"J`annonce notre sortie de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international", a-t-il dit. Hugo Chavez, dans un de ces discours enflammés contre le libéralisme a également qualifié les deux institutions de Bretton Woods de "mécanismes de l`impérialisme" destinés à exploiter les pays pauvres. Devant des millions de Vénézuéliens, rapportent Libération et Le Monde, quotidiens français.
Pour le président Chavez, le Fmi et la Banque mondiale "doivent […] rendre les fonds" indûment perçus sur le labeur des habitants des pays pauvres, dont le Venezuela. "Nous avons quelques dollars là-bas", a-t-il lancé. Son message transmis lundi par la télévision nationale survenait justement à l’occasion de la fête du 1er mai, journée internationale de célébration du travail. La veille, le président vénézuélien avait affirmé devant les représentants des pays alliés du Venezuela que l’Amérique latine irait mieux sans la Banque mondiale et le Fmi.
Au moment où le Venezuela quitte le Fmi et la Banque mondiale, Chavez, qui dirige le pays depuis 1999, avait organisé quelques semaines auparavant le remboursement des dettes du pays auprès de la Banque mondiale. Aujourd’hui, il justifie ce retrait: " Il vaut mieux que nous sortions avant qu`on nous ait pillés. Pourquoi? Parce que (ces institutions) sont en crise. J`ai lu dans la presse que le Fmi ne pouvait pas payer les salaires", a encore expliqué le président vénézuélien dans son discours.
"Ici au Venezuela, c`est le Fmi qui commandait, ce mécanisme aux mains de l`impérialisme nord-américain (...) afin de lui imposer des politiques économiques et sociales brutales", a poursuivi le chef du mouvement anti-libéral de la gauche radicale latino-américaine réélu en décembre, qui a également annoncé une hausse de 20% du salaire minimum. D’après lui, les ministres des Finances vénézuéliens des cabinets qui se sont succédés avant sa "révolution bolivarienne" étaient des serviteurs des intérêts étrangers. "Ils vivaient pratiquement là-bas à Washington et c`était presque une condition requise qu`ils parlent anglais. Moi j`ai un ministre des Finances qui parle espagnol", a-t-il souligné.
Pauvreté
Pour donner le change aux institutions de Bretton Woods, Hugo Chavez envisage de créer une banque d’Amérique latine, que financeraient les revenus pétroliers du Venezuela. Une telle banque se substituerait au Fmi et à la Banque mondiale qui, selon lui, sont à l’origine de la pauvreté en Amérique du sud. Ce projet de "Banque du Sud" réussira-t-il à donner plus d`autonomie aux pays d`Amérique latine à l`égard des institutions internationales ?
Toujours est-il qu’il a déjà reçu le soutien de l`Argentine, la Bolivie, du Brésil et de l`Equateur (dont le président socialiste Rafael Correa, allié de Hugo Chavez, a récemment expulsé le représentant de la Banque mondiale dans le pays). Ce qui n’est pas pour plaire à la puissance tutélaire contestée dans la région : les Etats-Unis. Washington a ainsi accusé Chavez d’être un élément déstabilisateur en Amérique Latine.
La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a même déclaré mercredi que le président vénézuélien détruisait son pays "économiquement et politiquement". Le Fmi est confronté à une crise de légitimité, notamment en Amérique latine, où il fait face à une vague de mécontentement grandissante et bien plus grande qu’en Afrique où ses programmes d’ajustement structurel ont détruit le fragile tissu social et économique de certains pays comme le Cameroun.
Les mêmes régimes d`austérité imposés par le Fonds dans les années 1980 et 1990, n’ont pas empêché certains pays d`Amérique du Sud (Brésil, Uruguay, Argentine) de s`affranchir de cette tutelle en remboursant par anticipation une grande partie de leurs dettes grâce à la croissance économique retrouvée.
Source: Quotidien Mutations
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