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Pourquoi en Afrique subsaharienne, et au Cameroun, les femmes sont-elles plus infectées par le Vih
(18/12/2007)
Pourquoi en Afrique au sud du Sahara, et au Cameroun, les femmes sont-elles plus infectées par le Vih
Par Bellet-Edimo Chantal

Au cours de la semaine camerounaise de lutte contre le Sida, un responsable du Groupe technique provincial du Littoral, pour la Lutte contre le Sida a signalé que, sur les 13600 personnes dépistées dans la province entre janvier et octobre 2007, il y a eu 68% de séropositifs dont 70% de femmes. Cette information a été diffusée à longueur de journées sur les bandes Fm de la capitale économique. Afin d’éviter la stigmatisation par rapport aux femmes, que pourrait entraîner ce genre d’ information, nous expliquons ci-dessous pourquoi les femmes sont plus infectées que les hommes par le Vih (vulnérables au Vih) ; non seulement dans la Province du Littoral, mais également dans la plupart des provinces du pays, et dans toute l’Afrique au Sud du Sahara. Nous signalerons quelques pistes susceptibles de réduire cette vulnérabilité de la femme face au Vih.
Un certain nombre de raisons expliquent pourquoi les femmes sont plus infectées par le Vih que les hommes au Cameroun. Les raisons sont biologiques et anatomiques, économiques, culturelles, juridiques, et liées à l’insécurité.

1. Vulnérabilité liée à des raisons biologiques : le sperme est plus riche en Vih que les sécrétions vaginales de la femme
Nous savons qu’au cours d’un rapport sexuel sans condom entre un partenaire infecté et un partenaire sain, ce sont les liquides génitaux qui infectent le partenaire sain, à travers des lésions microscopiques que ce dernier aura eu au cours de ce rapport sexuel. Ces lésions sont dues au frottement des deux sexes, étant donné que le rapport sexuel nécessite beaucoup d’énergie.
Ainsi, si c’est l’homme qui est séropositif, son sperme contient le Vih. Ce sperme infecté par le Vih – pénètre l’organisme de la femme à travers les lésions qu’elle a au cours du rapport sexuel, et – la contamine. Il est entendu que la femme a plus de blessures que l’homme, du fait de la structure de son sexe ; celui-ci étant en forme de vase. De plus ce sexe présente une large surface où le perme infecté se répand largement et réussit à s’infiltrer malgré la toilette intime que la femme pourrait faire. Hormis le fait que le Vih est plus riche en Vih que les secrétions vaginales, il est prouvé scientifiquement qu’au cours d’un rapport sexuel, la personne pénétrée court davantage le risque d’être contaminé. Ceci explique pourquoi il arrive que les hommes infectent les femmes deux fois plus souvent que les femmes n’infectent les hommes.

Si c’est la femme qui est séropositive, ses secrétions vaginales contiennent le Vih. Ces liquides vaginaux infectés - par le Vih pénètrent l’organisme de l’homme à travers les lésions qu’il a au cours du rapport sexuel, et - le contaminent. Le Vih peut aussi pénétrer l’homme par le canal urinaire.

2. Vulnérabilité liée à des raisons anatomiques : les infections sexuellement transmissibles (Ist) sont souvent asymptomatiques chez la femme.
Les Ist multiplient par 10, le risque d’être contaminé par le Vih. Celles-ci se manifestent principalement sur les organes génitaux par des plaies, des boutons, des écoulements, des démangeaisons (on se gratte et on se blesse).
Ces signes et ces symptômes rendent la muqueuse des organes génitaux fragile et perméable au Vih. Malheureusement il arrive souvent que les Ist évoluent chez la femme sans provoquer ni signes, ni symptômes perceptibles. La femme s’en aperçoit tardivement lorsque les organes sexuels internes sont atteints. Elle se fait alors traiter tardivement ; entre temps, si la femme entretient un rapport sexuel sans condom avec un séropositif, elle attrape le Vih.

