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Pour ou contre la révision de la constitution ?
(20/03/2007)
Quelques députés Rdpc travailleraient à la préparation d’une proposition de loi visant à modifier certaines dispositions de la Constitution.
Par Franky Bertrand Bene / Jean Francis Belibi

Elle est de ceux qui ont émis il y a quelques années l'idée d'une modification de l'alinéa 2 de l'article 6 de la Constitution pour supprimer la limitation des mandats présidentiels dans la loi fondamentale. Avec le débat ouvert par quelques parlementaires de son parti, le Rdpc, sur une proposition qui viserait à matérialiser ce changement, Françoise Foning n'a pas varié sa position. Mieux encore, elle évolue à visage découvert et n'éprouve pas la gêne qui est perceptible chez certains de ses camarades de parti lorsqu'il s'agit d'aborder le sujet comme elle l’a fait lorsque nous l'avons jointe au téléphone hier en début d'après midi "Vous enfoncez une porte déjà ouverte", répond-elle d'emblée, comme pour dire qu'elle au moins assume ses choix.
Pour le député maire de Douala 5 et présidente de la Conférence mondiale des femmes chefs d'entreprises, " la vraie démocratie n'est pas dans la limitation des mandats du président de la République ", mais dans ce qu'elle considère comme "l'intérêt supérieur de la nation" . A savoir "que le Cameroun continue de vivre dans la paix".

Une paix qui, selon elle, ne serait mieux préservée que par l'actuel locataire du palais de l'Unité. Françoise Foning va plus loin quand elle affirme que "si je pouvais demander à Dieu de maintenir éternellement le président Biya en santé pour diriger le Cameroun, je le ferai".
Une position qu'est loin de partager son collègue Joseph Mbah Ndam. S'il émet des réserves sur l'existence d'une proposition de loi de ce type à l'Assemblée nationale, parce que selon lui, " en dix ans de présence à l'Assemblée nationale, je n'ai jamais vu une proposition de loi venant du Rdpc", le président du groupe parlementaire Sdf trouve curieux qu'une telle "démarche puisse exister aujourd'hui venant d'un groupuscule d'individus qui n'ont rien fait sur le terrain pendant cinq ans et qui voudrait flatter le président de la République dans le but d'obtenir une autre investiture " pour les élections annoncées dans les prochains mois.

Touche pas à ma constitution

Sur le fond des points à modifier, Joseph Mbah Ndam affirme sur un ton presque solennel: "Cette disposition constitutionnelle constitue un pacte entre l'actuel président de la République et le peuple camerounais". Loin d'être un simple passage dans ce texte, il s'agit pour le député de la Momo dans le Nord Ouest " d'une disposition issue de la tripartite de 1991 " Pour lui, la préservation de la paix sociale dans notre pays passe inéluctablement par le respect de cette disposition qui prévoit une transition démocratique après deux septennats à la tête du pays. Il cite l’exemple des remous politiques que connaît le Tchad en raison de la modification de sa loi fondamentale dans le même dessein.
"Tout ça ce n'est que de la surenchère politique pour une classe politique inapte à comprendre les enjeux de l'heure", pense Sindjoun Pokam. Pour l'opposant, "ce qui les intéresse c'est qu'on prolonge le mandat du président de la République". "Il faut modifier quelle constitution? Celle du 18 janvier 1996 ou celle de mai 1972 qui est d'ailleurs encore fonctionnelle ?" s'interroge encore l'homme politique. Pour lui, il faut remettre à plat toutes les deux constitutions. " Il ne s'agit pas de toucher un point par rapport à un autre. Ceux qui souhaitent la non limitation des mandats sont des opportunistes inquiets des derniers discours prononcés par le chef de l'Etat. Ils lui font de la surenchère. Ils lui demandent de rester au pouvoir tout en préparant son renversement", tranche Sindjoun Pokam.

