La voix du secrétaire d’Etat à la Défense, via le dispositif de sonorisation, transperce le décor de l’esplanade principal du Camp Yéyap. Des hommes en tenue, avec des traces fraîches de combat - uniformes tachetés, écoutent avec une pointe d’émotion. Il est un peu plus de 16h30, ce vendredi 6 juin. Le patron de la gendarmerie continue. “J’exhorte tous mes collaborateurs à continuer dans cet élan. L’honneur, le courage, la vaillance quotidienne (…) La nation compte sur vous!”.
Ils sont 250 environ. Ils ont pu, avec beaucoup de métier, neutraliser 28 malfrats dangereusement armés. Ces derniers, à la suite d’une évasion spectaculaire à la prison principale de Yoko (province du Centre), dans la nuit du 28 au 29 juin, se sont emparés des armes et des munitions. Dans l’intention de braver l’Etat. Pour la plupart, ce sont des condamnés à mort. Dans les rangs, quelques hommes en tenue formés militairement et rompus au maniement des armes de guerre. Le récit de l’évasion fait penser à une séquence de film hollywoodien.
Après avoir neutralisé des gardiens de prison, les détenus gagnent le large. En emportant avec eux 17 armes de guerre et 154 munitions. Telle une section de combat, ils sont désormais matériellement prêts à affronter les forces de l’ordre et pillent ce qu’ils trouvent à leur passage.
L’“Opération prison de Yoko”, sous le commandement opérationnel du commandant de la légion du Centre, est aussitôt initiée. Le Groupement polyvalent d’intervention de la gendarmerie (Gpig) est mobilisé et se met en ordre de bataille. D’autres forces spéciales sont mises à contribution : éléments de l’armée de l’air,de l’escadron, etc. Bref, une grande chasse aux mutins est lancée. Les prisonniers évadés montrent bruyamment leur détermination à opposer une résistance farouche aux forces de l’ordre. Ils tirent souvent les premiers. Les forces de l’ordre ripostent.
Félicitations
A l’heure du bilan, les comptes sont bons. Après un échange nourri de coups de feu, les mutins sont neutralisés. Plusieurs d’entre eux y laissent la vie. Côté forces de l’ordre, on enregistre juste quelques blessures légères. Le Sed s’en félicite. “C’est la victoire des forces de l’ordre face aux ennemis de la liberté.” Pour Jean Baptiste Bokam, le succès de l’Opération Yoko constitue, entre autres, un message fort lancé à l’endroit des autres hors la loi qui, d’une façon ou d’une autre, peuvent être tentés de défier l’Etat.
Mais les héros de Yoko peuvent se frotter les mains. Des sources proches du Sed, ces combattants, outre la cérémonie solennelle de congratulation, auront des récompenses spéciales : avancement, promotion en grade ou primes.
Cérémonie simple et dépouillée, mais lourde de signification. Depuis sa nomination à la tête de la gendarmerie nationale, Jean Baptiste Bokam, jusqu’à présent, n’était sorti que pour stigmatiser les cas d’indiscipline de certains gendarmes. Cette fois, il distribue les bons points. La cérémonie intervient dans un contexte marqué par le redéploiement du personnel de la gendarmerie.
En effet, le 45e stage du certificat d’aptitude technique N°1 vient de décliner ses résultats.
Près de 1200 candidats - élèves gendarmes, élèves sous officiers et candidats libres - l’ont passé avec succès. Le colonel Gabriel Fono Momo, qui présentait samedi les grandes orientations de ce stage, veut bien croire que les nouveaux lauréats, à l’image de ceux qui ont neutralisé les évadés de la prison de Yoko, sauront donner à la gendarmerie une image reluisante.
Source: La Nouvelle Expression
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