Sa démission de la South Media Corporation, l’entreprise éditrice du quotidien de la Place Repiquet à Yaoundé. Haman Mana s’est même mis sur son trente-et-un — "avec la raie des premiers jours ", précise une employée du journal — pour annoncer ce qui apparaissait alors comme une surprise pour beaucoup : " Hier soir [dimanche, NDLR], commence-t-il, le directeur de publication de Mutations n’a pas pu publier dans son propre journal son éditorial. "J’ai été censuré. C’est une atteinte grave à la liberté d’expression, la valeur sur laquelle se fonde notre profession ".
Il poursuit : " à l’aide de communiqués, d’éditoriaux et d’autres moyens peu loyaux, on tente de faire installer dans l’esprit du personnel et dans l’opinion, l’insidieuse idée selon laquelle je serais à l’origine des "dysfonctionnements" qui sont la cause des retards de salaires et autres problèmes". Haman Mana admet qu’il est possible "que j’aie fait des erreurs. Quel manager n’en fait pas ?" Et plus loin, déclare que "Mutations" est "un journal de journaliste" et qu’ "il n’a jamais été question que les valeurs du capital priment sur nos valeurs d’humanisme et de citoyenneté".
Haman Mana, par conséquent, annonce qu’il se retire du groupe avec "ses" titres "Mutations" et "Situations" enregistrés à l’OAPI et déclare à ses collaborateurs qu’ "un nouveau jour se lève", 11 ans après.
Il s’agit là d’un rebondissement dans la crise qui couvait depuis peu dans ce groupe. A "Mutations" l’éditorial du "DP" n’a pas paru hier lundi. Pour plusieurs observateurs, c’était la réponse à un autre, publié une semaine avant, par le PCA du groupe. Article dans lequel Protais Ayangma Amang déclarait qu’ "il est possible que certains de nos collaborateurs aient pris des libertés avec la déontologie et l’éthique". Avant de conclure qu’ "un bon journaliste n’est pas forcément un bon manager", pour justifier la restructuration de la maison.
Restructuration où Haman Mana n’était plus confiné qu’au poste de directeur de publication du quotidien Mutations. Les autres titres (Situations, Les cahiers de Mutations) devenant autonomes et gérés par d’autres personnes. Cette démission intervient aussi dans un contexte où un audit avait été commandé sur la gestion du journal en début d’année. Interrogé sur le possible lien qui existerait entre ces mesures et son retrait, Haman Mana affirme laconique ne plus avoir envie de parler de South Media Corporation.
Joint au téléphone hier, Protais Ayangma Amang, le président du Conseil d’Administration de la South Media Corporation, se trouvant à Douala se dit surpris par une telle décision. "Surpris parce que les démissions obéissent à un formalisme. Il est astreint à un préavis. On ne part pas comme un voleur". Protais Ayangma Amang déclare ne pas être au courant d’un éditorial censuré. "Je n’interviens pas dans le contenu du journal, que je découvre au même moment que les lecteurs. Comment est-il possible que vous ayez votre journal et que l’on vous censure ?" Concernant les titres, il reconnaît n’avoir pas qualité à les revendiquer, car ils appartiennent à l’entreprise. " Le patrimoine appartient à la société. Si j’y ai des actions, je les vends ou je les cède avant de partir. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne dans une société. Il confond l’entreprise et la personne. Et s’il part avec les titres, sa propriété, ça relèverait d’un délit. Cela veut dire que quelqu’un a profité de sa fonction pour s’arroger les biens de la société. Il s’agit d’abus de biens sociaux. ".
Source: Quotidien Mutations
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