Le patron du groupe pétrolier français Total, Christophe de Margerie, était convoqué hier, 21 mars 2007, à la Brigade de répression de la délinquance économique (Brde) à Paris, dans le cadre d'une affaire concernant des soupçons de corruption en Iran et au Cameroun. Selon une information relayée par l’Afp, M. de Margerie a été interrogé par les policiers, qui agissent sur commission rogatoire du juge Philippe Courroye, sur une affaire de corruption visant à obtenir un marché gazier en Iran. L’enquête porte sur un contrat d'exploitation de gaz sur le site de South Pars en Iran signé en 1997.
D’après des informations du journal l'Est Républicain, l’affaire de corruption concernant les activités de Total au Cameroun et pour laquelle le parquet de Paris avait ouvert, le 8 janvier dernier, une enquête préliminaire sur des soupçons de " corruption d'agents publics étrangers " dans l'exploitation et la commercialisation du pétrole camerounais est aussi ouverte. Mais les enquêteurs n'interrogent pas encore M. de Margerie sur ce sujet, selon une source proche du dossier. A ce jour, ils disposent uniquement de soupçons sur des mouvements de fonds suspects sur le compte d'un fonctionnaire camerounais en France.
Toutefois, pour le dossier concernant le Cameroun, révélé par un signalement de Tracfin, la cellule antiblanchiment du ministère de l'Economie et des Finances, en novembre 2006, les enquêteurs tenteront de faire la lumière sur les conditions de la signature de deux importants contrats entre le gouvernement camerounais et Total. L'examen du compte de Pedro de Almedia, dirigeant de la société Addax à Rotterdam (qui exerce dans la vente en gros de produits pétroliers) faisait apparaître, entre janvier 2005 et août 2006, de nombreux retraits en espèces et l'émission de chèques à l'ordre d'Adolphe Moudiki, patron de la Société nationale des hydrocarbures du Cameroun (Snh). Les enquêteurs ont fait un lien avec Total, car au moment de ces mouvements de fonds, le pétrolier français obtenait du gouvernement camerounais la conclusion de deux importants contrats d'exploitation de nouvelles concessions pétrolières, signés notamment par Adolphe Moudiki.
Suspectant des versements de commissions occultes ou de blanchiment de capitaux, la justice française devrait vérifier les rôles joués dans le négoce du pétrole par Total via une filiale de la Snh, Tradex et Addax. Le parquet de Paris avait ouvert le 8 janvier dernier une enquête préliminaire sur ces soupçons de " corruption d'agents publics étrangers ". Selon l’Est Républicain, outre M. de Margerie, plusieurs autres haut-responsables du groupe étaient convoqués: le directeur financier Robert Castaigne, le directeur des ressources humaines, Jean-Jacques Guilbaud, le patron de la filière gaz Philippe Boisseau et le responsable d'une société de trading, Patrick Rambeau.
Source : Quotidien Mutations
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