Le consulat de Guinée équatoriale à Douala, situé à la rue Koloko (Bonapriso), entre le cimetière Njo-Njo et le lieu-dit Carrefour Shell New Bell, est très sollicitée en cet après-midi du vendredi 7 décembre. Sécurisée par des éléments de la police camerounaise puissamment armés, la devanture de l’immeuble abritant le consulat ne désemplit pas. Riverains, hommes de médias et autres curieux sont là. Ils observent les policiers en faction. En faisant des commentaires sur les événements malheureux survenus mercredi 5 décembre à Malabo, Bata et Mongomo (sévices subis par des Camerounais) en Guinée équatoriale, et jeudi 6 décembre à Buea (étudiants équato-guinéens pourchassés) au Cameroun. Cette ambiance inhabituelle au consulat de Guinée équatoriale à Douala, a aussi été observée samedi 8 et dimanche 9 décembre.
Arrivés de Buea à bord des véhicules de marque Coaster, les étudiants équato-guinéens de l’université de Buea font des va-et-vient dans la vaste cour du consulat. Sous les regards vigilants des employés (Camerounais et Equato-guinéens) du consulat. Les multiples tentatives des hommes de médias, pour avoir officiellement des entretiens avec des responsables équato-guinéens du consulat, se soldent par des échecs. “ Nous n’avons rien à dire pour le moment ”, lance la vice-consul, de passage dans la cour. Surpris en conversation dans un bar des alentours avec quelques étudiants équato-guinéens, le reporter du quotidien Le Messager est sermonné avec véhémence par un certain Nana, planton au consulat. Ces étudiants sont aussi menacés verbalement et sommés par Nana (un Camerounais !) de rentrer dans l’enceinte du consulat.
Ambiance électrique
La présence des étudiants équato-guinéens (plus d’une cinquantaine avec leurs bagages) de l’université de Buea en ce lieu est loin d’être simple. Ils ne sont pas là par leur bon vouloir. “ Nous sommes en train de perdre des cours, pour rien. Nous sommes arrivés ici, emmenés par des véhicules de marque Coaster, venus nous chercher à Buea. Ces véhicules ont été mis à notre disposition par le consul, Manuel Mbela Bama Ndong. Attaqués dans nos cités d’étudiants à Buea dans la soirée du jeudi 6 décembre par des Camerounais, en représailles aux sévices subis par des Camerounais dans notre pays, nous avons été sauvés de la foule en furie par des éléments du commissariat de police de Molyko. Nous avons été conduits dans cette unité de police pour notre sécurité. Les Coaster dépêchés par notre consul sont venus nous chercher pour Douala ”, confie un étudiant équato-guinéen, entre deux gorgées de bière.
Dans la matinée du lendemain, samedi 8 décembre, les lieux sont toujours bondés de personnes. Les bars environnants ont pour principaux clients, les étudiants équato-guinéens encadrés par des personnels du consulat. A l’entrée de la représentation diplomatique, Perfecto, président de l’association des étudiants équato-guinéens de l’université de Buea, donne des consignes à certains de ses compatriotes. Ils s’expriment essentiellement en fang et en anglais. Sollicité par le reporter du quotidien Le Messager, Perfecto accepte l’invitation. Mais, à peine commence t-il à s’exprimer sur les faits vécus à Buea et l’état d’esprit de ses compatriotes et lui, que surgit le planton Nana. Celui-ci bouscule le reporter et le somme, avec l’aide des policiers venus à la rescousse, de quitter les lieux.
Des entretiens informels et discrets avec les étudiants équato-guinéens de l’université de Douala, il ressort que nombre d’entre eux ne sont plus prêts à rentrer dans leur institution, sans avoir eu de suffisantes garanties de sécurité. “ Mes parents ont promis de m’envoyer de l’argent demain (Ndlr : dimanche 9 décembre) pour rentrer au pays lundi 10 décembre. Je ne reviendrai au Cameroun qu’après accalmie ”, confie un étudiant, en révélant que nombre d’entre eux sont déjà prêts pour un retour en Guinée équatoriale ce lundi.
Sources: Le Messager
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