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Les 72 heures qui ont ébranlé le Cameroun
(07/06/2004)
Les rumeurs persistantes qui ont semé le doute dans le coeur des camerounais sur la mort de Paul Biya.
Par La Nouvelle Expression][
Vendredi 04 juin 2004 commence l’histoire de la “ mort ” du président Paul Biya. C’est précisément vers 10 h du matin que certains messages énigmatiques, par voie de fax, atterrissent au quai d’Orsay. Quelques minutes suffisent pour que le sérail de l’Etat français soit mis au parfum des problèmes de santé de Paul Biya.

Les journaux confidentiels de la capitale française s’interrogent, le même jour, sur la crédibilité de l’information venant de Genève, et faisant l’état d’abord d’un coma du président camerounais, et, par la suite, de son décès. Plusieurs agences de presse sont en quête de confirmation d’une information dont on doute quelque peu de la véracité.

De surcroît, elle ne saurait avoir le primat d’une actualité à 100% tournée vers le soixantième anniversaire du débarquement en normandie. Lorsque Paris s’apprête à recevoir Georges Bush, il n’y a que peu de place pour un événement africain. Logiquement, ce jour-là, les services presse de l’Elysée ont le cœur ailleurs et la préoccupation de la France est à la célébration du D-day, une commémoration qui retient toutes les attentions.

Lorsque Paris ferme les yeux ce vendredi, quelques pontes du sérail français ont des bribes d’informations sur le cas Biya. A un jour de la “ nuit la plus longue ”, celle de la communauté camerounaise de France et de Suisse, sera courte et agitée.




Tonnerre


Dans la nuit du 4 au 5 juin, dès 2 heures du matin, les téléphones sonnent. Chaque proche passe la confidence. Une heure plus tard, Paris est contaminé par la rumeur de la mort de Paul Biya dans une clinique genevoise. Sans plus. Personne ne connaît la suite et les détails de cette nouvelle qui se répand comme une traînée de poudre entre Paris et d’autres villes françaises.

Le sujet est inédit. New York, Washington, Montréal, Vancouver et tous les grands autres pôles attractifs de la communauté camerounaise aux Etats Unis et au Canada “ reçoivent le fax ”. Le téléphone arabe faisant le reste. Le Cameroun, avec quelques personnes seulement informées la veille, est saisi par des milliers de coups de fil nocturne. Une fois dans la rue, la rumeur a presque fait le tour du monde.

Seulement, des détails significatifs manquent au puzzle. Par exemple, aucune source précise et crédible n’est identifiée. On dit simplement que Biya est mort à Genève ou à Zurich. Quelques jours auparavant, un confrère de Douala s’était littéralement trompé en annonçant Biya à Londres. Erreur.

Les rumeurs convergeaient cependant vers la piste suisse, pays que Paul Biya avait regagné le 30 mai dernier, en deux vols: le pélican présidentiel pour le chef de l’Etat et son fils Junior, un vol régulier Swiss pour Chantal et Brenda. Direction, Genève.

D’où l’intérêt de la rumeur et tout son manteau vraisemblable. Sans être précis sur les circonstances de la “ mort ” du président, la rumeur, souvent déviante, s’accordait tout au moins sur le passage de vie à trépas de Paul Biya dans la confédération helvétique. La même nuit, selon nos sources, certains opposants d’Amérique et de Grande Bretagne ont jubilé, satisfaits d’une fin d’un règne défiant à quelques mois près, la longévité au pouvoir d’Ahmadou Ahidjo.

A Paris, Marseille et Lyon, des réactions manichéistes ont sous-tendu l’annonce du décès du président de la République. Entre pleurs et joies, chacun choisissait son camp et tous les coups de fil au petit matin de samedi étaient désormais interrogatifs. Biya est mort. Mais où et de quoi exactement ? Samedi 5 juin, la mort de Ronald Reagan éclipse quelque peu les 60 ans du D-day de 1944. l’histoire de Biya perd d’envergure.

Seuls les Camerounais cherchent toujours la bonne information sur le sort de leur chef de l’Etat. Alors que la diaspora camerounaise inonde le pays d’appels, nos premières investigations à la présidence de la République butent, comme de tradition, sur le silence du Cabinet civil. C’est plutôt une cargaison de paradoxes qui assombrit la quête de la vérité. René Owona et Léopold Ferdinand Oyono, deux compagnons tutélaires du prince, abonnés des brefs séjours du chef de l’Etat à l’Inter continental de Genève, sont curieusement à Yaoundé. Cette présence au pays ne permet pas d’avancer.

L’obligation de réserve. “ Le chef de l’Etat est en jambe. Sinon pourquoi continuerons-nous les préparatifs des sites de Kribi où, dans quelques jours, il doit personnellement recevoir plusieurs homologues en vue de l’inauguration du terminal du pipeline ? ” En mi journée de Samedi, entre mille coups de fil qui montent et descendent, le pays vit son effervescence. A Yaoundé, on murmure “ l’info ” partout. On confirme à gauche, on dément à droite, on change de fréquences sur les bandes locales comme internationales, rien n’y fait.


Usages


Au Cameroun, le soir du 3 juin, la Crtv accapare les téléspectateurs. Tout le monde attend le journal bilingue pour en savoir plus. Autant le journal, la Crtv passe une chanson sur Chantal Biya composée par le Pr. Gervais Mendo Ze. Biya passe sur ces images. Cela suffit pour égrener des commentaires.

Au lancement du Jt, on apprend que le président Paul Biya en Europe suit personnellement les travaux du chantier de Kribi où le pipeline doit être inauguré dans quelques jours. Lors du même Jt, les présentateurs annoncent que “ Ce jour, samedi, le président Paul Biya que l’on disait mort la veille a dépêché une délégation ministérielle dans le nord. Cette mission est conduite par Marafa Hamidou Yaya, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, et du secrétaire d’Etat à la Défense en charge de la gendarmerie, Remy Ze Meka… ”

Cette information avait pour but de servir à la fois de démenti sur la rumeur de la mort subite de Paul Biya à Genève. Un démenti discret s’il en est, l’information de la Crtv a suffit à jeter le doute dans les esprits. Nonobstant cet effort d’assurance de Mballa II, la nuit de samedi à dimanche n’a nullement freiné l’ardeur d’une rumeur persistante.

Des quatre coins du monde, on confirmait l’infirmation, bien que, à l’évidence, deux thèses se chevauchaient à profusion.

Une fois de plus, ces démentis isolés n’ont pu fragiliser des rumeurs ayant pratiquement fait le tour de la ville. Rien ne s’est évaporé des commentaires qui ont inondé la capitale, à l’instar de cette pluie qui a occupé la seconde partie de la nuit. Toutefois, les téléspectateurs attendaient les cérémonies de Normandie pour y voir clair.

Dimanche 6 juin, les gens du sérail se retrouvent, comme toujours, devant les parvis des églises. Démentis en cascade. Mais toujours le doute, malgré la rumeur qui vient quand même d’Europe, source jugée crédible par ces sceptiques. On craint une guerre civile si jamais l’info n’était pas une intox. Biya est pleuré par les uns, et un ouf de soulagement habite les autres. Entre temps, le mutisme de la présidence aura porté une responsabilité active dans la diffusion de cette rumeur pendant plus de 72 heures, le peuple étant obligé de balancer entre des assertions dichotomiques qui ont créée une psychose palpable dans les quartiers et les casernes.


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