On s’en rend très vite compte dès les premières sonorités. Dans tous les titres du premier opus d’Emilie Edimo, on retrouve en effet la guitare rythmique jouée dans les anciens makossa de Nkotti François ou de François Missè Ngoh.
On confondrait facilement l’artiste à Nadia Ewandè lors de ses débuts avec les Blacks Styles. Un véritable plaisir à l’écoute; même si, mais vers la fin, plusieurs titres comme “Pour nous”…, ou “Ndol’a mawondo” (l’amour de mensonges) ont un fond rythmique et solo passablement calqué sur les modèles courants. Cependant, au moment où l’on est tenté d’appuyer sur le bouton stop, Emilie Edimo se remet dans le jeu. En une pirouette vocale. Une voix fluette posée sur des textes qui coulent, sans fausse note.
Elle flatte l’ouie et entraîne dans des ballades à la fois profondes et tristes. Dans “Ndol’a mawondo”, par exemple, les hommes sont une fois de plus pris à partie, avec la complicité de... Joly Priso! Véritable dinausore des studios d’enregistrement, l’homme a remis ça, après l’étincelant “Mary et John” chanté avec Nguéa Laroute.
Sauf que, ici, c’est le manque de sincérité et l’hypocrisie du sexe dit fort qui sont dénoncés. “Ces hommes qui promettent monts et merveilles quand ils draguent, alors qu’ils ne pensent pas un mot de tout ce qu’ils disent”. Autre illustration avec la reprise en version slow de Onguélé Mba, un titre original de Sam Mbendè qui, repris par Emilie Edimo, prend la forme de litanies sensuelles et envoûtantes. On n’a plus envie de décrocher. Au contraire, il faut augmenter le son. Car la chanson suivante, Bikomba, qui puise dans Patou, le fameux titre à succès des jumeaux Epee et Koum, est un régal.
Emilie y parle de l’ingratitude des hommes, qui, tous, ont la mémoire courte. Echaudée? En tout cas, l’artiste demande notamment aux femmes de réfléchir par deux fois avant de rendre service aux hommes. Car, dit-elle, “ils n’hésitent pas à prendre le large à la première occasion.” Mais le plus grand atout de cet album d’Emilie repose certainement dans sa diversité. Après l’ancien makossa avec un saupoudrage de modernité, il y a le slow, mais aussi l’éssèwè avec Mawapi, une chanson où il est question “des fessées qu’une femme souhaite administrer à son époux dispersé afin de le ramener sur le droit chemin...”.
Ici, le son est perceptible et incisif. Tout le contraire des rythmes-fusion classiques, où les vents sont généralement faits avec le synthé. Fatalement, Emilie retombe dans des airs moins énergiques. C’est la séquence câlins avec le zouk Na taki (J’ai souffert). Langoureuse à souhait, la chanson n’a rien à envier aux productions antillaises. L’artiste y met en exergue ses cordes vocales, qu’elle manipule avec douceur à chaque couplet.
On n’a pas besoin de comprendre le sens des mots pour se laisser entraîner. La densité et la profondeur avec laquelle elle chante traduit tout.
La jeune comète propose, en plus, une sortie sur un rythme de Bosa Nova avec “Na monguélé” (Je me souviens), histoire émouvante “d’une jeune fille qui vit très mal le départ de son amoureux pour l’occident, où les tentations y sont nombreuses et de tous ordres”... La plupart des mélomanes qui ont écouté cet album n’en disent que du bien.
Pas parce que Emilie Edimo est particulièrement brillante, mais parce qu’elle a su compiler huit titres dans lesquels on trouve cinq rythmes différents!. Des textes courts et profonds, mais aussi des refrains qu’on peut facilement retenir et fredonner. Le succès populaire viendra avec la promotion, l’application au travail et le temps. D’ici au nouvel album, il y a donc de quoi contenter les oreilles, les esprits et même faire bouger les pieds.
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