Comment travaille donc le président de la République du Cameroun ? Dans un pays normal, une telle question ne se pose pas. Partant des faits relatifs à l’entourage direct du chef de l’Etat et de son mode de fonctionnement, un média occidental avait autrefois qualifié le Premier camerounais d’“ un vacancier au pouvoir. ” Aucun démenti formel de l’activité virtuelle de Paul Biya n’avait ainsi été enregistré. L’image d’un président passant l’essentiel de son temps à Mvomeka’a, son village natal, et/ou à l’étranger semble s’être inéluctablement incrustée dans la conscience collective de ses concitoyens.
Quelques temps après sa désormais historique démission du gouvernement, Titus Edzoa, ancien Sg de la présidence de la République, confiait à un confrère que : “ le problème, c’est que le président ne travaille pas assez. ” Beaucoup avaient quelque peu été incrédules face à cette révélation. Mais au fil des ans, on a quelque peu envie de croire que le pays est géré, dans sa plus haute sphère, à travers un système de pilotage se voulant automatique. Avec notamment un pilote qui, très souvent, se réveille subitement quand il veut, et où il veut.
Les collaborateurs directs à la tâche
On connaît les principaux services de la présidence de la République. Ce sont entre autres, le secrétariat général et le cabinet civil. Ceux-ci ont sous leurs connections administratives, des services rattachés ; hormis naturellement les services spéciaux que sont l’Etat major particulier, la direction de sécurité présidentielle, le commandement de la garde présidentielle et autres. Les hauts responsables nommés à la tête de ces services, sont appelés en langage diplomatique “ les collaborateurs directs du chef de l’Etat. ” Un ministre de la République, apparemment influent dans le sérail politique, nous faisait, dans une gestuelle parlante et captivante, la confidence suivante il y a quelques années : “ Le chef de l’Etat est là, au-dessus de tous. Les autres sont là-bas, très loin à ses pieds. Tous ceux qui là-bas, au niveau de ses pieds, travaillent pour le Président, et le triomphe absolu de sa politique. ” Une telle logique revient à dire que le secrétariat général, le cabinet civil et autres services vitaux de la présidence de la République travaillent pour le président. Et lui, de haut, les regardent faire en sachant que, chacun à son niveau, sait que toute décision finale ne sera que sa volonté.
Lors des absences du président de la République, ses collaborateurs directs travaillent, pour lui. Et Paul Biya a toujours eu un cercle restreint, le dernier carré de collaborateurs fidèles. Certains s’amusent souvent à avancer des noms. Mais comme le dit si bien Michel Roger Emvana dans son ouvrage “ Paul Biya : les secrets du pouvoir ”, l’homme du 6 novembre 1982 a développé le culte du secret. Pourtant, lorsqu’on voit comment s’activent autour de lui les René Owona, Justin Ndioro (tous deux hélas, de regrettée mémoire), René Sadi, Foumane Akame, Laurent Esso, etc., le président du Cameroun, en homme politique secret et mystérieux, a d’autres cercles. Dans ceux-ci, il construit, développe, gère et digère son pouvoir à la tête de l’Etat.
Et puis, il y a la présence de Chantal Biya. Comme on peut le constater. La Première dame du Cameroun ne quitte plus un seul moment son président de mari. Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Cela montre bien que son influence est grandissante auprès de Paul Biya. Elle joue désormais un rôle déterminant auprès du “Grand Manitou”. N’y a-t-il pas aujourd’hui dans notre pays, des hauts commis de l’Etat qui, consciemment ou inconsciemment se revendiquent publiquement d’elle, dans leur accession à des postes importants de responsabilité ?
Enfin, on ne saurait oublier ces cercles spirituels et/ou intellectuels. A l’intérieur ou à l’extérieur du pays, ces groupes s’organisent dans un travail acharné, afin que le pilote qu’est Paul Biya maintienne le cap. Quelle que soit la zone de turbulence qu’il traverse.
Source : Le Messager
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