Mais ses pensionnaires, pour la plupart des expatriés travaillant pour le compte de la Kenya Airways, sont peu diserts. Surtout envers la presse, particulièrement peu désirée. « Pour la première journée, on a souhaité que tout se passe dans une certaine confidentialité, le temps que tout le dispositif soit bien rôdé. Mais les informations seront très vite mises à disposition une fois l’intimité des familles garantie », explique le traducteur camerounais trouvé sur place.
Pour l’heure, les seules bribes qui filtrent sont celles qui ont été communiquées depuis quelques jours maintenant aux familles des victimes du crash du 5 mai. Les corps des défunts, ou du moins leurs restes, seront retirés selon un chronogramme précis arrêté de concert avec elles, à raison de deux victimes par jour. Charité bien ordonnée, ce sont les corps camerounais qui seront les premiers à rejoindre leurs familles, pour enfin de véritables obsèques.
Et pourtant, l’opération de retrait ne se passe pas aussi simplement qu’annoncée. Initialement prévue à 9h, les premiers restes sont toujours attendus après 13h. A l’entrée de la morgue, une forte délégation de la famille de Mengue Tuh épouse Ngando Lima, la première victime dont les restes devaient être restitués, contient de moins en moins son impatience et une certaine colère. « Ça va faire six mois maintenant que nous attendons.
On n’a pas arrêté de nous donner de fausses dates à chaque fois et à présent qu’on nous dit que nous allons prendre notre corps à 9h, jusqu’à présent, rien ne se passe », s’énerve une des parentes, dont le courroux est stimulé par l’absence d’informations sur les raisons qui retardent la procédure. « On nous a parlé d’une réunion avec les autres familles », croit savoir un autre pour qui, « ils auraient dû régler tous les protocoles avant de nous faire appeler. Ce n’est pas maintenant qu’ils vont régler ces détails ».
Le trouble est abondamment nourri par tout le flou qui entoure la gestion de cette opération. La commission de restitution des corps mise en place à l’occasion et présidée par le délégué du gouvernement auprès de la CUD, n’a que trop peu communiqué pour permettre à toutes les parties d’avoir le même niveau d’information. Le nombre exact de « restes » qui seront remis, demeure inconnu.
Les services de communication Kenya Airways expliquent que ces restes, pour la plupart ensachés, seront remis en même temps que tout ce qui a pu être retrouvé comme effets personnels des victimes. Les sacs plastiques seront ensuite scellés et placés dans les cercueils offerts par la compagnie, qui a du reste accordé à chaque famille une enveloppe pour l’organisation des obsèques. La fin de la première phase de l’opération est prévue pour le 16 novembre.
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