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L'opposition sans candidat unique???
(27/07/2004)
L`absence d`un candidat, à trois mois du scrutin présidentiel, ne laisse pas de susciter des interrogations sur les desseins réels de ce regroupement de partis politiques. Et si l'opposition jouait le jeu du pouvoir?
Par Redaction

L`absence d`un candidat, à trois mois du scrutin présidentiel, ne laisse pas de susciter des interrogations sur les desseins réels de ce regroupement de partis politiques.

Depuis quelques semaines, des inquiétudes sérieuses planent sur le retard pris par la Coalition pour la désignation de son futur candidat à l’élection présidentielle.
Des questions soulevées ici ou là indiquent quelques problèmes dans cette machine lourde qui rassemble les grandes pointures d’une opposition tenaillée par sa volonté affichée d’obtenir l’alternance à tout prix.
Deux camps se distinguent dans l’évaluation de la situation de la Coalition à moins de trois mois de cette échéance capitale que sera la prochaine élection présidentielle.
Un scrutin que le président Biya veut absolument “ clean ”, propre et sans contestation de la part de ses adversaires les plus acharnés. Tandis que l’Onel multiplie les professions de foi sur sa volonté d’assurer la transparence au prochain scrutin, les leaders de la Coalition ont abdiqué sur la revendication de la Ceni au profit de celle de l’informatisation des listes électorales.

Pendant ce temps, des fuites indiquent une lutte de plus en plus féroce entre les leaders pour se neutraliser.
Tous veulent porter les couleurs de la Coalition lors de la prochaine élection présidentielle. D’abord les leaders des petits partis, au motif que le président de la période transitoire de trois années qui suivra le scrutin d’octobre, ne pourra pas se présenter lors de l’élection présidentielle qui suivra.
Alors pourquoi ne pas céder le bâton de candidat unique de la Coalition à un Sanda Oumarou de l’Alliance pour le redressement national (Arn), un nom qui revient avec de plus en plus d’insistance, ou alors, un Marcel Yondo, président du Mouvement pour la liberté et la démocratie du Cameroun (Mldc).
Des noms circulent dans les partis de l’opposition composant cette alliance, mais le hic réside dans l’ambition propre de ses poids lourds. D’une part, un Adamou Ndam Njoya qui revendique son expérience ministérielle et un certain rayonnement sur la scène internationale. Il dirige la seconde force de la Coalition. De plus, ceux qui le soutiennent voient en sa qualité de francophone un atout pour dompter une puissance tutélaire qui veille toujours au grain : la France.

Mais le Chairman du Sdf est tenté de reprendre son bâton de pèlerin et de remporter le succès de 1992, malgré les réticences de ses collègues de la Coalition et de quelques-uns des dirigeants de son parti.
Ses partisans trouvent tout à fait normal que le premier pourvoyeur de troupes de la Coalition, le Sdf, soit également celui qui dirigera la compétition électorale. Son président serait de droit la seule personnalité légitime autorisée à se présenter au nom de son parti, “sinon, les camarades ne comprendraient pas qu’ils soient obligés de travailler pour quelqu’un d’autre”. `On l’a compris, le Sdf ne veut pas servir de porteur d’eau à d’autres leaders et potentiels candidats de la Coalition.
Pour tenter une sortie de “ crise ” pacifique, certains cadres de la Coalition envisagent de proposer un pacte qui lierait le candidat de la Coalition.

Chantage. Il s’agirait de sortir de la vision personnalisée du pouvoir présidentiel en tentant de présenter à l’opinion une conception collégiale du pouvoir qui mettrait le peuple à l’abri des dérives monarchistes de la présidence de la République auxquelles le pays a toujours été en butte après plus de quarante années d’indépendance.
Ils imaginent notamment que le candidat à la présidence soit présenté dans un “ ticket ” à l’américaine, en même temps que son Premier ministre et, éventuellement, un secrétaire général à la présidence de la République pour les trois années de transition. Et pourquoi pas, un président de l’assemblée constituante qui sera mise sur pied au lendemain de la dissolution de l’assemblée nationale en cas de victoire, conformément à la plate-forme.
L’objectif est de constituer dès maintenant un “ Shadow cabinet ” dans la pure tradition britannique et anglo-saxonne en général, du sommet à la base qui prendrait les choses en main dès le lendemain de la victoire. Cela éviterait aussi une polarisation trop forte sur la seule personne du président de la République. En clair, ce serait une invite à une culture de partage du pouvoir rare, une perspective sous nos horizons.

La Coalition se chargerait de la répartition du pouvoir entre tous les membres de l’équipe gouvernante. Sauf que nous sommes à quelque deux mois seulement de l’élection et on admet aujourd’hui à la Coalition que l’on ne s’opposera pas à un report de l’élection présidentielle, même si l’on se refusera à le demander.

Pendant ce temps, au sein du Sdf, les choses bougent. On parle avec de plus en plus d’insistance d’un congrès extraordinaire pour désigner le candidat du parti. C’est dans cette perspective probable qu’un député a cru bon de radier de la direction locale du parti dans l’Adamaoua, tous ceux qui pourraient pencher vers une candidature hors du parti notamment celle de Sanda Oumarou, un enfant du cru. Les organismes dissous ont été remplacés par des comités de gestion, une nouveauté inconnue des statuts du Sdf.
De ces retards accumulés, le pouvoir tire une satisfaction à peine voilée.

La Coalition a abandonné en chemin la revendication de la Ceni (Commission électorale nationale et indépendante) qui aurait pu ternir la campagne du candidat naturel du Rdpc. Les tractations souterraines pour neutraliser la Coalition sont multiples et le pouvoir a beau jeu de tirer les ficelles dans l’ombre.
La fragilité de l’unité de la Coalition s’est manifestée avec éclat lors des élections partielles de juin, où les différentes formations se sont comportées comme si elles n’appartenaient pas à un même front.

Quand on sait que la Coalition va souffrir plus tard du manque de moyens pour faire pièce à la machine du Rdpc lorsqu’elle se mettra en branle en entraînant toute l’administration dans son sillage et en confisquant, comme toujours, les fonds du Trésor public. On se demande si la Coalition ne devait pas abattre ses cartes plus tôt pour faire mieux entendre son discours. L’assèchement drastique des caisses de l’Etat ne laisse planer aucun doute sur la destination des fonds. Les paiements de l’Etat sont gelés, et l’on parle d’année budgétaire “ blanche ” pour 2004..

C’est l’opposition qui est en train de garantir à Paul Biya aujourd’hui, une élection paisible en mettant tout en œuvre pour que le candidat connu ne puisse que légitimer son élection, tant il aura pris du retard pour se faire connaître des populations et pour développer une propagande qui aurait pu le gêner.
Aucun parti politique, aucune alliance politique et aucun candidat ne sont aujourd’hui en situation de capitaliser les luttes sociales survenues tout au long des deux dernières années. Comme si les leaders politiques voulaient développer une stratégie autonome, couper des mouvements de revendication qui stigmatisent pourtant et avec quelle force? les failles du régime du Rdpc.

Les responsables de la Coalition ont été domptés par le chantage de la participation aux institutions qui leur interdit désormais d’élever le ton et les confine à des négociations avec des chefs de terre et se refuse à une radicalisation que “ l’opinion ne comprendrait pas ”. Sans argent, sans candidat visible et charismatique, sourd à la contestation sociale, l’opposition serait-elle en train de préparer les Camerounais à un sacre du président de la République sortant, la légitimité en prime ?

par Henriette Ekwe La nouvelle expression



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