" Tout le monde n’a pas la même chance que moi, dit-il. J’étais employé au lycée technique d’Obala où j’avais 27 heures de cours par semaine et 25.000Fcfa de salaire que me payait l’Association des parents d’élèves de ce lycée. Avec cet argent, je devais me nourrir et subvenir aux besoins de ma famille. Je n’ai pas pu tenir et je suis rentré à Yaoundé où j’ai une maison à ma disposition et je peux vivre de façon décente", raconte cet instituteur de l’enseignement technique.
C’est que, depuis de nombreuses années, les instituteurs des lycées techniques camerounais formés dans les écoles normales d’instituteurs de leur catégorie (Soa, Douala, Bengwi), ne sont pas intégrés à la fonction publique camerounaise. Une situation qui, au fil des ans, a finit par nourrir leur amertume. Surtout avec le recrutement de 13000 instituteurs vacataires et maîtres d’écoles il y a quelques mois par le ministère de l’Education de base. "Nous appartenons pratiquement à la même catégorie de personnes. Je ne comprends pas pourquoi on est traité différemment. Nous assurons à 80% le service dans les lycées techniques, les Cetic, Sar-sm et c’est nous qui sommes lésés. Ce n’est pas normal!" se récrie Léopold Brice Awona Nga.
Il dit ne pas comprendre pourquoi, malgré l’absence d’un procédé officiel pour l’accession à un nouveau grade dans leur catégorie, il leur est demandé de passer d’abord par le cap de vacataire avant d’être intégrés dans la fonction publique. Ce d’autant que, affirme-t-il, depuis quelques années, l’Ecole normale supérieure de l’enseignement technique, basée à Douala ne forme pas de professeurs en certaines matières. De fait, ce sont les instituteurs de l’enseignement technique qui sont appelés à boucher les trous en ces matières dans les différents établissements.
Pour se faire entendre, et dans le but d’améliorer leurs conditions de vie, l’Amicale des instituteurs de l’enseignement technique dont il est membre a remis un mémorandum au mois de février dernier au ministre des Enseignements secondaires (Minsec), Louis Bapès Bapès. Dans ce mémorandum, ils réclamaient entre autres, leur intégration à la fonction publique d’autant que, pour certains, ils travaillent depuis dix ans sans percevoir le moindre salaire. De même, ils s’interrogent sur l’avenir de l’instituteur de l’enseignement technique au Cameroun et de cet ordre d’enseignement. Au Minesec o affirme tout juste que le dossier de ces derniers est à l’étude.
Par ailleurs, ces instituteurs, accompagnés dans leur combat par les autres syndicats de l’enseignement tels, l’Onec, l’Ode, Synaes… réclament une amélioration des conditions de travail (équipements, infrastructures…) et que l’on accorde davantage d’intérêt à l’enseignement technique. "Jusqu’à présent, 99% des parents inscrivent leurs enfants dans les établissements d’enseignement général alors qu’ils savent pertinemment que cela n’aboutira à rien. Ils n’auront pas un métier clair à exercer. Ceci, contrairement aux élèves des lycées techniques et autres Cetic qui, avec un niveau Cap pourra déjà faire quelque chose de ses mains. C’est très important", confie Léopold Brice Awona Nga.
Source: Quotidien Mutations
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