Les câblo-opérateurs camerounais qui avaient décidé la semaine dernière de suspendre toute fourniture d’images sur l’étendue du territoire ont été priés d’attendre la fin de la CAN au Ghana. Rendez-vous leur a été donné par le ministre de la communication, Jean Pierre Biyiti le 19 février prochain, afin d’apporter des solutions appropriées à une activité qui évolue dans la clandestinité la plus totale. C’est clandestin, mais ça se passe au vu et au su de tout un chacun et des millions de consommateurs en profitent. On ne voit ce genre de choses que dans le triangle d’absurdités qu’est devenu le Cameroun. Essayons de comprendre cette affaire qui concerne tout de même tous les ménages camerounais arrosés par une multitude de câblo-opérateurs qui leur offrent une grande variété de chaînes de télévision. Quels sont les acteurs de ce mélodrame et quels rôles respectifs jouent-ils ?
Il y a d’abord l’Etat qui a pour devoir de réglementer l`activité de la câblodistribution au Cameroun. De ce point de vue, la loi, le décret, l’arrêté régulant le secteur existent bel et bien, mais trois fois hélas, les dispositions essentielles de ces textes ne sont pas appliquées, en dépit de l’agitation périodique des autorités, menaçant les opérateurs qui distribuent des images des chaînes de télévision sans l`accord préalable des propriétaire desdites chaînes.
Vous avez ensuite Multi Tv Afrique qui commercialise le bouquet Canal+horizons au Cameroun. Depuis six ans au moins, cette société se bat devant la justice camerounaise pour obtenir qu’elle interdise aux câblodiffuseurs de distribuer son signal sans en avoir acquis les droits. Les tribunaux lui ont mainte fois donné raison, d’où l’action entreprise la semaine dernière d`apposer les scellés sur les portes des câblodistributeurs indélicats et de saisir leur matériel de diffusion.
Le troisième acteur, c’est le groupe des câblo-opérateurs, dont le nombre était évalué il y a trois ans à quelque 600 structures à travers le pays pour près de 5.000 emplois. Ils piratent effectivement les images de Canal Horizons, parce qu’il leur est difficile de payer 13 000 F/mois pour un abonné auquel il faudrait facturer le service à 30 000 Fcfa pour absorber les frais annexes, un taux exorbitant pour le Camerounais moyen, en raison de son pouvoir d’achat. De plus il leur est difficile d’obtenir la licence d’exploitation, document exigé par Multi Tv pour leur signer un contrat, lequel contrat doit figurer dans le dossier de demande de licence. C’est ubuesque.
Enfin, le quatrième acteur, c’est vous, c’est l’abonné qui paie pour accéder aux images. Il doit savoir qu’il peut être poursuivi pour recel puisque 8 fois sur 10, il traite avec un pirate.
Cette bande des quatre, qui joue un jeu de dupes, est complice de la situation compliquée dans laquelle nous nous retrouvons. Trop laxiste, l’Etat a baissé les bras, là où il fallait donner un coup de pied dans la fourmilière. Multi TV Afrique est-elle en règle vis-à-vis de nos lois ? Qui l’a autorisé à vendre ses images au Cameroun, alors que le décret libéralisant l`audiovisuel interdit aux opérateurs étrangers de commercialiser directement leurs produits sans passer par des entreprises locales ? Quant aux câblodistributeurs, ils doivent être conscients qu’ils ne peuvent pas indéfiniment exercer leur activité en restant hors la loi. Enfin, les téléspectateurs doivent s’attendre à l’avenir à payer beaucoup, beaucoup plus cher que 6000 francs par mois leur abonnement. Au fond de vous même vous savez que l’ouverture sur le monde apportée dans votre salon sur un plateau vaut bien plus que cela. Pour continuer à vous étonner, la télévision, tant étrangère que nationale a besoin de vos sous.
Source: Cameroun Link
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