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Le « bizgo » est-il un moyen de réussite en occident ?
(27/11/2005)
Le « bizgo » est-il un moyen de réussite en occident ?
Par L.M
En occident, tout du moins en France, depuis la fin des années 90, on a vu se développer à vitesse grand V la pratique des jeunes pour les business en tout genre. Il n’est plus rare de voir un jeune de 17, 18 ans, vous proposer des téléphones à vendre par exemple, ou autre chose. Question : le business est-il un moyen de réussite ? Et les études dans tout cela ?


Une richesse rapide...et éphémère

Un formidable phénomène (fléau ?) a touché la jeunesse camerounaise, et depuis, il semblerait que tout le monde soit un petit commerçant à sa manière. Si vous vous êtes rendus en France il y a par exemple 2 ou 3 ans, vous avez dû vous rendre compte qu’une très grande partie des camerounais s’était transformée en vendeuse de téléphones. Certaines petites failles des grands magasins vendeurs de ces produits ont rapidement été exploitées et ont permis aux « businessmen » de développer un véritable réseau de manière évidemment pas très légale. En Allemagne également, il semble que beaucoup aient trouvé des méthodes rapides et efficaces, bien que très loin de la légalité, d’obtenir de l’argent en développant un business de voitures très efficace.

Cela a clairement permis à beaucoup d’engranger de l’argent de manière rapide et facile, et peut-être de mener une vie normalement au-dessus de leur niveau réel. Résultat, il n’était plus rare de voire des jeunes de tout âge rouler dans de grosses voitures, dépenser des sommes faramineuses en boîte et de vivre une vie de luxe qui n’aurait jamais été pensable en envisageant des manières plus classiques de gagner des sous.

Quelles sont les causes de ce phénomène qui a attiré une infinité de personnes dans ses bras ?
Il faut dire que la vie d’un jeune camerounais à l’étranger n’est pas toujours facile. Aux problèmes courants des papiers, qui sont souvent très restreignants, s’ajoutent régulièrement les problèmes financiers. Bien souvent, la situation des parents restés au pays ne permet pas d’aider régulièrement. En effet, la crise économique des années 90, accentuée par la dévaluation du franc CFA qui a touché le Cameroun a considérablement diminué les possibilités de transferts de fonds des parents. L'état français, imposant de plus des minima vitaux mensuels de 300 € à l'époque, il fallait donc pour ces jeunes trouver des solutions. Et le coût très élevé de la vie rend très compliqué le quotidien d’un jeune camerounais. Il faut payer le loyer, les consommations d'électricité, les factures de téléphone (il faut bien pouvoir joindre et être joint par les parents), les assurances dont la sécurité sociale, payer de quoi se nourrir, la scolarité, etc... Alors avec tout cela, il est clair qu’il devient très tentant, souvent même obligatoire, de passer par des moyens très rapides d’obtenir de l’argent, car les parents ne peuvent pas assumer toutes ces charges colossales sachant que bien souvent, les familles sont très nombreuses au Cameroun.

La prison souvent au rendez-vous...

Pour beaucoup, la prison a été au rendez-vous
Pour beaucoup, la prison a été au rendez-vous
Mais le problème à soulever, est que cette facilité a fait perdre la pédale à toute une génération. Il est clair qu’on peut comprendre que des fois, on peut penser à passer par là pour combler un gros problème financier. Malheureusement, l’appât du gain a fait perdre de vue à beaucoup les véritables objectifs qu’ils devraient avoir en tête. Au commencement de cette déferlante de businessmen, les choses se faisaient plus par nécessité. Mais quelques années plus tard, une deuxième vague d'arrivants est venue avec un tout nouvel esprit: faire de l'argent très vite, et à tout prix. Une grande partie n'étant pas forcément dans le besoin et ne cherchant juste qu'à "briller" auprès des autres. Résultat, les jeunes se sont exposés aux foudres de la loi, et pour beaucoup qui avaient les yeux plus gros que le ventre, la prison a souvent été au rendez-vous.

Comme le dit la bible, on ne peut servir deux dieux à la fois. C’est pourquoi beaucoup ont délaissé les études ou ont pris énormément de retard, parce qu’ils ont consacré beaucoup de temps à chercher comment gagner des sous de façon illégale. Si les parents ont envoyé les enfants à l’étranger, c’est bien souvent pour qu’ils se créent une situation stable, et pour qu’ils puissent rentrer et faire un retour de bâton ensuite. Les business (si besoin est) devraient servir à alléger les charges financières, et à financer les études.

Mais lorsque vous essayez de vous demander où va l’argent gagné, vous vous rendez compte qu’il est souvent dépensé futilement et aussi rapidement qu’il a été gagné. On veut vivre au-dessus de ses moyens, s’acheter des produits ou vêtements de luxe, rouler en grosse voiture ou alors gaspiller des sommes colossales en boîte de nuit. Le pire, c'est que pour les occidentaux, lorsqu'on va au pays pour les vacances, on leur fait miroiter l'illusion d'une vie de rêve mais au fond très éphémère. Tout cela avant même d’avoir réussi à se créer une situation stable dans la vie.

Pire encore, et c’est quelque chose que nos parents n’avaient jamais rêvé pour nous, à une bonne partie, la prison a ouvert ses portes. Etant donné que la plupart de ces business se passent à la limite ou en dehors de la légalité, beaucoup de nos compatriotes se sont retrouvés en prison, et souvent à moins de 25 ans. Dans beaucoup de milieux camerounais, la prison qui était tabou il n’y a pas si longtemps, est même devenu un sujet banal. Qui n’a pas un ami ou une connaissance qui est allé en prison ? Quelle pensée pour les pauvres parents qui souvent, ont économisé leurs derniers sous pour investir sur leur enfant ? Que pourra-t-on leur expliquer ?

Les lois qui commencent à se durcir en France par les actions de Sarkozy, ministre de l’intérieur, ont créé un petit ralentissement dans ce pays. Probablement pour le bien de cette jeunesse camerounaise, qui peut-être sera capable de se replacer dans ses objectifs initiaux et de reprendre le droit chemin. Le Cameroun a besoin d’une jeunesse intellectuelle, intelligente et brillante. Pas d’une jeunesse tricheuse et avide. En remettant un peu de conscience et de morale dans nos affaires, peut-être retrouverons nous le chemin du succès et la vertu de nos parents.





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