Créée en Novembre 2002, en vue de l'application de l'arrêt rendu le 10 octobre 2002 par la Cour internationale de justice de La Haye (Cij), dans le litige frontalier qui oppose les deux pays dans la presqu'île de Bakassi, la Commission mixte Cameroun-Nigéria tient, en ce moment, sa dernière rencontre, avant le transfert réciproque d'autorité sur la frontière terrestre, telle qu'elle a été reconnue par la Cij. Selon le calendrier des activités, cette opération aura lieu demain, 20 août 2004. Celle-ci sera suivie du retrait de l'administration civile, des militaires ou des agents de police camerounais et nigérians, des zones encore occupées jusqu'ici, de part et d'autre de la frontière. Si Ahmedou Ould-Abdallah, président de cette Commission et représentant du secrétaire général des Nations-unies, s'est félicité, hier à l'ouverture des travaux, du degré d'avancement du processus.
Il a par ailleurs invité les représentants des deux pays à "faire montre des qualités de bonne foi et de souplesse indispensables à la mise en oeuvre de l'arrêt de la Cij", qui vise le règlement définitif du litige frontalier qui oppose le Cameroun et le Nigéria depuis 1994. Le diplomate mauritanien s'est également voulu rassurant quant à l'aboutissement heureux, à l'échéance arrêtée par la Commission, du processus de rétrocession au Cameroun de la péninsule de Bakassi. Ce, malgré le retard accusé par le groupe de travail sur cette frontière, du fait des "difficultés techniques". Des écueils qui, selon lui, doivent "permettre de prendre du recul, de consolider les acquis afin de progresser désormais de manière irréversible et de respecter ainsi les engagements" pris, à la date butoir du 15 septembre 2004.
Normalisation
Dans le cadre de ces activités qui, selon Prince Bola Ajibola, chef de la délégation nigérianne, "ont permis aux deux pays de briser les barrières de communication et d'incompréhension", cette Commission mixte a déjà supervisé, le 13 juillet dernier, le transfert d'autorité dans les localités de Narki, Ndabakura et Bourha Wango, dans la région du Lac Tchad. En décembre 2003, ce sont 33 villages, situés sur un territoire querellé par les deux pays que le voisin nigérian rétrocédait au Cameroun. Toujours sous l'égide de la Commission, dont tous les membres son présents depuis dans la capitale camerounaise. Mais, nombre d'observateurs nationaux et internationaux avaient continué de considérer cette série d'opérations comme un simple frisson de normalisation des relations entre les deux Etats, après la tempête qu' avait entraîné le différend sur la péninsule de Bakassi. Un territoire long de 1700 kms, qui regorgerait d'énormes ressources pétrolières et halieutiques.
Même la décision prononcée le 10 octobre 2002 par la Cour internationale de justice de La Haye, après huit années de procédure judiciaire, n'avait pas réussi à décrisper l'atmosphère dans les deux camps. Les populations nigériannes, notamment celles vivant sur le territoire concerné par le différend, et quelques jusqu'auboutistes de la République fédérale du Nigéria, avaient fait savoir leurs intentions de ne pas se soumettre à la décision de la Cij. Cependant, les hautes autorités nigériannes, elles, enfourcheront le cheval de la paix, de la détente. Après l'explosion des relations entre les deux pays en 1994. C'est ainsi qu'une concertation au sommet aura lieu en janvier 2003, entre les présidents Biya du Cameroun et Obasanjo du Nigéria. Les deux hommes d'Etat se sont encore rencontrés du 28 au 29 juillet dernier à Yaoundé, au cours de la visite du président nigérian au Cameroun. Laquelle a certainement contribué, à sa manière, a balisé davantage le terrain de la Commission mixte, dont les résultats définitifs sont attendus au sortir de la concertation qui s'achève demain à yaoundé.
Source: Quotidien Mutations
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