Au Sdf, c’est la consternation. Le taux élevé d’abstention est attribué, entre autres, aux dysfonctionnements du scrutin de dimanche dernier. Béatrice Annembom Monju, secrétaire nationale à la communication, ne décolère pas : “ Le Sdf a abattu un travail important pour inviter les citoyens à s’inscrire sur les listes électorales et accomplir leur devoir dimanche dernier. Mais, la plupart de nos militants n’ont pas eu leur carte électorale. C’était vraiment grave à Yaoundé où on a changé les bureaux de vote des uns et des autres et les militants étaient perdus. ”
Sa consoeur Yvonne Anabo rapporte avec force détails le parcours du combattant qu’elle a dû emprunter pour accomplir son devoir de citoyen : “ Les listes ont été manipulées et les bureaux de vote. Personnellement, j’ai été peinée. Ce d’autant plus que le site du Minatd n’affichait plus le fichier électoral à la veille des élections. Ils ont communiqué des numéros de téléphone pour avoir des informations y relatives. J’ai passé 15 minutes au téléphone pour qu’on localise mon nouveau bureau de vote le jour du scrutin. Combien de nos militants peuvent le supporter ? ”
Ces cadres du Sdf dénoncent la rétention des cartes électorales pour frustrer leurs militants : “A Yaoundé VI, on a dit à un de nos militants détenteurs d’une carte d’électeur que quelqu’un d’autre avait déjà voté à sa place. J’ai trouvé mon nom déjà coché. Pour quelle raison ? J’ai voté avec la carte nationale d’identité. Qui a utilisé nos cartes électorales ?”
Explications de Béatrice Annembom Monju qui poursuit que son parti avait pourtant pris des dispositions pour que les Camerounais participent massivement au double scrutin : “Il y a eu des mécanismes dans ce sens, avec notamment des porte à porte, plusieurs militants et citoyens ont été inscrits par nos soins.
Malheureusement, le processus est marqué par des irrégularités.”
A l’Alliance des forces progressistes, le secrétaire général, Saïdou Maïdadi Yaya, soutient qu’il y a nuance : “ Bon nombre de Camerounais ont été privés de leur droit de vote.
Ils n’ont simplement pas reçu leur carte électorale. On ne doit pas assimiler une telle situation à l’abstention. A mon avis, cela relève de la fraude organisée par le Rdpc qui est sous-tendue par le problème du fichier électoral qui est entre les mains des chefs de quartiers et des sous-préfets qui sont des sympathisants du Rdpc. ”
Quant à la mobilisation des militants de l’Afp, il confesse que leur parti nouvelle formule date du 25 mars 2007, ce qui a eu comme conséquence “un regain d’enthousiasme chez les jeunes.
Seulement, ils seront pris de court par la convocation du corps électoral un mois après, c’est-à-dire le 20 avril 2007, ce qui ne permettait plus à bon nombre de s’inscrire. Toutefois, les animations se poursuivent au sein de l’Afp. C’est des jeunes qui croient en ce que nous faisons et qui sont patients avec une confiance totale en l’avenir.”
Alors qu’à l’Union démocratique du Cameroun (Udc), “La sensibilisation des citoyens à s’inscrire sur les listes électorales est un devoir permanent toujours mis en exergue lors des diverses communications des responsables de l’Udc. Nous voulons gagner et avons intérêt à ce que nos militants et les Camerounais en général s’inscrivent massivement.” Toutefois, on déplore le fait que “le processus électoral soit toujours truqué au Cameroun, en dépit de la bonne volonté des partis politiques. ” Une vision des faits partagée par plusieurs formations politiques de l’opposition.
Selon Le responsable à la communication de l’Udc, Théophile Yimgaing Moyo, “le faible taux d’inscription aux listes électorales : 5,5 millions d’inscrits et le fort taux d’abstention traduisent le peu de confiance que les populations de notre système électoral ne sont manifestement pas satisfaits à cause de multiples irrégularités.” Une idée développée à l’Afp par Saïdou Maïdadi Yaya qui pense que “ cette démobilisation électorale procède du fait qu’il y a une importante majorité de Camerounais qui ne croient plus en rien.
Ni au pouvoir Rdpc ni à l’opposition. Pour cette catégorie, les élections ne servent à rien, le Rdpc gagne d’avance… ”
Pour des lendemains qui chantent, Théophile Yimgaing Moyo soutient que la solution envisageable est la mise sur pied d’une véritable commission électorale indépendante et, surtout, la mise à l’écart de l’administration et ses tripatouillages. Toutes choses qui nécessitent, à son avis, un nouveau code électoral établissant des élections à deux tours au Cameroun.
Source: La Nouvelle Expression
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