La Cameroon Airlines (Camair) traverse depuis quelques jours une nouvelle zone de turbulences. Non satisfaits du règlement de leur séparation volontaire avec l’entreprise, certains ex employés de la compagnie aérienne ont saisi la justice jeudi, 22 février dernier pour le blocage des comptes de la compagnie.
Jusqu’au moment où nous allions sous presse, les comptes de la Camair, domiciliés dans plusieurs banques commerciales, a-t-on appris étaient toujours bloqués. L’information soutenue par des ex employés de la Camair n’est d’ailleurs pas entièrement démentie par les responsables de la Camair. Pour Basile Etoke, responsable de la cellule de communication, "l’opération a été très vite étouffée par les services juridiques de la Camair".
Ce dernier affirme que "ces services ont apporté à la justice des éléments qui battent en brèche ce que soutiennent ces personnes". A côté de l’existence du contentieux, pour les uns et les autres, le fond de la discorde reste la question du protocole de conciliation. Sur ce détail, la cellule de communication de la Camair fait un mystère. M. Eyango, l’un des délégués du personnel de la compagnie se montre peu disert. L’on sait, toutefois, d’après des informations glanées auprès de certains ex employés, que tout est parti de la non application par les dirigeants de la compagnie des clauses du contrat de conciliation qui avait été signé.
Rebelote
Suite à la restructuration engagée par l’Etat, cinq milliards Fcfa avaient été pourtant alloués à la société pour servir au dédommagement des 430 agents volontairement partis de l’entreprise. Mais, plusieurs mois après cet accord, seulement 117 employés ont effectivement bénéficié de l’application des clauses du protocole d’accord. La deuxième vague d’employés ayant favorablement répondu aux lettres de départ volontaire, attend toujours.
Et pourtant, l’article 7 du protocole d’accord signé entre les délégués du personnel et la direction de la Camair indique clairement que "les sommes dues au travailleur lui sont intégralement reversées par virement, chèque certifié ou en espèces, en une seule tranche à la date de cessation d’emploi".
Les ex employés accusent par ailleurs la direction générale d’avoir dissimulé le procès verbal de ces engagements pris d’un commun accord. Après une grève et de nombreuses recherches ils ont retrouvé le document au tribunal de grande instance du Wouri (Bonanjo). Entre temps, ils ont obtenu un mois et demi de leur dû. Ce nouvel épisode judiciaire n’est d’ailleurs qu’un procès de plus pour la Camair, dont les fermetures et saisies des comptes sont devenues légion. Le 19 janvier dernier par exemple, le compte de la Camair, logé au Crédit Lyonnais, direction du Commerce International à Paris est amputé d’une somme de 198 mille euros, soit près de 130 millions Fcfa.
Une saisie conservatoire opérée au profit de Sygma Finance, société d’expertise financière basée à Londres, en Angleterre, et appartenant à Francis Nana, un Camerounais diplômé en expertise comptable. M. Nana est en conflit judiciaire avec la Camair devant la chambre commerciale du Tribunal de grande instance de Paris. Depuis le 30 juin 2005, l’expert financier réclame à la compagnie aérienne camerounaise le paiement de la somme de 2.257.355 euros (environ 1,480 milliard Fcfa). Dans le cadre du présent différend, le collectif de retraités de la Camair soutient avoir également saisi la justice pour protester contre la vente illégale d’une partie du patrimoine de l’entreprise. Certains terrains notamment. Comme on le voit, le ciel est brumeux au dessus de la Camair où des actions en justice risquent de se multiplier encore pour longtemps.
Source : Mutations
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