Nos avions ne volent plus. D’abord, nous n’en avons pas un seul. Vous avez crashé le Combi 747, le seul appareil qui nous restait. C’est Ahidjo qui l’avait acheté, avec notre argent. Vous-vous êtes contenté de le revendre aux assureurs de la Lloyds. Vous en avez gagne trente milliards. Et même un peu plus. Ces trente milliards ont été virés en trois tranches dans les comptes Camair de la banque de votre père.
Au lieu de les utiliser pour renouveler l’équipement d’exploitation, vous les avez dilapidés. Pour vous enrichir, vous. Et la banque de votre père. A aucun moment, vous n’avez songé à remplacer l’avion pour lequel vous avez perçu de l’argent. Vous-vous êtes contenté de faire le beau gosse, à inviter des journalistes et des employés interlopes pour des virées internationales aux frais du contribuable camerounais. Trente milliards peuvent acheter deux Boeing 737-200 (les mêmes modèles que Dakayi Kamga doit louer aujourd’hui aux Sud-Africains). Vous-vous êtes enrichi, vous avez coulé la Camair. Jusque là un objet de fierté nationale.
Autant que vous le sachiez, les trente milliards du Combi ne sont pas l’argent de votre père. C’est l’argent de tous les Camerounais. Vous devrez les rembourser. Vous allez les rembourser. Il est question aujourd’hui de renflouer la Camair à hauteur de dix-sept ou vingt milliards. Trop peu par rapport au trou que vous avez creusé. Si, par extraordinaire, Paul Biya décidait de les allonger à Dakayi Kamga, ce sera l’argent des Camerounais, tous les demeurés que l’on traque au quartier avec l’arme de l’impôt libératoire, alors que vous jouez au milliardaire, avec votre argent.
Quelqu’un écrivait encore, il n’y a pas longtemps, que Yves Michel Fotso, accidentellement commis administrateur directeur général de la Camair avait tout son avenir devant lui: en prison. Le moment est arrivé d’instruire le procès d’un brigand en col blanc, armé d’une “cuillère en or”, qui a servi au Cameroun le plus grand scandale financier de ces vingt dernières années.
Passe encore que l’on vole et pille pour se faire de petites fortunes, mais l’honneur d’un Etat, et donc, d’un peuple, n’a pas de prix.
A cause de Michel Fotso, le Cameroun vient de vivre la plus grosse humiliation qui puisse être infligée à un Etat qui se veut digne. Des passagers embarquent dans un vol régulier de la Cameroon Airlines, un Boeing 767-300 ER, baptisé le Dja, avec pour marraine une certaine Chantal Biya, Première Dame. Le décollage est annoncé, mais l’avion ne sera jamais autorisé à prendre les airs. La raison: les amis américano-australiens de ANSETT sont venus bloquer au sol leur avion.
Chantal Biya doit être fière tout bien d’un gars qui dit être son protégé. Toute la différence entre Ahidjo et Biya. Le second n’a jamais rien acheté au bout de 22 ans au pouvoir. Le premier payait rubis sur ongle pour les symboles de la Nation: On ne dit pas encore que Paul Biya, après s’être servi vingt-deux ans du Pélican, n’a pas été capable de remplacer de manière honorable.
Le Cameroun a ses curiosités. La France dont nous tenons toutes nos prétentions d’intellos colonisés sert des exemples que nous nous interdisons de copier. Jean Marie Messier de Vivendi vient d’être mis en examen, gardé à vue, proprement au gnouf. Aux dernières nouvelles de l’actualité, c’est Jean Christophe Mitterrand qui se retrouve au frais pour une autre affaire de voyou d’Etat.
Les héros de l’impériale Elf, Le Floch Prigent, Alfred Sirven et Christine Denverjoincourt la pute de la République, y sont tous passés.
On en est donc à se demander pourquoi Yves Michel Fotso ne serait pas seulement entendu. Mounchipou Seidou, Titus Edzoa, Joseph Désiré Engo ont été mis en examen, jugés et condamnés. Le dernier a été "interpellé" pour une sombre histoire d’émission de chèque sans provision, six cent mille francs à peine...
source: Aurore Plus, Michel Michaut MOUSSALA
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