Les chancelleries occidentales suivent avec beaucoup d’intérêt le débat sur la modification de la Constitution au Cameroun. Et leurs avis sur cette question sortent désormais des convenances diplomatiques pour s’étaler au grand jour. Confession de l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, dans son allocution à la faveur du Super Tuesday : “ J’attends avec un vif intérêt votre dialogue national sur la révision de la Constitution, qui interviendra dans les prochains mois ou les prochaines années… La position des États-Unis est claire. Comme je l’ai dit, nous reconnaissons le droit de chaque pays de réviser sa Constitution, mais selon notre expérience, la limitation du nombre de mandats et le changement périodique de dirigeant – au moins chaque décade – sont salutaires pour la démocratie. Nous condamnons régulièrement la modification de la limitation du nombre de mandats présidentiels dans d’autres pays, tel le cas du Nigeria, et déconseillons tout effort visant à réviser la Constitution lorsqu’une telle démarche pourrait être perçue comme étant destinée à servir les intérêts d’un individu ou d’un groupe ”.
Cet avis publiquement exprimé hier a déjà préalablement été répercuté à Paul Biya par son excellence Janet E. Garvey. En effet, à en croire l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, ce sujet a souvent été au menu de ses audiences au palais présidentiel d’Etoudi. Qu’en pense Paul Biya ? Difficile d’en avoir le cœur net. Une seule indiscrétion de Janet E. Garvey : la “ décision capitale comme celle concernant la révision d’une Constitution devrait être prise à travers un dialogue national dans lequel la voix de chaque parti politique, chaque organisation de la société civile ou d’affaires, des étudiants, des enseignants, des travailleurs, des journalistes – bref, chaque Camerounais, dans la mesure du possible – puisse être entendue sur une question d’une importance capitale. Le résultat d’un tel dialogue serait une décision acceptée et soutenue par tous, dans la paix et la fraternité ”. Cette approche méthodologique rappelle la querelle sémantique ayant encadré la préparation de la Constitution actuelle. Débat citoyen ? Large débat ? Grand débat ?
Vœux de l’ambassadeur des États-Unis
La perspective d’un agenda politique local chargé se déclinera aussi sur d’autres champs. “ Nous espérons voir le genre de démocratie d’inclusion et vivante que veulent et méritent si bien les Camerounais. Dans l’esprit d’une nuit électorale comme celle-ci, j’espère que 2008 verra la mise en place d’Elecam et les préparations en vue d’une élection véritablement libre et équitable en 2011 ”, affirme Janet E. Garvey.
Le diplomate américain formule par ailleurs des vœux au niveau de la gouvernance économique. “ J’espère que 2008 sera une année pendant laquelle le Cameroun continuera à jouer son rôle de leader régional et mondial. J’espère voir se poursuivre les progrès visant à améliorer l’économie. Des compagnies américaines veulent investir ici mais, comme beaucoup d’autres, les investisseurs américains estiment souvent que l’environnement des affaires est très difficile au Cameroun. Ceci ne devrait pas être le cas, et je souhaite travailler avec le gouvernement camerounais pour améliorer le climat des affaires au Cameroun. Il est temps que le Cameroun quitte le dernier rang des classements internationaux en matière de gouvernance et de corruption ”.
Belle sortie pour un début d’année. Rendez-vous en décembre prochain pour s’assurer que madame Janet E. Garvey n’avaient pas émis des vœux … pieux.
Source: Le Messager
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