Nous sommes vendredi, et les fidèles de ce temple sont là, sirotant quelques verres d’alcool local. Les vendeuses de poisson braisé remplissent leur office, comme toutes les personnes évoluant dans le microcosme qui s’est formé ici. Soudain, un cri troue la tranquille rumeur de l’après-midi. Suivi rapidement par beaucoup d’autres, teintés de panique. La raison ne tarde pas à être connue : surgi comme de nulle part (un témoin dira : d’entre les pieds d’un petit garçon), un serpent se présente à la masse.
Très vite, c’est le mouvement de foule. Entre l’envie de voir le " monstre " et le désir d’échapper au danger qu’il représente, les émotions s’entrechoquent. Les mouvements s’accélèrent. Finalement, le reptile gagne l’espèce de marécage qui s’étire derrière la Poste et la Sonel Centrale. Un des badauds le prend alors en chasse. Sous les yeux des témoins s’engage une course-poursuite pour le moins inhabituelle.
Le serpent pourrait trouver refuge dans les hautes herbes, mais sa peau sombre jure trop avec le décor. A un moment, il se redresse et fait face à son poursuivant. Pas ému outre mesure par cette volte-face, le chasseur lève le madrier dont il s’est armé et frappe à la tête. Encore. Et encore. Enfin, il se saisit du serpent inerte et le montre à la foule, comme un trophée de chasse (n’est-ce pas cela, au fond ?). La dépouille de l’animal a ensuite pris une destination inconnue. Les buveurs d’Odontol pouvaient retourner à leur activité. Ne serait-ce que pour faire passer ces émotions.
Source: Cameroon Tribune
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