Après la phase protocolaire, les travaux du 9e sommet de l’Union africaine sont entrés dans le vif du sujet.
Retardées pour permettre aux groupes de travail sur le NEPAD et le MAEP (mécanisme africain d’évaluation par les pairs) de siéger (le président Biya était représenté aux travaux du comité directeur du NEPAD par le ministre d’Etat Jean-Marie Atangana Mebara), les discussions en plénière du sommet de l’Union africaine ont véritablement commencé hier matin.
Le chef de l’Etat camerounais est arrivé dès 9 h 30 mn au Centre international des conférences d’Accra. Les travaux des chefs d’Etat se déroulent pour l’essentiel à huis clos. Mais le hall est peuplé de nombreux experts ayant pris part aux préparatifs du sommet depuis deux semaines.
Même si l’un des points chauds du sommet — l’élection des commissaires — a été reporté en janvier prochain, il reste un gros morceau sur la table des chefs d’Etat : la forme que prendra le " gouvernement " africain en discussion. Comme pour repartir sur les bases d’un vieux débat, on revient, presque, à la ligne qui divisa l’Afrique dans les premières années des indépendances : la souveraineté des Etats contre l’unification du continent. Certes, il s’agit là d’une schématisation pour bien illustrer les camps, mais les préoccupations actuelles ne sont pas très différentes.
Les discussions, prises sous l’angle politique, ne manquent pas de piquant. Les pouvoirs de la Commission africaine à peine bien circonscrits, voici que se pose le problème du " gouvernement " africain. Sa forme, ses pouvoirs, le mode de désignation de ses membres, etc… toutes choses qui alimentent les débats.
Mais sur le versant économique, les choses semblent se mettre en place avec plus de volontarisme. Ainsi, dimanche en fin d’après-midi, une demi-douzaine de ministres a lancé le PAIDF (Pan African Infrastructure Development Fund, Fonds panafricain pour le développement des infrastructures). Une initiative dans le sillage du NEPAD qui entend impulser des actions en vue de doter le continent africain d’infrastructures (routes, chemins de fer, télécommunications, barrages hydroélectriques, santé, éducation et autres.
Pour le ministre ghanéen des Affaires étrangères, Nana Dankwa Akufo Addo, ce jour est historique. En ce sens qu’il montre que les Africains ont décidé de prendre leurs responsabilités pour sortir du sous-développement, l’absence ou l’insuffisance de ces infrastructures constituant un obstacle majeur à l’accroissement de l’activité économique.
Quant à Mme Zuma, ministre sud-africain des Affaires étrangères, l’option d’un fonds africain indique clairement que " l’épargne africaine va servir au développement de l’Afrique ". En présentant le Fonds, son président, Tshepo Mahloele, a annoncé que 625 millions de dollars (environ trois cent milliards de francs CFA) sont déjà mobilisés, une somme identique étant promise par des investisseurs attendant que les structures du Fonds se mettent définitivement en place, ce qui peut être considéré comme fait.
Le chantier est immense. Le défi excitant. " Rain is about to fall on Africa " a-t-on entendu dans les couloirs. Des pluies qui annoncent une renaissance d’un continent qui, enfin, prend conscience de son énorme potentiel. Juste une illustration : à peine 7% du potentiel hydroélectrique de l’Afrique est exploité à ce jour. A la fois une richesse — puisque cette énergie produite peut être vendue — et un moteur du développement car la disponibilité de l’énergie booste les activités.
Les discussions sur le terrain de l’économie risquent d’aller plus vite que celles politiques. Des opérateurs économiques multinationaux africains mettent la pression.
Source: Cameroon Info
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