Vous avez récemment été au Cameroun : dans quel cadre vous y êtes-vous rendue ?
Nous sommes retournés au Cameroun, en réalité. L’année dernière, nous étions déjà au Cameroun : moi, présidente d’honneur et Mme Donano, présidente effective de l’association Fraternité française.
Comment était composée votre délégation ?
De Mireille Donano, présidente de Fraternité française, de moi-même, présidente d’honneur, ainsi que de Jean-Michel Dubois, le politique de l’étape, qui était là pour des choses plus sérieuses. On m’avait demandé à moi personnellement d’être la marraine d’une école qui en avait grand besoin, qui est très éloignée de la ville et – une chose qui nous a beaucoup touché – ils avaient besoin de locaux ; nous leur avons donc fait un don qui leur a permis de construire des classes saines, sèches avec des planchers ; en tout cas pas inondées, alors qu’il s’agissait de locaux très insalubres. Et on nous avait sensibilisé sur le fait que de pauvres petits enfants, de tout petits même, devaient marcher deux à trois heures le matin, cinq à six kilomètres pour arriver à l’école.
En plus, les routes sont extrêmement dangereuses là-bas ; donc il y a une mortalité infantile énorme, proportionnellement aux tués sur la route, aux adultes. Et ils n’avaient jamais rêvé un jour, même en priant le ciel, d’avoir un minibus qui les emmène à l’école. Pendant toute l’année, tout le monde s’est mobilisé, on a fait des quêtes et Mireille m’a annoncé il y a un mois que le minibus était achetable. Ça a donc été une grande joie de pouvoir emmener ce minibus et contribuer ainsi à changer la vie d’une toute petite population.
C’est la première fois que vous intervenez ainsi au Cameroun ?
Fraternité française aide davantage les Français. On est souvent saisi de cas bouleversants, graves et urgents auxquels nous devons faire face. Mais là au Cameroun, ça été une cause quelque peu gratuite dans ce sens que, très directement, elle ne nous procure pas de satisfaction nationale. Sauf que nous aussi nous pouvons être émus par d’autres peuples, d’autres façons de vivre, d’autres communautés. Et j’ajoute que le Cameroun est francophone, que les gens sont très aimables, et vous accueillent avec une chaleur particulière […]. Là, j’ai senti que c’était des gens tout à fait comme nous, très très proches de nous.
Et, est-ce donc tout cela qui a fait en sorte que vous soyez reçus, tel que vous l’avez été, à un si haut niveau ?
A vrai dire, on ne pouvait pas faire mieux ! Après avoir remis notre autobus à Foumban, après avoir inauguré un pont – il y a un pont à Dschang qui, une fois terminé, portera son nom ; je ne le prends pas pour moi directement, mais vous n’ignorez pas que Jany le Pen signifie surtout "Le Pen"… A Dschang aussi, nous avons assisté à un spectacle folklorique d’une qualité exceptionnelle, artistique étonnante. Ensuite, nous sommes allé s voir les pygmées dans le fin fond du Cameroun, après Kribi et ses belles plages, après deux heures de pirogue et une heure de marche à pied dans une espèce de jungle qui est très bizarre, très hostile à nous autres Européens.
Vous êtes donc partie de loin, pour vous retrouver au palais d’Etoudi…
C’est après ce périple que nous avons eu la surprise merveilleuse que madame Chantal Biya, l’épouse du président, qui avait su que nous étions-là, a demandé à nous voir, sans que nous n’ayons rien demandé, ni cette année, ni l’année d’avant.
C’est la première fois qu’elle entendait parler de vous, et que vous la rencontriez ?
Mon association avait déjà envoyé, au courant de l’année dernière à la Fondation Chantal Biya, qui est très active, comme on sait dans le domaine de la santé publique et notamment, du sida. Nous avons donc envoyé là-bas des équipements très pointus pour l’hôpital. Mme Chantal Biya voulait donc me remercier depuis six mois ; et dès qu’on lui a dit que nous étions revenus avec fidélité – elle ne pouvait pas s’y attendre, puisque nous n’avions rien prévu de manière très précise – elle nous a invité au palais présidentiel où elle nous a reçus de manière merveilleuse, généreuse comme les Camerounais savent l’être. Et même, avec une déclaration à la télévision locale. Nous y étions à 15h 30 et nous en sommes repartis à 19h 30, de manière très pressée. Elle nous a d’ailleurs fait escorter par sa voiture personnelle et son chauffeur, ce qui était quand même très agréable.
A-t-elle apporté son soutien à votre mari ou pas ?
Ce que je dis aujourd’hui, je l’ai dit sur les marches, à la sortie du palais présidentiel, et ces propos sont passés à la télévision, largement, sans coupure, sans en prendre des extraits. On a passé tout ce que j’avais dit, de sorte que, lorsque nous sommes arrivés à l’aéroport, à l’enregistrement, le public, tout le monde me saluait en me disant, "on vous a vue à la télévision ; vous aidez le Cameroun, c’est bien, merci, longue vie et bonne chance au président". C’était très agréable pour Jean-Marie, évidemment.
Source: Quotidien Mutations
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