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Bamenda : Le Sdf paralyse la ville
(24/08/2004)
Le parti de John Fru Ndi proteste contre l’assassinat de l’un de ses responsables. Le centre-ville de la capitale provinciale du Nord-Ouest a été paralysé hier, lundi 23 Août 2004, par une marche organiseé par le Social Democratic Front (Sdf)
Par Redaction

Le parti de John Fru Ndi proteste contre l’assassinat de l’un de ses responsables.

Le centre-ville de la capitale provinciale du Nord-Ouest a été paralysé hier, lundi 23 Août 2004, par une marche organiseé par le Social Democratic Front (Sdf) qui exige l’interpellation de Doh Gahwanyim III, chef supérieur Balikumbat, soupçonné d’avoir commandité l’assassinat de John Kohntem. La victime était, il y a trois jours, président de la circonscription électorale du Sdf à Balikumbat, dans le département de Ngoketunjia. Un mouvement de protestation qui a mobilisé certains hauts responsables du Sdf, dont Ni John Fru Ndi, son président, et Me Joseph Mbah-Ndam, président du groupe parlementaire du même parti à l’Assembleé nationale. Sous une forte pluie et pendant près de deux heures trente minutes, les manifestants ont traversé les principales artères de la ville de Bamenda, en scandant des propos contre le pouvoir en place, responsable, pouvait-on entendre, d’une situation d’insécurité qui règne actuellement à plusieurs endroits : "No to Fon Gahwanyin III, no to Cpdm". Traduction : "Non au chef Gahwanyim III, non au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc)".
La foule, plus d’un millier de personnes, a repété ces bouts de phrases avant d’engager à partir de la Commercial-Avenue, une marche qui devait en principe s’achever à Up-Station, pour recontrer le gouverneur de la province du Nord-Ouest, Koumpa Issa.
Sur un trajet long d’environ trois kilomètres, les manifestants, surcharffés ont bravé une pluie torrentielle, en menaçant des commerçants qui poursuivaient leurs activités : "On vous demande de fermer vos boutiques. Ça ne va pas". Des taximen n’en étaient pas épargnés: "Garez là-bas". La cité était presque morte. Pas de sonorités comme on en connaît généralement dans des discothèques. Bamenda a cessé, le temps d’une marche, d’être une ville vivante, d’être un lieu de rencontres et des affaires. Armés jusqu’aux dents, poticiers et gendarmes veillaient au maintien de l’ordre, de manière à éviter tout débordement. Ils étaient sous la pluie, comme les manifestants. Peu après le carrefour dénommé Financial Junction, le calme a gagné les rangs. La marche a été interrompue par la présence du gouverneur Koumpa Issa qui s’est adressé aux organisateurs, notamment à John Fru Ndi et à Me Mbah-Ndam: "Nous regrettons tous ce que vous dites.

Nous vous comprenons. Je voudrais seulement vous dire que s’il y a un problème, nous allons tous y trouver des solutions. Si quelqu’un est coupable d’un acte, nous n’hésiterons pas de saisir les instances compétentes. Au sujet de l’assassinat de John Kohntem, comme vous le dites, les enquêtes sont en cours. On verra". Un échange qui s’est étalé sur pas moins de 10mn, et au cours duquel le chairman du Sdf n’a pas été complaisant : "Un individu, fut-il chef traditionnel ou député, ne peut pas assassiner l’autre et ne pas être puni. Je tiens à ce que la vérité soit faite sur cette affaire". Koumpa Issa a immédiatement réagi, en promettant de donner une suite d’ici à quelques jours, aux uns et aux autres. C’est sur cette promesse que Fru Ndi a demandé à ses militants de se disperser : "Nous pouvons retourner. Le gouverneur a promis de s’occuper personnellement de cette situation". Parole de John Fru Ndi, qui a décidé ses militants à regagner leurs domiciles.

Cependant, dans la foule personne ne pouvait oublier les images de la triste scène qui s’est produite à Balikumbat en début du week-end dernier. Dans la matineé du 20 Août 2004, Koumpa Issa a présidé une seánce de travail à Ndop, chef-lieu du département de Ngoketunjia, en présence des autorités administratives et des responsables des partis politiques. Il s’agissait d’évaluer le processus des inscriptions sur les listes électorales. Au cours de cette rencontre, John Kohntem a publiquement décrié les attitudes du “Fon” (chef) de Balikumbat qui ne leur facilite pas la tâche sur le terrain. La tension était vive, se souviennent des témoins. Le chef, Doh Gahwanyim III, principal incriminé, n’a pas digéré le fait que l’un de ses sujets, en l’occurence John Kohntem, l’étale sans façon. La réunion s’est achevée en mi-journée, vendredi dernier.

