... veste bleu nuit, pantalon gris, cravate sombre, il marche au milieu de la chaussée, se souciant peu de ces fines gouttelettes de pluie qui pourraient ne pas rester sa conséquences sur sa mise vestimentaire. Anicet Ekane traverse en plein carrefour, escorté par des jeunes gens à l’anatomie généreuse, avec comme éléments visibles des biceps saillants.
Ils arborent des T-shirt de couleurs verte et rouge sur lesquels on peut lire Manidem. Les automobilistes, d’habitude si indisciplinés dans la capitale économique du Cameroun, leur obéissent au doigt et à l’œil et laissent la priorité à ce petit groupe qui a dans son sillage quelques journalistes.
Au niveau d’une banderole du Rdpc fixée sur des poteaux réservés aux lampadaires servant à l’éclairage public, le groupe quitte la chaussée et monte sur le terre-plein central de la route qui part du carrefour Dalip vers la salle des fêtes d’Akwa. Le plus chétif de la bande, à l’aide d’une barre de fer incurvée au bout et qui a l’aspect de la crosse d’un membre de l’épiscopat, entreprend de descendre la banderole. Celle-ci va s’avérer très haute. Un de ses compères va le hisser sur ses épaules lui donnant un peu plus de hauteur pour accomplir sa besogne.
Ce qui est fait. Une fois la banderole au sol, elle est déchirée par le reste du groupe sous l’œil des caméras, les objectifs de quelques appareils photos, les regards et les cris approbateurs des commerçants et badauds, dont un se rappelle qu’il a entendu le président du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem) dire à la télévision que les banderoles déployées par le Rdpc étaient illégales.
L’équipe va poursuivre sa randonnée dans les ruelles du centre commercial d’Akwa avec pour prochain arrêt le lieu dit carrefour ancien Stamatiades, à l’angle de la rue qui ouvre le boulevard de la Liberté. Une banderole sur fond rouge, avec l’inscription "Agir autrement", slogan de campagne d’Albert Dooh-Collins, tête de liste du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) à Wouri-Centre, est descendue. La manœuvre sera reprise le long du boulevard où on retrouve quelques hôtels célèbres.
Une action ciblée et qui vise exclusivement les banderoles posées par le Rdpc et ses candidats, puisqu’une banderole du Social Democratic Front (Sdf), également disposée sur le boulevard de la Liberté, sera épargnée.
En effet, lors du point de presse donné dès 11h hier au siège de son parti, non loin du carrefour Tif à Bonadibong, Anicet Ekanè précisait que son action engagée depuis le jeudi 12 juillet ne vise que les affiches et banderoles du Rdpc. Notamment celles de son challenger Albert Dooh-Collins qui "viole la loi, nargue l’Onel et les autorités administratives", invoquant ses soutiens hauts placés et sa chapelle ésotérique qui lui confèreraient déjà une immunité. La rencontre avec la presse hier a également été l’occasion de s’insurger contre "l’irruption scandaleuse du ministre de la Communication dans la gestion des élections".
Ce dernier, est accusé d’avoir violé l’article 93 alinéa 2 de la loi n° 91/20 du 16 décembre 1991 complétée par la loi 97/13 du 19 mars 1997 qui proscrit l’utilisation des espaces publicitaires deux mois avant et pendant la campagne électorale. Ceci "pour sauver le soldat Collins en perdition", selon Anicet Ekane qui était accompagné de son colistier, René Eteki, "le petit soldat du président", comme il se présente lui-même.
Le 12 juillet, l’Onel a travers sa représentante pour le Littoral, Régine Dooh-Collins, épouse de la tête de liste du Rdpc à Wouri-Centre, a d’ailleurs confirmé cette entorse faite à la loi à travers l’affichage sauvage qui a cours à Douala. L’action du Manidem devrait s’étendre aux véhicules administratifs et des sociétés à capitaux publics qu’on retrouve dans les meetings du Rdpc. "Il n’est pas normal que les voitures CA (ndlr, Corps administratifs), du Port autonome, de la Snec, de la Sonel se retrouvent dans des meetings du Rdpc. Nous n’allons plus l’accepter. Advienne que pourra!", a averti Anicet Ekane qui soutient que "le Manidem continuera à réagir à toute provocation du Rdpc, car nous sommes en état de légitime défense."
Source: Quotidien Mutations
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