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La marche des doctorants
(07/01/2008)
L'obtention du doctorat est l'aboutissement d'un processus long et souvent pénible.
Par Parfait Tabapsi

Un souvenir que n'a pas pu estomper dans sa mémoire son admission à l'agrégation il y a quelques semaines. Cette situation, selon ses propos, relève d'un mélange de facteurs liés à l'environnement des études dans nos universités. " Mon cas est un peu particulier, se défend-il. Il m'est arrivé de changer de sujet trois fois au cours de ma préparation. Ce n'est donc pas un problème que rencontrent tous les candidats. Surtout qu'à l'époque où je prenais mon inscription en 1990, nous ne disposions pas de fichier de thèse ".

Si ce premier cas semble un peu particulier, il demeure qu'ils sont très peu nombreux ceux qui soutiennent leur thèse au bout du temps imparti à savoir trois ans. " Cela est même impossible à l'heure actuelle. Multiples sont les raisons qui expliquent cette lenteur. Il y a d'abord que les étudiants ne sont pas outillés pour présenter un projet de thèse. C'est le premier frein. Cela parce qu'un ensemble de travaux dirigés prévus aux cycles précédents n'ont pas été donnés, et encore moins reçus. Résultat des courses, il arrive que les projets soient mal ficelés et doivent être recommencés ", explique un candidat.

Une autre raison réside aussi dans le manque d'argent, car " une recherche ça coûte. Pour nous les étudiants en sciences, les travaux de terrain et de laboratoire sont incontournables et sont à la charge du candidat qui n'a pas de bourse ", précise Paul Kenfack, doctorant au département des Sciences de la terre à l'université de Yaoundé I.

" Parfois, les candidats sont obligés de suspendre leurs travaux pour trouver un emploi qui leur permettrait de vivre et donc de continuer la recherche ", ajoute-il. Pour ce candidat inscrit en thèse depuis 2005, " les facteurs de lenteur sont indépendants de (notre) bonne volonté ". Le doctorant Falna Taubic, étudiant en sociologie à l'Université de Yaoundé I, va même plus loin : " Parlant de bourse, il y a ce qu'on appelle ici l'aide du ministère de l'Enseignement supérieur. Mais cela est insuffisant. J'ai par exemple reçu 150.000 Fcfa, mais au jour d'aujourd'hui, je suis à près de 6.000.000 de Fcfa de dépenses pour mes travaux que j'escompte soutenir en milieu de cette année. " Il ajoute dans la foulée : " prenez seulement les exemplaires de travaux qu'il faut déposer. Il en faut sept et chacun d'eux coûte 150.000 FCFA en moyenne. Faites vous-même le calcul ! "

Pesanteurs

A ce problème financier, il faut ajouter celui des relations entre les candidats et les directeurs de thèse. Pour Falna Taubic, " l'un des problèmes qui nous tracassent le plus est lié à la disponibilité des encadreurs qui sont très peu nombreux, souvent même inexistants dans certaines filières ". Alors, on se bouscule, surtout que les encadreurs ont une prime par thèse. Il nous est même revenu que certains encadreurs amassaient un maximum de candidats pour en obtenir le plus possible. Paul Kenfack enfonce le clou : " les encadreurs, s'ils ne sont pas avancés ne sont pas toujours prompts à aider les candidats, déversant du même coup sur eux leurs frustrations ".

Il évoque là le problème des avancements en grade.
Alain Simo, pour sa part, pense que " les difficultés liées à la lenteur relèvent des conditions mêmes de l'enseignant et de l'apprenant. Car dites-vous bien que si les encadreurs avaient une bonne situation, ils suivraient normalement les étudiants et tout irait très vite. " Ils sont dès lors tiraillés entre l'encadrement des doctorants et leurs autres obligations académiques. Tout cela dans un environnement où " l'enseignant n'est pas au centre des préoccupations des décideurs politiques".

Bien plus, certains étudiants sont souvent tiraillés entre la poursuite de leurs études et leur survie. Surtout que beaucoup s'inscrivent en doctorat étant relativement jeunes. Dès lors, ils " sont préoccupés par les concours pour rejoindre les grandes écoles. C'est même souvent leur priorité jusqu'à ce qu'ils atteignent la limite d'âge ".

L'autre pesanteur de taille n'est pas moins "l'absence où l'insuffisance de la documentation utile dans le travail de recherche, indique Falna Taubic. Car on ne fait pas la recherche dans les nuages. Il faut être au courant de ce qui a été fait avant vous, être au courant de ce qui est en train de se faire pour peaufiner ce que l'on est en train de faire soi-même, cela passe indubitablement par une documentation dense et qui soit à la disponibilité des étudiants. En définitive, c'est d'un manque de structures de recherches qu'il s'agit ". Certains candidats, pour contourner ces pesanteurs, font le choix d'émigrer. Ce qui " n'est souvent pas une mince affaire dans la mesure où les gouvernements étrangers sont de plus en plus pointilleux sur les conditions d'entrée dans leurs territoires " souligne Paul Kenfack.

Une fois cet ensemble de difficultés bravé, le candidat n'en est pas moins tiré d'affaire. A ce moment commence alors une autre phase qui est celle de la soutenance proprement dite. Se pose alors le problème de la programmation du candidat et du jury à réunir. Et les choses traînent très souvent. En effet, il suffit de rendre une visite chez un directeur de thèse pour voir des thèses rédigées et en attente de jury depuis deux, voire trois ans. " Le problème ne devrait en principe pas se poser, pense Alain Simo. Ceci dans la mesure où l'époque où les encadreurs et autres spécialistes nous venaient de l'étranger est derrière nous. Aujourd'hui, notre environnement académique, tout au moins pour certaines filières, est pourvu de chercheurs de talent qui ne demandent qu'à mettre leurs connaissances au service de l'évaluation des étudiants. " Toujours est-il que cette situation existe. Certains pensent qu'elle est liée " aux lenteurs administratives " que connaît notre administration en général et dont celle des universités n'est pas exempte.

Au bout du compte, les candidats reçus sont bien en peine de vous dire les moyens utilisés pour surmonter les difficultés, tant ils sont nombreux et aussi parce que " la fierté d'y être parvenu l'emporte sur le reste. Mais toujours est-il qu'il faut une bonne dose de courage et d'abnégations, qualités sans lesquelles rien n'est possible dans ce processus ", conseille un récent diplômé.


Source: Quotidien Mutations


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