Environ 275 000 fcfa (450 Euros), c'est la somme que devraient toucher dans les tout prochains jours les étudiants camerounais de l'étranger. Selon des informations recueillies dans les milieux de la diaspora camerounaise à l'étranger, le président de la république aurait donné des instructions fermes pour que cette somme soit débloquée à ceux des étudiants camerounais ayant sollicité une bourse d'étude l'année dernière.
Dans les différentes représentations diplomatiques du Cameroun à l'étranger (Europe, Usa, Afrique du Nord ), la liste des heureux bénéficiaires serait déjà affichée. Evidemment ne sont pas concernés par cet acte de "magnanimité" du président Biya, ceux des étudiants camerounais qui ont ouvertement manifesté ces derniers temps leur hostilité à l'égard du régime Biya. Ce geste intervient à un moment où la diaspora camerounaise se montre de plus en plus active pour l'avènement d'une société plus démocratique au Cameroun. Ces compatriotes de l'étranger ont par deux fois bravé l'imposant cordon de sécurité autour de la suite présidentielle en visite officielle dans certaines capitales occidentales notamment à Londres et à Paris, pour exprimer leur colère face à ce qu'ils qualifient de « gestion scandaleuse du Cameroun par M Biya et sa clique »
Au mois de mars 2003, la deuxième visite officielle de Paul Biya à Londres depuis son arrivée au pouvoir en 1982 s'est déroulée avec beaucoup de tumultes et pour cause, le cortège présidentiel dans les rues de Londres a déployé toute son ingéniosité pour esquiver tomates et oeufs pourris que lui jetaient les Camerounais vivant en Europe et réunis autour de plusieurs associations et autres représentations de partis politiques. Cette action survenait après que ces mêmes compatriotes aient auparavant pris d'assaut le 10 Downing Street (la résidence officielle du Pm anglais), brandissant des pancartes hostiles au régime Biya.
Moins de deux mois seulement après cette mésaventure, plus précisément le 26 avril 2004, le chef de l'Etat camerounais invité par son homologue français Jacques Chirac au sommet de l'Autorité du bassin du Niger (Abn) sera confronté à la détermination et surtout l'intrépidité de la diaspora camerounaise qui une fois de plus saisira le prétexte de la venue à Paris de M Biya et sa délégation pour faire entendre sa voix sur certaines préoccupations d'ordre politique au Cameroun. La police française sera contrainte de boucler les parages du centre des conférences internationales de la rue Kléber pour éviter tout désagrément à la suite présidentielle camerounaise. Les revendications de la diaspora camerounaise sont assez claires. Entre autres revendications, elle « exige du régime impopulaire, tortionnaire et corrompu de Paul Biya, le droit de vote de la diaspora camerounaise, la création d'une commission électorale indépendante pour une élection transparente libre et démocratique, une élection présidentielle à deux tours »
Clientélisme
Dans la communauté estudiantine de l'étranger, l'on interprète ce geste de Paul Biya comme un marchandage pré-électoral. Surtout que cette communauté exige à cor et à cri depuis belle lurette le droit de participer aux élections au Cameroun. Certains voient également en cette sollicitude du prince d'Etoudi une récompense pour ceux des étudiants camerounais qui n'ont pas lésiné sur leur précieux temps pour aller applaudir Biya à Londres et à Paris, au moment où le regroupement des forces patriotiques camerounaises s'obstinaient à montrer à la communauté internationale le caractère autoritaire du régime du renouveau.
Cette générosité du président de la république à l'endroit des étudiants camerounais de l'étranger est-elle suffisante pour noyer les revendications de ceux-ci ? Rien n'est certain. Car à l'évidence, même si la somme de 450 euros constitue une manne non négligeable pour nombre de compatriotes vivant en Europe. Reste que bon nombre d'étudiants camerounais vivant à l'étranger, porte flambeaux des revendications auraient été exclus du fait de leur militantisme. Donc, les destinataires de la générosité présidentielle ne seraient en définitive que les fils et autres filles des barons du régime acquis à sa cause et ayant fui la décrépitude avancée des universités camerounaises pour l'Europe, l'Amérique du Nord et les pays du Maghreb.
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