Une position que partage Anicet Ekanè. Le président du Manidem précise que " Ce débat n'est pas nouveau. Grégoire Owona et Françoise Foning s'étaient déjà essayé à ça. C'est une proposition qui était dans l'air du temps au Rdpc. Notre sentiment c'est qu'il ne faut pas toucher à la constitution. Le président de la République a intérêt à organiser dès maintenant sa sortie en prenant des mesures pour réconcilier le pays réel avec le pays officiel. C'est la seule façon de permettre à notre pays d'éviter un désastre" argue t-il.
Interrogé sur le sujet, Garga Haman Adji, le président de l’Alliance pour la démocratie et le développement (Add) préfère attendre de voir le texte de la proposition de loi avant de se prononcer. La même prudence entoure la position de Issa Tchiroma Bakary qui attend de voir et d’en discuter avec les responsables de sa formation politique en création.

S'agissant de la question de l'allongement du temps de la vacance du pouvoir, Sindjoun Pokam est aussi tranché : " Ils se donnent simplement le temps de se préparer. Mais s'il y a vacance de pouvoir, on va s'appuyer sur laquelle des deux constitutions. En tout cas, les mécanismes actuels ne règlent pas les problèmes de succession au Cameroun. La vacance du pouvoir est problématique", affirme t-il. Issa Tchiroma estime pourtant que l’allongement de ce délai de 40 jours pour le faire passer de 90 à 180 jours est raisonnable dans la mesure ou "on ne peut pas préparer une élection présidentielle en 40 jours comme il est précisé dans la constitution en vigueur depuis janvier 1996."
Un avis partagé par le président du Manidem : " Dans le contexte actuel, il n'est pas possible d'organiser les élections en 40 jours. Surtout si ça arrive de manière accidentelle. On avait d'ailleurs déjà évoqué cette possibilité de rallonge dans le travail fait avec la commission justice et paix de la conférence épiscopale nationale", avoue-t-il.

Lorsque l’on évoque cet allongement du délai d’organisation des élections en cas de vacances au Cameroun, le président du groupe parlementaire Sdf se veut précis "Je ne souhaite pas une vacance de pouvoir au Cameroun, car elle pourrait engendrer des problèmes inédits et inattendus. Il ne revient donc pas à un groupuscule de députés qui ont tout perdu de prétendre à une modification de la constitution à des fins personnelles. Il faudra au moins une centaine de députés favorables pour que leur proposition de loi puisse passer". Même s’il trouve qu’il n’est pas possible d’organiser une élection présidentielle en 40 jours, "c’est le cadre dans lequel certains voudraient procéder qui n’est pas normal"
Sur la revalorisation du statut des leaders de l’opposition, Sindjoun Pokam précise que c’est une nécessité sur le plan du principe. Il s’interroge cependant : " Mais de quelle opposition on parle? L'opposition a montré son incapacité à enrichir le débat politique. Il faut une opposition performante, qui fait des lois. L'opposition actuelle sert de caution à un régime qui n'est pas démocratique."

" Une proposition qui avait déjà été faite par notre parti (Sdf ndlr). Mais dans le contexte actuel, elle se situe dans la même logique de ces gens qui croient devoir faire plaisir à quelques personnes pour faire passer leurs ambitions mesquines", précise Joseph Mbah Ndam qui trouve un peu curieux que " des députés du Rdpc s’intéressent au sort de l’opposition " cependant que le leader du Manidem pense qu’"il faut commencer par aménager un cadre pour que l'opposition s'exprime librement. A priori, on peut se satisfaire de la proposition de donner un statut aux leaders de l'opposition plurielle et non parlementaire".
A l’évidence, les vis restent partagés même si, globalement et pour des raisons diverses, l’essentiels des leaders des partis d’opposition ne voient pas d’un bon œil l’initiative de réviser la constitution, qui s’apparente à une grosse tricherie politique.


Source : Quotidien Mutations






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