Le quartier Banengo-ville A, à quelques encablures de l’agence de la Société anonyme des brasseries du Cameroun (Sabc), à Bafoussam, porte le deuil depuis le soir du lundi, 16 août dernier, date à laquelle le petit Serges Junior Tanekou a été électrocuté. Le décès de Serges Junior Tanekou, âgé de 26 mois, alimente encore toutes les conversations dans le coin, où des gens tentent difficilement d’expliquer ce qui s’est réellement passé. Et mettent finalement tout cela sur le compte du triste sort. Certes, tout le monde est unanime à reconnaître qu’il pleuvait abondamment sur la ville de Bafoussam, mais personne ne peut décrire avec exactitude la scène qui s’est déroulée peu avant 18h. Surtout qu’une tornade avait obligé les uns et les autres à s’abriter dans des maisons ou dans des lieux de commerce.
Tout ce que l’on sait, c’est que ce vent violent a emporté sur son chemin des rhizomes de bananier. Ou plus encore des toitures de maison, comme celle de la famille éprouvée. Serges Junior Tanekou y était, avec deux de ses frères.
Ils étaient sûrs d’être bien protégés, d’être à l’abri de tout désastre. Il pleuvait toujours. Peu après, le vent a changé de direction et a emporté la toiture de la maison : " Les tôles ont donc coupé un câble électrique", se souvient un gamin. Les frères du défunt, un peu plus âgés, ont vu le danger se profiler. Ils ont pris fuite, laissant derrière eux leur benjamin, plus frêle. L’humidité des lieux a fait en sorte que la décharge électrique se propage sans interruption. Entre-temps, les aînés de Junior sont allés annoncer la mauvaise nouvelle : " Le vent a arraché la toiture. Nous avons fui. Notre petit frère est resté ".
Les voisins se sont mobilisés aussitôt. Mais, les premiers secours ne changeront rien au destin de Junior. Trop tard. Ils se sont ravisés après s’être rendus compte qu’il s’agissait d’une électrocution. Prenant appui sur un objet en bois, un secouriste de fortune, à l’aide d’un crochet à manche long, agrippe le corps déjà raidi, et le retourne. Il le tire hors de la zone de danger et lorsque le bambin est ramené vers la route, on peut le voir de plus près. Les yeux sont boursouflés et la bouche, d’où perle de la salive, est entrouverte. Serges Junior Tanekou est passé de vie à trépas. Une jeune femme regrette que ce soit un enfant : "Qu’est-ce qu’il a fait pour mériter ça ? "Qui doit en répondre ? Pour l’instant, la brigade territoriale de gendarmerie de Bafoussam I a ouvert une enquête pour établir les responsabilités. En attendant, le requiem s’élève depuis lors dans la famille du disparu.
Source: Quotidien Mutations
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