En pareille circonstance, le groupe électrogène de soutien de Aes-Sonel, l’entreprise chargée de la distribution du courant électrique, prend automatiquement le relais. Mais ce groupe ne démarre pas. Le palais de Mvomeka’a dispose également d’un groupe qui devrait pallier les manquements des deux premières sources d’énergie. Mais lui aussi ne démarre pas. Acte de sabotage ou coïncidence malheureuse ?
Toujours est-il que Paul Biya sera contraint de vivre, selon les témoignages, pendant 24 heures sans électricité. Il a certainement du se remémorer, avec une pointe de nostalgie, ce Mvomeka’a de son enfance où, même la lampe tempête était un luxe.
En regardant quelques-unes des cases qui sont dans le périmètre du palais, on est enclin à penser que cette époque n’est pas si lointaine pour certains des habitants de ce hameau traversé de toutes parts par le bitume. Cet incident permet de mieux comprendre la sollicitude dont est l’objet la province du Sud ces dernières semaines, de la part des autorités en charge du secteur de l’électricité.
La semaine dernière, c’est le directeur général adjoint de l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel) qui a effectué une visite des installations de Aes-Sonel dans la région, annonçant un renforcement des contrôles et l’application de pénalités contre Aes-Sonel qui peine à tenir ses engagements. Avant lui, c’est le ministre de l’Eau et de l’Energie, Jean Bernard Sindeu, qui a démarré de manière impromptue une tournée dans la province du Sud en proie à des difficultés de fourniture d’énergie électrique. Point culminant de cette tournée du ministre… le Dja et Lobo.
Sabotage
Pourtant ces problèmes ne sont pas une donnée récente. Rencontré vendredi dernier, Roger Bingono, habitant d’Ako’o-Esse, un village situé sur la route reliant Sangmelima à Meyomessala par Mezesse, soutient que cela fait deux ans que son village est sans électricité et que les multiples plaintes à Aes-Sonel n’y ont rien fait. "Ca fait deux ans qu’on a volé les câbles ici au village et que nous n’avons pas d’électricité.
Les câbles ont été volés quand les habitants du village étaient au champ", soutient-il. Une situation qui n’est pas l’apanage de ce village sur cet axe routier et qui, selon Henri Zoa, chef du département commercial Aes-Sonel dans le Sud, justifie les désagréments récurrents de ces derniers mois. Albert Mangwa, précise que depuis sa prise de fonction comme chef d’agence Aes-Sonel à Sangmelima, il y a plus d’un trimestre, "il ne se passait pas 48h sans une interruption. Des recherches ont permis de se rendre compte de ce que sur dix interruptions, huit provenaient de la même zone, celle de Meyomessala."
A la suite de deux plaintes déposées par Aes-Sonel auprès du procureur de la république à Sangmelima le 19 juin dernier, la compagnie de gendarmerie de Sangmelima, appuyée par un expert de Aes-Sonel, va mettre la main sur cinq suspects. Lors des perquisitions qui se sont déroulées au domicile de deux des suspects par les éléments du chef d’escadron Paul Mbock, il a été retrouvé entre autres des grimpettes, des câbles divers, des parafoudres, des chaînes d’isolateurs, des coupe-circuit à fusible, des palans, des pinces, des perches, des dispositifs de mise à terre… Quelques-uns de ces instruments ne sont pas en vente libre.
Ce qui laisse penser que ces personnes agissaient avec des complicités internes à Aes-Sonel. Il nous d’ailleurs été rapporté par des sources internes à Aes-Sonel qu’un cadre de l’entreprise a été interpellé vendredi dernier à Sangmelima et est gardé à vue.
Le chef d’escadron Paul Mbock, soutient par ailleurs que l’un des suspects interpellé, Cyrille Ngbwa, dont la résidence se situe dans le périmètre présidentiel à Mvomeka’a était considéré par les populations comme un employé de Aes Sonel. Face à la réaction lente voire inexistante des services de dépannage de cette société dans la région, les services de cet ancien collaborateur externe de Aes-Sonel, "connu des responsables de la société jusqu’au niveau d’Ebolowa", étaient requis même par des élites pour qu’il rétablisse l’électricité quand celle-ci n’était pas disponible.
Tâche dont il s’acquittait d’ailleurs avec succès, mais non sans conséquences sur les installations de Aes-Sonel et la qualité du service fourni par cette société qui est loin d’avoir bonne presse dans le département du Dja et Lobo.
Source: Quotidien Mutations
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