“ L’Epervier plane toujours ? ” s’interroge un compatriote vivant à l’étranger. Polycarpe Abah Abah, ancien titulaire du portefeuille de l’Economie et des finances, est le plus étiqueté. Il est soupçonné de détournement de fonds publics.
Il a récemment fait la une d’un journal de la place, en tête d’une liste dite des quarante-quatre milliardaires du Cameroun. Le canard qui a publié cette liste affirmait qu’elle avait été transmise au président de la République depuis février 2007 par les services de renseignements américains. L’ancien ministre avait estimé qu’il ne s’agissait là que de diffamation. Il a d’ailleurs gagné certains procès contre la presse.
Mais ce n’est pas tant le fait qu’il soit doigté qui nourrit l’idée de sa probable arrestation. Des informations concordantes indiquent qu’une demi-douzaine d’officiers de l’armée est allée l’extraire de son bureau vendredi dernier. Il aurait par ailleurs été entendu au secrétariat d’Etat à la défense (Sed) pendant quatre heures de temps. Or l’on sait que les “ grands prisonniers ” du pays commencent toujours par le Sed. Est-ce significatif pour que l’on croie le sort d’Abah Abah scellé ?
Olanguena et Mebara
En dehors de l’ex ministre de l’Economie et des finances, nombreux sont ceux qui pensent que Urbain Olanguena Owono, l’ancien ministre de la Santé publique, de même que Jean Marie Atangana Mebara, ancien ministre des Relations extérieures, sont également dans le viseur de l’opération Epervier.
En janvier 2005, France 2 publie une enquête qui révèle qu’un le virus du sida est inoculé à des Camerounaises contres des billets d’argent, pour tester l’efficacité du Tenefovir. Dans cette affaire, le ministre Olanguena est accusé d’avoir perçu des pots-de-vin pour laisser des compatriotes êtres des cobayes d’un laboratoire qui ne cherche qu’à se faire des sous. Tout récemment, une visite du directeur général du Fonds mondial de lutte contre le sida… a émoussé la mauvaise gestion des fonds destinés à la lutte contre la maladie.
Avant cela, l’ex Minsanté (en poste depuis le 27 avril 2001) était accusé d’excès et d’abus de pouvoir dans le domaine de la pharmacie et du médicament. On se rappelle qu’après avoir pris un arrêté pour fermer la Compagnie camerounaise pharmaceutique à Douala, le gouverneur du Littoral a refusé d’exécuter sa décision. Attaqué à la Cour suprême, l’Etat camerounais (le Minsanté) a été débouté. Son immixtion dans les affaires de l’Ordre national des pharmaciens est également un grief qu’une certaine opinion porte contre lui.
Passeports retirés
Aussi en bonne place parmi les personnalités susceptibles d’être inquiétées, l’ex secrétaire d’Etat aux Travaux publics, Abono Moampamb Paulin. Des sources indiquent qu’il pourrait être rattrapé par son passé à la mairie de Yokadouma. Les redevances forestières ont boosté les recettes de cette commune à plus d’un milliard par an, et la gestion de ce dernier a souvent été critiquée par les citoyens de Yokadouma.
Gervais Mendo Ze est aussi l’une des personnalités que cette deuxième phase de l’opération épervier, si elle a effectivement lieu, pourrait ne pas rater. Sa mise à l’écart sans bruit est significative. Le conseil supérieur de l’Etat a séjourné pendant longtemps à la Crtv où il a passé plus de dix ans comme directeur général, et a bouclé son rapport il y a peu.
On se rappelle que Amadou Ali, le vice-premier ministre en charge de la Justice avait annoncé, avant le début de l’opération Epervier, qu’il y avait une douzaine de dossiers à mettre en route. Le moment est-il arrivé ? Déjà, l’on annonce que les passeports de Abah Abah, Olanguena et Mebara ont été retirés.
Source: Le Messager
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