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Yaoundé : Plus de 2 milliards portés disparus
(03/08/2007)
Des rapports d`enquêtes révèlent des détournements de deniers publics.
Par Dominique Mbassi

En dépêchant sur le terrain une équipe de contrôle du recouvrement des créances de la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY), le receveur municipal ne savait certainement pas qu`il ouvrait une boîte de pandore. Qui n`en finit plus de révéler des scandales. Deux missions, pour ne prendre que les dernières, chargées de reconstituer les états de collecte de fonds auprès des receveurs des centres spécialisés et divisionnaires des impôts (CSI-CDI) de Yaoundé, centralisés à la recette principale des impôts du centre 1, ont mis à jour de multiples malversations financières. Au total, les détournements de deniers publics décelés depuis 2002 sont évalués à plus de deux milliards de Fcfa.

Le rapport des deux missions sus-évoquées, effectuées pendant plus de deux mois pour le compte de l`année 2005, parle de 301.639.432 Fcfa "imputables diversement soit à nos intermédiaires de recettes, soit à nos partenaires des impôts, soit enfin à la collusion entre les deux". Le rapport se veut plus précis en indiquant que 194.806.025 Fcfa sont imputables sans équivoque aux commis de la CUY, et 106.813.407 Fcfa " dont on ne peut rattacher avec certitude la responsabilité ni à nos intermédiaires de recettes, ni à nos partenaires des impôts, ni même à une entente entre les deux ".

Le document déduit que " la responsabilité de cette distraction restera donc non dénouée, tant que la CUY ne pourra pas accéder à la décharge de ses commis auprès des recettes des impôts ". Véritables pistes de détournements.

C`est sur la base de ce rapport que le délégué du gouvernement prescrit une enquête à la première région de gendarmerie en novembre 2006. Au terme des auditions, 14 sous-caissiers, dont Repères a pu se procurer la liste, reçoivent notification de leur licenciement le 28 décembre. Aujourd`hui encore, l`attitude des mis en cause reste ambiguë. Tantôt ils disent ne pas reconnaître les faits, tantôt ils parlent " d`une extorsion d`aveux sous des menaces et tortures diverses ".

Ils soutiennent finalement que " les allégations avancées n`étaient pas aussi graves qu`on l`a laissé croire ".
En mai 2003 déjà, M. Urbain Bertrand Antoine Mebara a reçu une demande d`explication sur la disparition de 28.042.154 Fcfa. La même année, une commission de vérification impute une distraction de plus de 300 millions Fcfa à Mme Gisèle Evouna et M. Jean Roger Belinga, deux des 14 sous-caissiers licenciés en décembre 2006. Pourquoi avoir attendu si longtemps ? Certains d`entre eux n`hésitent pas à parler de machinations pour brouiller les véritables pistes des détournements.

Dans un recours en grâce adressé le 9 avril 2007 au délégué du gouvernement, M. Mebara s`interroge : " Comment expliquer que dans un service les agents seuls soient sanctionnés, alors que leurs chefs restent en poste sachant qu`ils sont responsables d`avoir pris certaines décisions, et qu`ils étaient au courant de certaines pratiques ? " Il conclut à leur complicité.

Et certains faits semblent lui donner raison. A cet égard, le cas du caissier principal est évocateur. Alors que le rapport ne le met nullement en cause et ne le cite pas, M. Bernard Belobo se retrouvera pourtant au centre des enquêtes à la première région de gendarmerie. Cité par un collaborateur, il refuse dans un premier temps de se faire entendre. Lorsqu`il consent finalement à passer devant l`adjudant chef chargé de l`enquête, les deux concluent un deal. Le caissier principal accepte de remettre six millions Fcfa à M. Antoine Ipan qui se chargera lui-même du partage avec ses supérieurs hiérarchiques.

En retour, le "nom de Belobo n`apparaitra pas dans le rapport d`audition à envoyer au délégué du gouvernement. Ainsi, il préservera son honorabilité et sa dignité ".

Le 1er novembre 2006, M. Belobo remet deux millions Fcfa à l`enquêteur dans un bar situé à côté de la pharmacie du carrefour Emia. Pendant plusieurs jours, il ne se fera plus voir. Il ne répond même plus aux multiples appels téléphoniques de l`enquêteur. Abusé, ce dernier se résout à lui envoyer des messages. Le premier est envoyé le 8 novembre à 15 heures 10 minutes : " Nous avons compris ce que vous êtes. Attendez notre réaction proportionnelle et ne regrettez surtout pas ". Face au silence de son interlocuteur, il envoie un deuxième message le même jour à 17 heures 28 minutes : "J`espère bien que vous avez reçu mon msg. Nous nous reverrons très bientôt ".

Dès cet instant, d`autres acteurs entrent en scène. Des démarches sont entreprises, qui aboutissent à la convocation de l`enquêteur à l`antenne de la Sécurité militaire (Semil) de Yaoundé le 13 novembre 2006. Deux jours plus tôt, il a, pour le même motif, subi un interrogatoire à la direction de la Semil.

Cette autre enquête visait à amener l`enquêteur à mettre la pédale douce. MM. Belobo et Ipan trouvent finalement un consensus pour que le caissier principal complète son audition. Alors que cet épisode se referme à la CUY, curieusement M. Belobo décide de son propre chef de quitter son poste de caissier principal. Depuis lors, il ne se rend plus à son travail.

Cette affaire a été précédée par d`autres. Comme en 2002 lorsque, dans une correspondance adressée au délégué du gouvernement de l`époque, feu Nicolas Amougou Noma, le receveur municipal encore en poste aujourd`hui, fait " état des malversations commises par certains des mes agents usant du faux en écritures comptables et de détournements de deniers publics". Une vérification des registres des chèques et quittanciers tenus aussi bien à l`hôtel de ville de Yaoundé que dans les Cdi relève une distraction de 91.679.442. Des six agents mis en cause, cinq sont licenciés, alors que le dernier parvient à sauver son emploi.

Ce qui suscite des commentaires à la CUY, où des sources crédibles parlent de ces dossiers comme du menu fretin. "Les vrais coupables sont connus, mais n`ont jamais été inquiétés. De plus, les montants des détournements annoncés sont en réalité minorés ", confie un agent de la CUY à Repères.

Qui se dit surpris que le rapport, qui a révélé le détournement de 301 millions Fcfa, soutienne que pour les mois d`avril, mai, juin, juillet, août, octobre, et novembre 2005, " notre partenaire des impôts ne se retrouvant pas dans ses archives, n`a pas pu mettre à notre disposition les supports matérialisant le transfert des fonds entre les impôts d`une part, et la communauté urbaine de Yaoundé d`autre part ".

Pourtant, une source à la direction des affaires financières et économiques reconnaît avoir eu accès à ces documents. Alors que l`équipe à laquelle il appartenait avait déjà examiné une bonne partie, il lui a simplement été demandé de suspendre sa mission. Elle venait alors de découvrir un détournement de 1.700.000.000 Fcfa.


Source: Repères-CM.com


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