"Paris à tout prix " valait bien son pesant de sacrifices et de portes enfoncées. Le premier bébé au cinéma de la réalisatrice de la CRTV, que l’on avait connue grâce au petit écran avec des rôles inoubliables dans " L’Etoile de Noudi ", " Japhet et Ginette ", a enfin été présenté au grand public. Et ce dernier a apprécié qu’on lui dise la vérité de l’émigration: partir n’est pas forcément la solution. Même si ici, l’emploi et le bien-être ne sont pas toujours garantis. Là-bas, ce n’est pas forcément l’eldorado tant rêvé, les " nôtres " sont souvent nos pires ennemis.
" Paris à tout prix ", c’est la descente aux enfers d’une jeune désemparée, Suzy. Elle traverse mille et un obstacles, se compromet au plus bas, s’adonne à des pratiques pas toujours recommandables, parce que attirée par le mirage aux alouettes occidental.
Le côté technique de ce long-métrage laisse transparaître peu de déchets. Le jeu des acteurs, assez maîtrisé (aïe, les pleurs de " Ta Zibi " !), malgré la présence de 80% d’amateurs dans la distribution. Le scénario, nonobstant son allongement, atteint l’impact souhaité. Le public yaoundéen, dans lequel des diplomates, ministres, lycéens, étudiants et hommes d’affaires se disputaient des places au palais des Congrès, en sort édifié. " Paris à tout prix " parlait à chacun.
Georges Serre, ambassadeur de France au Cameroun : " C’est un très bon film. Le thème de l’émigration n’a jamais été traité de manière aussi efficace ". Adèle Mballa Atangana directrice du CFPA (Centre de formation professionnelle de l’audiovisuel) de la CRTV y voit une production " à montrer aux élèves ". Quant à Amadou Vamoulké, le directeur général de l’Office, d’où est issue la réalisatrice, le film " valorise l’action et la confiance. Depuis que je suis à la CRTV, j’ai fait confiance à beaucoup de réalisateurs, et c’est le premier fruit ".
" Paris à tout prix " est centré autour d’un thème d’actualité : l’émigration. Autour de lui, gravitent plusieurs autres, constituant des tares de notre société : prostitution, homosexualité, enfants de la rue, chômage, VIH/sida. A ce sujet justement, des pairs éducateurs de la campagne " Vacances sans sida " étaient présents à la projection placée sous le haut patronage de la première dame Chantal Biya, représentée par le ministre de la Promotion de la femme et de la famille, Suzanne Mbomback.
Ils ont été inspirés par le film. Frank Momo, pair éducateur âgé de 20 ans, est l’un d’eux : " En tant que jeune, on se rend compte que ce n’est pas facile au pays. Mais cette difficulté ne doit pas nous pousser à nous exposer aux risques de l’émigration clandestine. Avec ces proxénètes qui veulent profiter de la naïveté des désespérés. A travers plusieurs séquences, on voit qu’il est important de se protéger contre le sida, en effectuant son test de dépistage ".
Cette " bonne leçon pour les jeunes " a été projetée durant tout le week-end dernier à Yaoundé, avec le même succès. Des séances sont prévues cette fin de semaine à Douala.
Source: Cameroon Tribune
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