Qu’est qui fait que des projets voués à améliorer le bien-être des populations, du reste annoncés à cor et cri, tardent à se réaliser ? Comment se fait-il qu’un agent retraité qui a servi dans cette administration, soit obligé d’attendre deux ou trois ans, pour commencer à percevoir sa pension? Pourquoi nombre de comités et de commissions ne produisent-ils pas de résultats ? Autant de questions qui renvoient à l’inertie. Un phénomène que le chef de l’Etat dénonce avec constance, depuis plusieurs années, dans ses messages à la nation.
L’inertie. Une hydre à mille tentacules à laquelle se consacre le présent dossier. Nos reporters ont enquêté dans les ministères pour voir quels différents visages prend l’inertie, quels en sont les causes et les effets. Nous avons recueilli des témoignages d’usagers des services publics. Nous avons donné la parole à de hauts responsables en charge du management ou de la Réforme administrative.
Le temps ne compte pas
Les résultats de cette investigation montrent que l’inertie qui se réchauffe dans le foyer de la corruption, trouve ses fondements dans la double perception qu’on a chez nous de l’administration : D’abord, « le travail du ngovina ne finit pas, c’est l’homme qui finit ». Ensuite, « la chèvre broute là où elle est attachée ». Dans cette vision des choses, on n’a rien à produire, de plus, le poste est une rente et l’administration une vache à lait, ou une riche forêt dans laquelle, le fonctionnaire rentrant dans la préhistoire, vit de la chasse et de la cueillette, sans souci du lendemain.
En l’absence d’une obligation de résultats, l’utilisation des ressources humaines ou financières obéit davantage aux humeurs des chefs. Un haut responsable nouvellement nommé se croit, dans certains cas, dans le devoir de démolir l’œuvre de son prédécesseur et surtout de changer ses hommes. Car tout est personnalisé, les postes, les tâches, de même que le patrimoine de l’administration. Des hommes de l’ombre prolifèrent. Les décisions vitales sont prises par des réseaux parallèles.
Depuis dix ans qu’a été créé le Programme national de gouvernance, les administrations tardent à adopter les préceptes qu’il édicte pour se moderniser. A l’exemple de l’élaboration de cadres organiques permettrant de nommer aux postes de responsabilité les personnes au profil adéquat. Ou encore l’élaboration de manuels de procédures administratives. Tout au moins, l’introduction d’une planification annuelle, par le biais de feuilles de route, a-t-elle ouvert une clairière, dans la voie d’une méthode de gestion axée sur les résultats. Encore faut-il que les utilisateurs de cet outil soient formés à la planification et que les moyens suivent, pour une réalisation rationnelle d’activités prévues dans un chronogramme...
Source: Cameroon Tribune
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