Dans l’après-midi, alors qu’il a pris place derrière une moto, John Kohntem est intercepté par des individus qui l’ont tabassé à mort, avant de fondre dans la nature. Les gens n’ont pas tardé à établir un lien direct entre l’assassinat de John Kohntem, la cinquantaine bien dépassée, et sa derniére sortie devant le “Fon” de Balikumbat, en présence du gouverneur et de tous les autres. Ce qui justifie la marche d’hier dans les rues de Bamenda. Toutefois, si l’on peut dire que le calme est revenu dans cette ville, depuis la rencontre entameé avec le gouverneur de la province du Nord-Ouest, il est difficile de présager de ce qui adviendra dans les prochains jours. Puisque le parti de Fru Ndi projette d’organiser des marches quotidiennes de protestation, et ce, pendant toute cette semaine. De même que Fru Ndi se rend à Balikumbat ce 24 Août 2004. "Mais avant de partir, a déclaré Koumpa Issa, il faudra passer me voir à mon bureau".

Lâchage
Qui a organisé l`assassinat de John Kohtem ? Pour les responsables du Social Democratic Front (Sdf) la réponse est toute trouvée : " il a été attaqué et tué par le fon (roi) de Balikumbat et ses brutes le vendredi 20 août à Balikumbat après avoir participé à une réunion ". C`est d`ailleurs la principale raison pour laquelle, les leaders de la Coalition nationale pour la réconciliation et la reconstruction (Cnrr), à laquelle ils appartiennent, comptent se retrouver ce jour à Bamenda pour mettre un peu plus de pression sur les autorités. Interrogé par nos confrères de l`Agence France Presse (Afp), le principal accusé, Doh Gwaniym III, rejette vigoureusement cette accusation. "Depuis 12 ans, ce monsieur m`a toujours menacé de meurtre et je n`ai jamais réagi, ce n`est pas maintenant que j`aurais pu le tuer", déclare-t-il péremptoirement.

Et pourtant, dans les coulisses, le Fon, qui est aussi le seul député du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) sur la vingtaine que compte la province du Nord-ouest, n`est pas aussi serein. Il n`est même pas exagéré d`affirmer qu`il a peur. Très peur des conséquences des actes posés. Depuis le tragique événement, il se démène comme un beau diable pour essayer de " sauver sa tête ". Il téléphone. Beaucoup. Un peu trop même. Au point de gêner ceux qui à l`époque passait pour ses amis politiques. Ces derniers ne doutent pas aujourd`hui de sa culpabilité. " On lui a toujours dit de ne pas en faire trop, disent-ils. Voilà le résultat aujourd`hui ". Pour la majorité d`entre eux, le verdict est déjà tombé : " il est coupable ". Par réflexe de survie politique, même les élites de son village semblent lui avoir tourné le dos.

Hier encore, une vingtaine d`entre-eux, parmi lesquels on peut citer Ignatius Sama Juma (Directeur général de l`Autorité aéronautique) ou encore Bernard Nwana Sama (secrétaire général de la chambre d`Agriculture), se sont fendus d`un communiqué dans lequel il relevait en substance ce qui suit : " Nous, les élites de Balikumbat, avons appris avec un profond regret le meurtre de John Kohtem. Nous condamnons avec véhémence ce crime hideux et nous appelons la justice à faire son travail; les initiateurs de cet acte criminel sont des ennemis des la démocratie. Cet acte est contraire aux idéaux prônés par le chef de l`Etat. Les responsables de cette barbarie doivent être identifiés et punis selon les lois en vigueur dans le pays... " Dans les arcanes du pouvoir, comme on peut se l`imaginer, cette histoire embarrasse au plus haut point.

De la cité balnéaire de La Baule en France, où il séjourne en ce moment, le président Biya en est déjà informé. Joint au téléphone par le gouverneur Koumpa Issa alors qu`il séjournait, lui aussi, en France pour son congé annuel, le ministre d`Etat chargé de l`Administration territoriale et de la décentralisation, Marafa Hamidou Yaya, a déclaré attendre de revenir au Cameroun avant d`examiner la situation. En attendant ce retour (qui devait être en principe effectif hier soir), quelques-uns de ses proches collaborateurs, en service à Bamenda, suggèrent déjà quelques solutions à appliquer d`urgence: " Il faut déjà lever son immunité parlementaire, afin qu`il puisse être jugé le plus rapidement possible. Dans la foulée, il faut le radier du parti avant les élections présidentielles ".
Rien de très rassurant pour Doh Gwaniym III, le " soldat " du Rdpc pour la province du Nord Ouest. Pour l`instant, il continue de téléphoner. A Bamenda, A Yaoundé. A Douala. Dans tout le pays. Et même à l`étranger. Pour clamer son innocence.


par Thierry Ngogang Mutations




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