Ils sont une vingtaine. Ils viennent de Normandie en France. Ils sont entrepreneurs et se trouvent au Cameroun depuis dimanche dernier. La délégation d’entreprises normandes qui séjourne à Douala a donné une conférence de presse lundi à la chambre de Commerce. Conduite par la chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Rouen, la mission vient nouer ou renforcer des partenariats avec les entreprises camerounaises et explorer les perspectives en matière de sous-traitance industrielle.
Le nombre important d’entrepreneurs ayant fait le déplacement prouve bien que ces derniers ont suffisamment été sensibilisés aux perspectives offertes par le Cameroun. C’est ce qu'Alain Patrizio, chef de la délégation française, a laissé entendre en déclarant que " les conditions paraissent plus que jamais réunies ".
En décembre dernier, des entrepreneurs camerounais avaient séjourné à Rouen et au cours du mois d’avril dernier, des journées d’information sur le Cameroun y ont été organisées par le ministère du Développement industriel et commercial. Bien plus, la CCI de Rouen et la chambre de Commerce, d’Industrie, des Mines et de l’Artisanat du Cameroun (CCIMA) développent depuis un an un programme dit de " compagnonnage industriel " avec l’appui de l’Union européenne (UE) et du ministère des Affaires étrangères français. Le compagnonnage vise " au renforcement et au transfert technologique entre les entreprises françaises et camerounaises dans le but d’augmenter le potentiel de ces dernières en matière de sous-traitance industrielle ".
Concrètement, un entrepreneur français rend visite à une entreprise camerounaise, dans la même filière que la sienne. Il y dresse un état des lieux, identifie les perspectives de développement et monte, avec son homologue camerounais, un projet soumis au programme PROINVEST de l’UE pour financement.
Des deux côtés, l’on soutient qu’il ne s’agit pas de " se rencontrer pour se rencontrer ". Il est question d’établir des partenariats qui devraient s’inscrire dans la durée. Cette démarche volontariste est appelée à développer des valeurs ajoutées au Cameroun mais chacun devra y trouver son compte dans une logique de " gagnant-gagnant ".
Délégué provincial de la CCIMA pour le Littoral, Dooh Collins explique que " l’on ne devrait plus simplement exporter du bois brut. Nous devrions rechercher les plus-values en exportant par exemple des portes manufacturées, des couvre-joints ou des parquets ". S’agira-t-il pour les entreprises françaises de commercialiser leurs produits chez nous ou de les faire fabriquer ici par des sociétés locales ? Pas de… réponse de Normand.
Les partenariats peuvent en effet prendre diverses formes mais le compagnonnage industriel prescrit le transfert des technologies vers le Sud.
La mission française est d’autant plus intéressante qu’elle vient de la région normande où le tissu de petites et moyennes entreprises (PME) est très diversifié. Si la Normandie a une vocation agro-alimentaire, son industrie et ses PME sous-traitantes présentent des complémentarités avec le tissu industriel camerounais. La Normandie, c’est également une plate-forme portuaire tournée vers l’Afrique avec les ports du Havre et de Rouen (jumelé avec le Port autonome de Douala).
Depuis vingt ans, la CCI de Rouen, elle-même, a mis sur pied l'IPAD, l’Institut de promotion des activités de développement, qui se consacre entre autres au développement des entreprises africaines et au partenariat avec les sociétés françaises et européennes. Mais il sera toujours un peu difficile d’évaluer les résultats des contacts noués à l’occasion de ces missions. Quand ça ne va pas, les entrepreneurs se plaignent. Quand ça va, c’est motus.
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