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Sarkozy entre rupture et continuité
(28/05/2007)
Le nouveau locataire de l’Elysée prend ses marques africaines.
Par Ambroise Ebonda

Ellen Johnson Sirleaf, la présidente du Liberia, aura été le 24 mai, le premier chef d’Etat étranger reçu au Palais de l’Elysée par le nouveau président français Nicolas Sarkozy, qui avait annoncé lors de sa campagne électorale, qu’il ferait de l’Afrique une des priorités de sa présidence, dans le cadre d’une relation rénovée. Lors de son déplacement au Bénin en mai 2006, Nicolas Sarkozy avait, en effet, promis de “ refonder la politique africaine de la France sur des relations transparentes et officielles entre pays démocratiques ”, de “ tourner la page des complaisances, des secrets, des ambiguïtés ” et de “cesser de traiter indistinctement avec des démocraties et des dictatures”.

Il avait aussi annoncé que l’aide publique au développement ne serait plus “ une prime à la mauvaise gouvernance et aux régimes prédateurs ”, la priorité devant revenir à ceux des pays “ et pas seulement francophones qui respectent ces principes ”.
Quoi de mieux pour marquer cette rupture d’avec les “ réseaux d’un autre temps ”, que la visite de Johnson Sirleaf ? Elle vient d’un pays anglophone, n’appartenant pas à l’ancien ‘’pré – carré’’ africain de la France.

Un pays pauvre, mais méritant, qui se bat courageusement pour se remettre des ravages d’une longue guerre civile. Elle est aussi surtout le symbole d’un certain renouveau démocratique. C’est la première femme élue chef d’Etat en Afrique, et elle mène une lutte déterminée contre la corruption et pour la bonne gouvernance. Seulement, la visite de la présidente du Liberia est contrastée par celle, 24 heures plus tard, du président gabonais Omar Bongo, doyen des chefs d’Etat africains, depuis 40 ans au pouvoir. Le symbole vivant de la Françafrique décriée. Le message est clair : la rupture annoncée se fera dans la continuité. La Françafrique est trop précieuse pour la France, et elle ne disparaîtra pas du jour au lendemain. Simplement, elle sera remodelée. Sarkozy y mettra de la forme.

Vitale Afrique

L’Afrique reste doublement vitale pour la France. Elle sera encore demain l’un des principaux champs de la compétition politique, stratégique et économique entre les grandes puissances. Elle reste un enjeu pour la stabilité du monde et la lutte contre le terrorisme. Les Américains ne s’y sont pas trompés qui envisagent installer sur le continent un commandement militaire d’ici à fin 2008. L’Afrique demeure aussi un vaste réservoir de ressources énergétiques, principalement le pétrole aujourd’hui, et l’eau demain.

Importantes ressources pour lesquelles la Chine et les Etats-Unis se livrent déjà une sourde guerre froide. Or, la France n’est pas en reste. Elle voudrait même préserver en Afrique une certaine clientèle ; cet espace d’influence et de solidarité diplomatiques, dont elle se servira encore demain pour avoir une minorité de blocage face aux puissances anglo-saxonnes, dans les rapports de force du commerce international, à l’Omc notamment.
Economiquement, bien que l’Afrique ne représente que 5% des échanges internationaux de la France, elle n’en est pas moins très rentable. Au-delà des précieuses matières premières que l’Afrique fournit à la France, elle lui dégage un véritable ‘’cash-flow’’.

Plus de 70% des filiales et succursales des entreprises françaises en Afrique sont régulièrement bénéficiaires. Le solde économique des échanges de la France avec le continent noir est toujours positif. En 2005, il était de + 3 milliards d’euros, de loin meilleur que le solde France/Europe par exemple, qui se situait lui à – 18 milliards d’euros. De loin plus rentable aussi que les échanges avec les Amériques. Lorsque Paris exporte pour 600 milliards d’euros en Amérique du Nord, elle y dégage près de 50 milliards de bénéfices. En en exportant vers l’Afrique un volume inférieur à 150 milliards d’euros, elle y dégage 40 milliards de bénéfices.

Discrétion

Cette double réalité n’échappe pas au nouvel élu français. Toute l’obsession du successeur de Jacques Chirac est de préserver les intérêts français en Afrique, en veillant à ce que Paris se mouille le moins possible. Une ambition bien américaine : faire les affaires, mais rester discret. La rupture prônée par Nicolas Sarkozy consistera à ouvrir la France à l’Afrique économiquement utile et à sortir du face-à-face schizophrénique avec le pré - carré, dans lequel elle a pris de sérieux coups au Rwanda, au Zaïre et en Côte-d’Ivoire.

Paris va donc élargir son champ d’action géographique en nouant des liens plus durables avec des pays anglophones, lusophones et arabophones. Une réorientation politique imposée par la réalité économique. La France est désormais un partenaire commercial important des pays africains non francophones qui représentent plus de 50% de ses échanges avec l’Afrique. Ses quatre principaux partenaires économiques et commerciaux subsahariens sont le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Angola et le Kenya. Loin devant la Côte-d’Ivoire, premier pays francophone du rang.

Dans le pré - carré, politiquement encombrant, le nouveau locataire du Palais de l’Elysée devrait choisir la discrétion. Il entend ainsi limiter au strict minimum la présence militaire française en Afrique. Comme déjà annoncé par son prédécesseur au sommet France – Afrique de Bamako, au moins deux des cinq bases militaires françaises en Afrique devront bientôt fermer. Celles d’Abidjan et de Ndjamena notamment. Survivront peut-être celles de Dakar, de Libreville et de Djibouti. Mais, elles seront appelées à travailler en liaison avec les soldats de l’Union africaine, ou sous mandat de l’Onu. Mais là n’est que la vision de la France. Qu’en pense l’Afrique ?



Source: Le Messager


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