3. Vulnérabilité liée à des raisons culturelles

a). Dans plusieurs communautés, la fille est envoyée à l’école non pas dans le but d’obtenir un diplôme de fin de cycle confortable, qui lui permettrait d’exercer un métier ; mais plutôt en attendant qu’elle se marie. Si jamais les moyens font défaut, la fille est purement et simplement déscolarisée par ses parents. Tout ceci ne permet pas à la femme de demain d’avoir une occupation économique rentable, qui la met à l’abri du besoin.
• Si elle se marie, elle aura des difficultés à se comporter en véritable partenaire. Elle sera traitée par son mari au même titre que les enfants car, sans pouvoir économique réel, elle attendra presque tout de ce dernier.
• Si elle ne réussit pas à avoir un mari, elle connaîtra une situation encore plus difficile. Ne pouvant pas subvenir elle –même à tous ses besoins, elle sera tentée de devenir un “2ème bureau”.
b). La femme est souvent soumise à l’homme dans nos cultures, (elle n’est pas autorisée à répondre à ce dernier. On ne l’écoute pas les partenaires communiquent peu dans l’ensemble, et n’abordent pas souvent des questions liées à la sexualité. Il serait mal vu qu’elle interpelle son mari/ami à plus de prudence du fait du Sida. Il ne lui est pas permis non plus de lui proposer de porter le condom, si elle est convaincue que celui-ci est multipartenaire. L’homme, même marié reste jaloux de son indépendance ; un vrai homme, étant celui qui a plusieurs conquêtes féminines. Il pourrait alors arriver qu’il s’infecte au cours de ses aventures et qu’il infecte en retour la femme. La société est permissive par rapport à l’homme ; elle tolère ses infidélités. Selon certaines études, l’homme a plus de risques de se faire infecté par le Vih – du fait de la permissivité dont il jouit dans nos communautés et du fait de sa place dans le couple – et de le transmettre à un nombre important de femmes
c). Dans la plupart des familles, la femme n’hérite pas des biens de son père. Si elle est mariée, elle appartient désormais à la famille
du mari où elle est juste usufruitière. Si jamais elle divorce, elle est abandonnée à elle-même, étant donné que chez son père elle n’a pas droit à des biens. Elle est alors exposée à devenir un 2ème bureau, avec tous les risques liés à ce statut.

4. Vulnérabilité liée à des raisons juridiques

La femme perd plus facilement les procès en matière d’infidélité ; il est plus facile juridiquement de prouver l’infidélité de la femme par rapport à celle de l’homme. Elle peut être répudiée du jour au lendemain. Elle doit désormais se débrouiller par elle-même et faire face à de nombreuses charges dont celles liées au loyer et à la santé, ...

5. Vulnérabilité liée à l’insécurité

Des cas de viols de jeunes garçons existent ; ceux des filles sont plus fréquents. Le sexe de la petite fille n’étant pas entièrement développé, et les rapports étant forcés, ils sont traumatiques et plus contaminants. Beaucoup de femmes adultes s’infectent au cours des viols.
Après le constat de cette vulnérabilité multiforme de la femme au Sud du Sahara, des pistes visant à la réduire existent :

