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Les profs les moins payés
(30/10/2007)
Pour les recteurs des universités africaines réunis à Tripoli, cette situation est à l'origine du départ de plusieurs enseignants et de la baisse de niveau.
Par Dorine Ekwè

Lundi le 12 octobre dernier, le professeur Hatungimana de l'université du Burundi se plaignait du départ massif des professeurs et assistants de son pays vers le Rwanda où il leur était proposé une meilleure rémunération et des meilleures conditions de travail. C'était au cours de la conférence des recteurs et vice recteurs des universités africaines organisée à Tripoli du 21 au 25 octobre dernier par l'Association des recteurs des universités d'Afrique (Aua) sous le thème : "la fuite des cerveaux en Afrique : gérer la fuite en collaboration avec la diaspora ".

D'après le professeur Hatungimana en effet, les professeurs assistants burundais n'hésitent pas à traverser la frontière, en direction du Rwanda où il leur est proposé un salaire de 1.125.000Fcfa contre 700.000Fcfa qu'ils gagnent dans leur pays. Une situation qui, on l'imagine, a fait pâlir d'envie les professeurs et les recteurs d'universités camerounaises présents à ces assises de Tripoli. " Je ne veux pas dire n'importe quoi mais, au Cameroun, un assistant gagne à peine 200.000Fcfa ", affirme Nicole Claire Ndoko, vice recteur de l'université de Douala.

Priorités

D'après cette dernière en effet, les salaires des " enseignants " camerounais sont, comparés à ceux d'autres pays de l'Afrique, parmi les plus bas qui existent. "L'enseignement supérieur au Cameroun n'est pas pris en compte. Il faut bien qu'un jour, on puisse en faire, non pas l'une des priorités mais la priorité des priorités car c'est de cet enseignement que dépend le développement. Ceci passe par l'amélioration des conditions de travail des enseignants, et en leur octroyant des salaires décents, en les sortant de la clochardisation dans laquelle ils ont été plongé depuis la dévaluation du franc Cfa".

Selon Samy Chumbow, ancien recteur de l'université de Yaoundé I, " c'est gênant de se retrouver devant des confrères et admettre que nous avons le même niveau en grade qu'un professeur sénégalais mais que nous gagnions 350.000Fcfa ou 450.000Fcfa pour les plus heureux, alors que eux, sont dans le million et leurs assistants sont mieux payer que nous. Comment expliquer qu'un pays comme le Rwanda qui a moins de ressources que nous paie mieux ses enseignants " ? Interroge-t-il.

Pour poursuivre la comparaison, on se rend compte que dans un pays comme le Ghana, un professeur permanent a un salaire d'environ un million de francs Cfa. Seules les tendances au Nigeria semblent se rapprocher de celles des professeurs camerounais. Selon Nuhu. O. Yaqub, vice-recteur de l'université d'Abuja au Nigeria, "un professeur nigérian a un salaire mensuel de 450.000Fcfa, tous frais compris. Notre situation n'est pas non plus enviable ", confie-t-il.

Seulement, pour les professeurs et recteurs camerounais présents à Tripoli à l'occasion de la 12ème conférence des recteurs et vice-recteurs des universités africaines, cela ne peut être pris comme une consolation. Ce d'autant que, pour la plupart, ils estiment que cette situation est à l'origine du départ de plusieurs enseignants de nos universités. "Actuellement, il y a à peu près une dizaine d'enseignants de l'université de Douala dont on ne peut dire avec certitude qu'ils reviendront au Cameroun.

Ils sont allés pour des programmes de formation des formateurs et nous n'avons plus de leurs nouvelles. Nous avons d'ailleurs déjà suspendu leurs salaires. Et sachant qu'au Cameroun, l'université de Douala est celle qui a le plus mauvais ratio enseignants-élèves, cette situation est préoccupante ". Affirme Nicole Claire Ndoko, vice-recteur de cette institution universitaire.

A côté de ces abandons de postes, l'université doit également faire face à ces enseignants qui profitent des bourses de formation qui leur sont octroyées pour donner des cours dans les pays d'accueil. "A ce moment-là, ils demandent sans cesse que l'on rallonge leur temps de recherche. Nous savons très bien qu'ils sont en train de travailler mais qu'y pouvons-nous ". S'interroge le vice-recteur de l'université de Douala qui pense d'ailleurs que dans la plupart des cas, les enseignants qui restent en service le font parce qu'ils n'ont pas d'autres choix.

Selon Paul Henri Zollo, le recteur de l'université de Ngaoundéré, ces bas salaires sont à l'origine du départ des enseignants camerounais vers d'autres pays où de meilleures conditions de travail leur sont offertes. " En plus des salaires, dit-il, il y a les conditions de travail des enseignants qui sont l'un des facteurs déterminants de ces départs qui sont toujours néfastes pour l'université. Il faut recommencer tout, chercher de nouveaux enseignants et assurer leur mise à niveau ". Ce qui est souvent à l'origine d'une baisse de la qualité des enseignements délivrés aux élèves.




Source: Quotidien Mutations


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