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Le cas de Gervais Mendo Ze à la CRTV
(15/06/2004)
Les déviances de Gervais Mendo Zé . Panorama non exhaustif des frasques du directeur général de la Crtv.
Par Rédaction

Savez-vous qui est Marc Tessier? Pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas ce monsieur, sachez qu'il est, depuis le 2 juin 1999, le patron du groupe France Télévision qui regroupe, excusez du peu, les chaînes de télévision publiques: France 2, France 3 et France 5 qui totalisent à elles trois 42 % des parts du marché de l'audiovisuel français.

Une seule fois cet homme que l’on peut légitimement considérer comme étant l'un des plus puissants du paysage audiovisuel français, a fait parler de lui. C’était en septembre 2001, lorsque, publiant une tribune dans le quotidien Libération, il a avoué officiellement son homosexualité.

Depuis lors, plus rien, ou presque. Une chose est à peu près sûre. Les millions de téléspectateurs qui regardent quotidiennement les chaînes du groupe qu'il dirige seraient bien incapables de mettre un visage sous le nom de ce grand patron qui s'est fixé actuellement comme objectif de mener à bien le très ambitieux projet de Cnn à la française.

Au Cameroun, le professeur Gervais Mendo Zé trône à la tête des médias audiovisuels d'Etat depuis 1988. En 16 ans de règne et au fil des années, il a progressivement marqué de son empreinte indélébile les us et coutumes de la tour de Mballa II. Gervais Mendo Zé n'est pas Marc Tessier. Autant l'un est discret, autant l'autre est truculent.

L'intrusion du professeur Mendo Zé dans les programmes de la Crtv s'est déroulée par étapes. Elle a débuté par les messes interconfessionnelles retransmises en direct. Elle s'est poursuivie par la mise en valeur systématique de toutes les productions ou mises en scène qu'il avait signées. Le processus d'envahissement de l'antenne était ainsi lancé sans que personne ne doute de rien.

"Homme de foi", Gervais Mendo Ze va jouer à fond la carte de la religiosité. A la veille des fêtes religieuses et même pendant, il se fait recevoir par les journalistes-vedettes de la maison. Pour parler de Dieu. Et de Marie que les événements de N'Simalen lui inspirent. Il devient maître dans une science que les Camerounais découvrent: la "Mariologie". Le clergé s'en offusque. Il n'en a cure. Les émissions se multiplient sur le même thème. Le Dg de la Crtv est à l'écran. Il a pris goût. Il est désormais impossible de l'en extraire.




C'est déjà l'époque où, pour les grands événements retransmis en direct, le générique de la Crtv grossi. Du fait d'une nouvelle recrue. Gervais Mendo Ze ne se contente plus de faire remarquer que certains programmes sont une émanation de ses "idées originales". Trop sporadiques. Il devient "superviseur général " de tout. Même de ce qui a été inspiré en son absence.

Progressivement, tous les génériques portent la mention "Supervision générale". Malheur aux collaborateurs qui oublient de le mentionner ou de le rappeler à l'antenne. Dans la foulée, les droits d’auteurs suivent. C'est la consécration de l'omnipotence.

La " télé de papa " est née. Après avoir vassalisé tous ses collaborateurs, le patron de la Crtv a réussi aussi à faire passer l'idée que la télévision d'Etat est sa propriété. Il le rappelle à chaque occasion d'ailleurs. Comme ce jour où il décide de lancer l'émission Déviances (puis plus tard "Thermomètre").



Terrorisme audiovisuel

"Vous passez n'importe quoi dans ma télé", lance-t-il à l'époque à quelques collaborateurs aux ordres. Parmi lesquels, plus tard, il va choisir pour l'accueillir sur un plateau spécialement aménagé pour son confort. Où il parle de la musique camerounaise face à laquelle il se découvre, soudain, des talents de psychanalyste. Il accuse à tout vent.

Fustige K-Tino et ses collègues chanteurs de Bikutsi coupables de faire dans leurs chansons l’apologie du sexe. En face, il n'y a évidemment personne pour la réplique. Pour lui rappeler que sa chorale, "La Voix du Cénacle", qu'il a créée entre temps inonde la télévision d'airs qui ne sont pas toujours au goût de tout le monde.

Gervais Mendo Ze n'en a cure. Il continue de créer des hymnes à la gloire de grands événements (arrivée du pape Jean Paul II, sommets de l'Oua et France-Afrique, etc). Les très hautes personnalités ne sont pas oubliées. "Mbamba Esae", en l'honneur de Paul Biya, son épouse et ses enfants. "Mbolâni", pour Teodoro Obiang Nguema, son épouse Constancia et ... Paul Biya.