I. “Les hommes peuvent faire la différence”

“Les hommes peuvent faire la différence” était le mot d’ordre de la campagne de lutte contre le Sida pour les années 2000 et 2001. Ce thème signifie que si les hommes s’impliquent véritablement dans la lutte contre le Vih/Sida, les taux de contamination vont baisser. L’Onusida avait recommandé que des programmes ciblant des hommes et qui les interpellent, soient mis en œuvre dans chaque pays. Au Cameroun, un institut de développement britannique avait financé pour deux ans un projet sur ce thème. Un livret sur la question a été imprimé et diffusé, des séminaires ont été organisés à l’intention des hommes dans trois localités du pays (journalistes, chefs de quartiers, des chauffeurs de taxi et des transporteurs, au sein des associations d’hommes). C’était une initiative isolée. En Afrique australe (Zambie) et en Afrique orientale (Ouganda), nous avons vu des hommes sensibiliser des hommes, des jeunes, leurs enfants et des femmes, à travers des causeries éducatives et des représentations théâtrales. En effet, lorsqu’un homme conseille à un autre homme de porter le condom au cours des rapports sexuels occasionnels, “ ça donne !”, et c’est plus de 03 femmes qui sont ainsi protégées à travers le comportement plus responsable d’un seul homme qui se protège.

II. La plupart des femmes mariées ou non, s’infectent du fait du “multipartenariat” ou du vagabondage sexuel de leurs maris/partenaires

De nombreuses études organisées avant les années 2000 et 2001 ont prouvé que
• par rapport aux femmes, les hommes ont un nombre important de partenaires sexuelles,
• ils ne se protègent pas pour la plupart ; étant élevés pour braver le danger, pour être courageux, ils vont au-devant de celui-ci, même si ce dernier s’appelle Sida.
Du fait des manifestations liées à la masculinité, du fait que la communauté attend qu’un vrai homme ait “plusieurs bureaux”, les hommes aussi sont vulnérables au Vih.

III. Si les femmes sont plus infectées par le Vih/Sida au Cameroun, …

Si les femmes sont plus infectées par le Vih/Sida au Cameroun, les campagnes de sensibilisation devraient cibler les femmes bien sûr, et surtout les hommes ! “Les hommes doivent continuer de faire la différence”. Il est fréquemment recommandé au cours des discours officiels, de sensibiliser les femmes et les jeunes ; les hommes ne sont-ils pas concernés par la lutte contre le Vih/Sida ? Le comportement de l’homme affecte durement les deux cibles que sont les jeunes et les femmes. Le Vih trouve la plupart des femmes à la maison. Beaucoup d’entre elles n’ont pas la capacité de négocier des rapports sexuels protégés avec leurs époux/partenaires. D’autre part, on aura beau sensibilisé le jeune, si son père rentre au petit matin tous les jours, il rentrera à minuit lui-même, juste avant son père. Aujourd’hui, les jeunes ont besoin d’exemples pour adhérer, pour suivre. Un sage a dit que les “les exemples vivants sont d’un autre pouvoir”…

IV. Les femmes et les jeunes filles devraient être conscientes de leur vulnérabilité
Les femmes doivent être conscientes de leur vulnérabilité et faire preuve :
• de plus d’affirmation de soi (déclarer sans agressivité ni ambiguïté au partenaire ses sentiments et ses besoins en matière de prévention, …),
• de plus d’estime de soi (se dire que l’on possède une valeur intrinsèque, avoir confiance en soi, s’aimer, avoir de la considération pour soi-même, ne pas chercher à mimer les autres, prendre courageusement des décisions qui s’imposent, et non pas se dévaloriser et épouser les options et les choix du partenaire, pour lui faire plaisir, …)
La femme consciente de sa vulnérabilité,
• Evite de se compromettre, avec son patron, à l’occasion du suivi des dossiers divers, avec le douanier, ... Elle travaillera “debout ” et non pas à travers le canapé. Elle cherchera à bien faire son travail et se forme au jour le jour le jour.
• Elle se contentera de ce qu’elle a. Si non elle n’aura pas le contrôle de sa vie et pas de pouvoir de décision Etant donné que la main qui donne est au dessus de celle qui reçoit, elle sera soumise aux bons vouloirs du concubin.
La jeune fille évitera de rechercher des “notes sexuellement transmissibles ” et l’argent facile. Elle évitera d’aller avec tous les “bons gars” sous prétexte qu’elle est sollicitée, … Respect de soi, affirmation de soi, estime de soi, guideront ses comportements !



Source: Le Messager


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