"Je suis très déçu de ce qui se passe depuis samedi. Je ne comprends pas qu`un grand pays comme le Cameroun n`ait rien comme arsenal pour secourir les victimes d`une catastrophe", se lamente un proche d`un disparu rencontré à l`hôpital où sont acheminés les corps des victimes.
"La tour de contrôle de l`aéroport international de Douala ne dispose pas d`équipements appropriés", soutiennent des experts tant de l`Autorité de l`aviation civile (CCAA, sigle en anglais), de l`Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et Madagascar (Asecna) que de l`armée de l`air camerounaise.
"Il a fallu 48 heures pour retrouver l`épave d`un avion dont on avait perdu le signal quelques minutes seulement après son décollage", se désole Alphonse, un cadre de banque.
Pendant que les équipes techniques kenyanes affirmaient avoir perdu le signal du vol KQ 507 de Kenya Airways deux minutes après son décollage et soutenaient que cet appareil ne pouvait pas être loin de l`aéroport, leurs homologues camerounais déclaraient avoir perdu son signal cinq minutes après son décollage et orientaient les premières recherches à 200 km de l`aéroport.
"Si les autorités camerounaises compétentes ont orienté les premières recherches vers Nyété, Lolodorf, Bipindi, Campo, Mvengue dans la province du Sud, alors que l`appareil se trouvait à Mbanga Pongo, dans l`arrondissement de Douala troisième, cela explique que le pays n`est pas outillé pour de pareilles situations", estime un employé d`une compagnie de téléphonie mobile, sous couvert d`anonymat.
Le premier hélicoptère envoyé dans le Sud pour patrouiller appartient à la compagnie pétrolière COTCO. Il a fallu l`aide précieuse de la France pour pouvoir lancer avec efficacité les opérations de recherches.
A Kribi comme à Douala, les autorités locales ont eu recours aux moto-taxis pour rallier les zones de recherches. Sur le site du sinistre, à Mbanga Pongo, les équipes de recherches pataugent dans la boue et manipulent les parties des corps retrouvées dans des tenues légères, constituées de gants, de masques et de bâtons.
"Pour le moment, nos équipes ne peuvent évoluer qu`en surface. Nous attendons les Américains qui sont mieux outillés pour aller au fond de la boue, notamment pour entamer le cratère où est enfoncée la carlingue principale de l`avion", témoigne un militaire camerounais.
La catastrophe du Boeing de Kenya Airways a en tout cas mis à nu le dénuement du Cameroun et son impuissance à faire face à certaines tragédies.
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