.


Inscriptions discriminatoires

Pendant ce temps, les partis politiques de l’opposition qui ne disposent pas des moyens de l’Etat se sont croisés les bras. Pire, certains leaders ont boycotté la refonte des listes électorales. Dans les rangs du Rdpc, on affirme même “ qu’ils ont demandé à leurs militants de ne pas aller s’inscrire. ” Ceux des militants de l’Undp de Bello Bouba, du Mdr de Dakolé Daïssala, de l’Andp de Mustapha, de l’Add de Garga Haman Adji ou encore de l’Upr d’Antar Gassagay qui ont quand même senti le devoir d’aller s’inscrire en ont parfois été empêchés soit par l’Administration elle-même (difficultés d’obtention de la carte nationale d’identité informatisée), soit par les chefs de quartiers acquis à la cause du Rdpc. Ceux qui ont pu le faire malgré tout se recrutent surtout dans les grandes villes comme Maroua, Garoua et Ngaoundéré où, au-delà des apparences, l’Undp règne toujours en maître. Or l’essentiel de la population du nord-Cameroun est établie dans les zones rurales que le Rdpc a pris la peine de quadriller et surtout de maîtriser.

Au moment de faire le porte-à-porte, certains chefs de quartier évitaient soigneusement les domiciles des opposants qu’ils avaient pris la peine d’identifier. Quand le corps électoral est donc convoqué le 11 septembre dernier, les 90% de personnes inscrites sur les listes électorales dans le nord du pays sont des électeurs de Paul Biya, révèle le Service œcuménique pour la Paix (antenne de Garoua). Ainsi, déjà au niveau de la refonte des listes électorale, le Rdpc avait un avantage certain, même si avec les moyens de l’Etat, les pontes du régime ont fait une concurrence déloyale à l’opposition.


Bello, Dakolé, Antar, …dans le rôle de bergers

A l’ouverture de la campagne électorale deux semaines avant l’échéance du 11 octobre, le Rdpc disposait déjà d’un schéma de campagne longtemps préparé à l’avance. Et la “ bonne nouvelle ” est tombée par la suite : les partis dont le nord constitue le bastion électoral naturel se sont officiellement retirés de la course au profit du candidat Paul Biya. Ainsi, Bello Bouba, le président national de l’Undp (parti majoritaire dans le nord-Cameroun) qui faisait déjà partie de la majorité présidentielle, a confirmé son ambition de ne point s’éloigner des cercles du pouvoir en se rendant au Rdpc puisqu’il savait la partie déjà perdue pour lui. A sa suite, les partis dont certains se disaient membres de la Coalition (Mdr, Upr, …) se sont également ralliés. Leurs leaders qui ne se sont pas portés candidats à la présidence de la République ont ordonné à leurs “ ouailles ” de voter pour le candidat Paul Biya.

C’est pourquoi le combat acharné souvent observé dans le nord pour la conquête des suffrages n’a pas eu lieu. Dès lors, le Rdpc semblait marcher sur du velours. Les présidents des commissions provinciales, départementales et communales du parti des flammes ont donc allègrement investi le terrain, souvent accompagné des leaders de ces partis que certains de leurs militants de base considèrent désormais comme des traîtres. Parce qu’ils ne comprennent pas comment dans le Mémorandum ils peuvent donner Biya et le Rdpc pour responsables de la misère du “ Grand nord ” et pactiser avec lui afin qu’il demeure au pouvoir. C’est donc dans ces circonstances que le Rdpc et les autres ont placé tous les relais possibles afin que dans les coins et recoins de la région, campagne soit battue pour le président sortant et postulant.


L’opposition fait le service minimum

Dans le même temps, les autres partis (Sdf, Udc, Ufdc, Add) qui ont investi un candidat et qui ont pris la peine de venir battre campagne au nord ne se sont arrêtés que dans quelques grandes villes. Par exemple dans l’Extrême-Nord, Fru Ndi n’a tenu de meeting qu’à Maroua. Hameni Bieleu qui a été aperçu dans les couloirs de Crtv-Maroua a tenu le sien à Moutourwa. Ndam Njoya, le candidat de la Coalition, a fait Maroua, Yagoua, Guidiguis et Kaélé. Seul Garga Haman, originaire de la province, a parcouru les chefs-lieux des six départements (Mora, Kousseri, Yagoua, Kaélé, Mokolo, Maroua) en plus de Waza. Les 11 autres candidats n’y ont même pas mis les pieds. Il s’agit d’une situation qui s’explique par l’état de pauvreté des partis politiques d’opposition. Mais on remarque que les efforts faits, dans cette situation, sont très insuffisants d’autant plus que le Rdpc est allé dans tous les villages, au-delà des villes. La contestation, voire la division de l’Undp dont certains membres se sont ralliés à la Coalition pour battre campagne en faveur de Ndam Njoya n’a pas porté les fruits escomptés. Au mieux, elle a occasionné des abstentions puisque certains militants de base, embrouillés, ont préféré rester chez eux le jour du scrutin.

Ces données objectives, même frauduleuses, auraient déjà pu permettre à M. Biya de gagner. Mais les commandos du Rdpc (membres du gouvernement, Dg de société, etc.) envoyés depuis Yaoundé pour veiller au grain aiment les excès. Le jour du scrutin, les membres de la brigade anti-fraude mise sur pied par la Coalition ont présenté un impressionnant lot de cartes d’électeurs qu’ils disent avoir arraché des mains des militants du Rdpc.



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