Il est prévu ce jour à partir de 18h30, la programmation du film camerouno-nigerian "Peace offering" (Offre de paix, Ndlr) au Cinéma théâtre Abbia. Ce ne sera pas dans le cadre des Ecrans noirs du cinéma francophone qui démarrent samedi prochain, mais sous l’impulsion de l’équipe de production du film, Spalsh Network, qui souhaite ainsi faire connaître son travail au public camerounais, et donner à ce dernier, l’occasion d’y apporter quelques critiques susceptibles de leur permettre de mieux appréhender le travail abattu.
Cette fiction qui regroupe, sur une même scène, les acteurs camerounais et nigérians, est l’histoire de deux royaumes en guerre. Au moment où ils se préparent pour une autre guerre, le prince de l’un des royaumes décide de se lancer dans une mission d’espionnage. Malheureusement pour son peuple, et pour lui aussi, il tombe amoureux d’une fille de l’autre camp et décide de l’épouser. Ensemble, ils prêchent, chacun de son côté, la paix et la tolérance.
Une histoire tournée avec deux caméras amateurs, et dont on fait très vite le rapprochement avec le conflit frontalier entre le Cameroun et le Nigeria. Une leçon de tolérance qui met sur scène, les acteurs venus de ces deux pays, même si, le directeur de la production, Cyril Akonteh se refuse à de telles limites : "notre film est universel, il concerne tous les pays en guerre en ce moment", dit-il. Bien que déjà, la qualité des affiches dise clairement que le niveau n’est pas celui des grandes fictions américaines souvent projetées dans cette salle, la sortie de ce film vient quelque peu réconforter les cœurs des observateurs de la scène cinématographique nationale. Pour ces derniers, il ne s’agit pas de s’appesantir sur la qualité des réalisations qui, dans la plupart des cas, sont encore à leur plus bas niveau, mais déjà, il semble nécessaire d’encourager cette initiative. Celle-là même qui donnerait lieu à une production cinématographique plus dense et qui permettrait de mettre les populations à l’abri de ces productions venues du Nigéria voisin qui, au début des années 1992 a su s’imposer localement avant de traverser les frontières et conquérir un vaste public, autant francophone qu’anglophone dans la capitale, Yaoundé.
Stimulation
"Peace Offering", le tout premier "home télévision" camerounais, est tourné en Vhs, et se place ainsi sur le modèle des productions nigérianes. Celles-là qui, mettent en exergue les histoires vécues au Nigéria. Sorcellerie, corruption et autres agressions et conflits entre deux femmes pour la conquête d’un homme, constituent les éléments de base de ces fictions tant appréciées dans ce pays autant qu’au Cameroun. Et dont l’équipe de production ne se remue pas particulièrement les méninges pour sortir ce produit qui s’attire une bonne partie de cinéphiles. Les cinéphiles sont recrutés dans toutes les couches sociales. Les femmes demeurent tout de même les plus touchées par le phénomène, de même que les jeunes enfants et les adolescents. C’est le cas de Camille Zefack. Commerçant au marché de Melen, il se dit particulièrement "intéressé par ce type de productions. Même si, dans la plupart des cas, elles sont produites au Nigeria, les histoires qu’elles racontent nous touchent. Moi particulièrement, je suis intéressé par les leçons que donnent ces films. Après une projection, on garde toujours quelque chose en tête, on acquiert des principes de vie ".
La sortie de " Peace Offering ", intervient quelques mois après la tenue, au Centre culturel américain qui appuie par ailleurs le projet, d’un festival du film organisé par cette institution. Manifestation qui a réuni, pendant trois jours les cinéastes camerounais, américain et nigérians pour des "échanges culturels entre ces trois pays. " Un choix qui n’est pas innocent quand on sait que, pour la seule année 2000, le pays d’Obasanjo a officiellement sorti près de 650 productions. A ces assises, avaient pris part les membres de Splash Network (un groupe de jeunes acteurs camerounais basés à Buea et qui ont réalisé le film, Ndlr) portés sur une collaboration entre acteurs nigérians et camerounais dans ce domaine.
Finis donc les rêves de grandes fictions pouvant conduire à une renommée internationale, semblent dire ces jeunes réalisateurs qui avouent ne pas " dépenser grand-chose pour la sortie d’une fiction. Il ne faut pas rester là à attendre de gros financements pour sortir un film. Si nous avons 400 ou 500 mille francs Cfa, on tourne le film. C’est progressivement que l’on pourra prétendre attendre des financements. Pour le moment, il s’agit d’animer un créneau de notre culture qui est investit par les étrangers pour l’instant. " affirme John Dickson, jeune réalisateur. En attendant une véritable éclosion et maîtrise par les jeunes réalisateurs et acteurs locaux, l’activité continue de faire vivre la cinquantaine de vendeurs de cassettes et autres Dvd "made by nigerian directors" qui s’échangent respectivement à 50 et 200 Fcfa l’unité. Le deuxième volume de "Accross the border" (Au-delà des frontières, Ndlr) sous le bras, le jeune Alassane, 13 ans, la culotte et les sandales usées s’en va, le sourire aux lèvres, certain de découvrir les dernières aventures de la bande à Emeka partie chercher fortune en Afrique du Sud.
Source: Quotidien Mutations
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