A ce propos, la visite en Guinée Equatoriale est un véritable triomphe populaire et médiatique. Le personnel et le matériel de la Crtv sont réquisitionnés. Un avion aussi. A Malabo et Bata, le professeur est personnellement sur scène. Le parterre d’invités est impressionnant. Tout le monde danse. Lui en premier. Au quotidien, le professeur fait preuve d'une prodigalité sans commune mesure. Tant qu'ils sont bien en cours, collaborateurs et autres courtisans sont inondés de largesses.

Ils lui tiennent compagnie tard le soir à domicile et font partie de ses suites lorsqu’il se rend dans ses nombreux et onéreux séjours à l’étranger (voir affaire Digicom) prélevés sur l’argent du contribuable.



Télévision de papa


Une scène devenue banale marque les esprits. Nous sommes au milieu de l'année dernière à la maison de la radio. Le professeur y achève une visite surprise. Sur le perron, les principaux responsables, des journalistes et quelques techniciens de ce média d'Etat se pressent autour de son véhicule.

Dans le rôle de chef de cabinet, le “journaliste” Joseph Clément Omgba seconde son patron. Gervais Mendo Zé se tourne vers ses collaborateurs: "Qu'est ce que vous voulez", demande-t-il avec le sourire. "Patron, il est si rare de vous voir ici", rétorque ses interlocuteurs. "Je sais ce que vous voulez", continue-t-il en sortant une liasse d'argent de sa veste. Leur responsable parti, les principaux "récipiendaires" bloquent la porte centrale afin que personne ne vienne perturber les présents.

La liste est rapidement dressée et l'argent distribué en fonction du grade hiérarchique. Tout le monde est content. Enfin! Presque. En coulisses la grogne est générale. Les nominations sont fantaisistes. Losqu’il existe, le matériel de travail est dépassé. Tant pis ! A l’instar des dizaines de cadres de la maison qui, dégoûtés, ont choisi le chemin de l’exil, ceux qui ne sont pas contents n’ont qu’à partir.

Le directeur général est sur d'autres champs d'expérimentation. Désormais, il se déploie en même temps que ses "généraux" sur les grands théâtres d'opération. Notamment ceux qui concernent la présidence de la République. Il joue tous les rôles, conseiller en chef des journalistes et techniciens, preneur de son et même réalisateur.

Il n'hésite pas à s'inviter sur les plateaux pour apporter son éclairage. Bien entendu, cet activisme n'est pas sans conséquences sur le travail de ses collaborateurs. Par exemple, le mercredi 9 juin dernier, à l'aéroport de Yaoundé N'Simalen, après avoir tenté sans succès d'interviewer le président Biya, c'est encore lui qui empêche, par sa présence, son propre cameraman, Samuel Bognis, de trouver le bon angle pour capter la bonne image du chef de l'Etat qui accorde une interview exclusive à la Crtv.

Deux jours plus tard, à Kribi, après avoir "cornaqué" le travail de son équipe, à la surprise totale des vrais membres du protocole, il s'auto-confie le rôle de membre du protocole d'Etat en guidant les pas des chefs d'Etat invités. Malheureusement pour lui, à force de trop en faire, il finit par devenir ridicule. C’est littéralement en pyjama qu’il avait déboulé sur le plateau du journal télévisé, à la recherche de Jean Lambert Nang qui venait de semer la panique à propos de l’affaire du retrait des points aux Lions indomptables par la Fifa.



Paul Biya


C'est un de ses anciens collaborateurs, aujourd'hui en poste dans un organisme international à l'étranger, à qui on demandait ce qui avait à son avis changé dans le mode de gouvernement du chef de l'Etat entre les années 90 et 2000, qui a donné la juste mesure de ce qu'est devenue la Crtv sous Gervais Mendo Zé.

"Un jour, alors que je m'apprêtais à présenter le journal au début des années 90, j'ai été appelé de toutes urgences et avec insistance par le directeur général Gervais Mendo Zé. Arrivé dans son bureau, c'est en tremblant qu'il m'a avoué que le chef de l'Etat venait de l'appeler pour lui dire qu'il ne souhaitait plus jamais voir son image apparaître à la télé.

En effet, pour la seule édition du journal qui devait passer ce soir-là, ce dernier apparaissait au moins dans trois éléments, que nous avons aussitôt effacés. Dix ans plus tard, lorsque je reviens au Cameroun, je me rends compte que le directeur général de la Crtv se retrouve dans presque toutes les émissions télévisées".

source: Quotidienmutations, Thierry Ngogang


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