De part et d’autre des deux rives du fleuve Mungo, ce jeudi 29 juillet 2004, aux environs 12heures. Des files indiennes, presque interminables, d’individus se bousculent devant une dizaine de pirogues. Certaines de ces embarcations sont aux couleurs de la marine marchande et de la police. Elles sont mises à contribution pour assurer la traversée du fleuve depuis la destruction accidentelle du pont survenue le 2 juillet dernier. Ceux qui se bousculent devant ces embarcations de la police et de la marine nationale cherchent la sécurité, parce qu’on y distribue des gilets de sauvetage. Au cas où… Bien plus, la traversée par ces pirogues est "gratuite". Non loin de ces pirogues, d’autres, appartenant à quelques particuliers, encore appelés "sableurs", pilotées avec des pagaies et moins sécurisantes, assurent la traversée contre 300francs Cfa, par personne.
Alors que tout le monde attend, un jeune homme vêtu d’un gilet de couleur rose semblable à celui porté par les usagers, s’avance soudain et demande une somme de 200francs Cfa, pour la traversée avec les pirogues de la police. "C’est quoi ça ? donc on paie aussi pour traverser avec vos pirogues ?", s’indigne un usager " ça se passe comme ça ici" réplique le chargeur. Après avoir rançonné les frais de traversée, qui normalement ne sont pas exigibles quand le voyage est assuré par les pirogues de la police, il fait ensuite monter par groupe de deux personnes, les usagers dans les pirogues. Interrogé sur cette attitude, les policiers et militaires, présents au bord du fleuve, affirment ne pas être au courant de ce racket. Ces derniers renvoient simplement vers les chargeurs. Même le capitaine en charge de la direction de ces éléments avoue ne pas être informé de ces pratiques.
Cet état des choses est incompréhensible dans la mesure ou depuis l’écroulement du pont, les pouvoirs publics, par l’entremise de l’Etat, ont mis sur pied des mesures d’urgence pour venir en aide aux usagers en assurant la traversée. Pour ce faire, une dizaine de pirogues appartenant à la police ont été mises à la disposition des usagers sur les rives du Mungo. Mais chose curieuse, ces pirogues comme celles des particuliers sont payantes. En fait, selon le jeune Thomas, propriétaire de trois pirogues, plus connu sous le nom de "sous-préfet": "A la fin de la journée, quand on finit de compter la recette, on doit garder la part des autorités de Buéa" Il ne cite pas nommément ces autorités, mais son attitude donne l’impression qu’il est las de se faire harceler par ceux qu’il appelle les "autorités de Buéa". A 14heures, toutes les pirogues de la police arrêtent le travail et se garent. Après cette heure, elles ne peuvent reprendre du service que si une autorité est annoncée, affirme le sous-officier Emlama Benjamin du bataillon de Tiko.
Par Mutations
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