L’image de la fin : il est 11h10 minutes. La réunion extraordinaire du comité exécutif de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) débute avec 1h10 de retard. Plus d’une vingtaine d’administrateurs (sur les 29 encore en vie) de la fédération ont répondu présent à la convocation du président de la Fécafoot de ce mardi 27 février 2007 au siège, à Tsinga. Tous ont pris place lorsque le directeur général de la Fédération, Jean Lambert Nang, fait son entrée dans la salle de conférence. Ce dernier veut prendre place sur l’unique fauteuil encore libre et situé juste à l’entrée de la salle de conférence, lorsque Iya Mohammed, assis à l’autre bout de la table, lui fait signe de la main, index et majeur droits levés, de se mettre dehors. M. Nang obtempère et va se poster à l’entrée de la salle de conférence, sa serviette sous l’aisselle.
L’image ne passe pas inaperçue aux yeux des nombreux journalises présents au siège de la fédération à l’occasion. Puisque sortis de la salle de conférence, ils se ruent vers le Dg, que les photographes mitraillent de leur flash. Tandis que des journalistes essaient d’arracher quelques mots à Jean Lambert Nang. Mais il ne souhaite pas se prêter à ce jeu. Il quitte ses confrères et va se terrer dans son bureau, qu’il avait pris le soin de vider déjà la veille, selon des sources concordantes. Les discussions des hommes des medias tournent autour du geste du président de la Fécafoot, que les uns et les autres interprètent chacun à sa manière. Mais tous sont d’avis que : "Iya Mohammed a vraiment désavoué Jean Lambert Nang".
L’information du limogeage du directeur général de la Fécafoot circulait depuis quelque temps. En effet, à l’issue de la tripartie ministre des Sports et de l’Education physique, président de la Fécafoot et Premier ministre des 15 et 16 février derniers, des sources bien introduites dans les services du Premier ministère affirmaient que le patron des lieux, Ephraïm Inoni, avait demandé à Iya Mohammed de se séparer de quelques uns de ses collaborateurs. Et parmi les noms qui revenaient à chaque fois, celui de Jean Lambert Nang.
Interpoules
Ce qu’a confirmé le bureau exécutif de la fédération qui, réunit en session extraordinaire hier, "a décidé à l’unanimité de ses membres présents et représentés, de mettre fin aux fonctions de Jean Lambert Nang, directeur général de la Fécafoot". Une décision que d’aucuns n’ont pas souhaité commenter. Pas plus que les trois autres. Puisque le communiqué final signé du président Iya Mohammed poursuit : "le plan de restructuration et de rationalisation de la gestion du personnel de la Fécafoot sera mis en œuvre sans délai. Le comité exécutif veillera davantage au respect des textes statutaires et réglementaires de la Fécafoot. La Fécafoot s’engage à entretenir une collaboration franche et sincère avec sa tutelle".
A la lecture de ce communiqué, tout porte à croire que Jean Lambert Nang aurait été limogé pour sa gestion de certains dossiers, notamment celui des Interpoules, marqué par des décisions contradictoires des instances de la fédération. Lesquels ont foulé du pied les statuts et règlements de la Fécafoot. A l’image de la décision du Dg de faire rejouer le match litigieux AS Cetef-Tonnerre de la 5ème journée dans la poule A de Garoua ; ceci en omettant volontairement l’additif du rapport de l’arbitre central, Alain Giresse Tchoumba. Lequel faisait savoir qu’il y avait eu voie de fait sur sa personne. Le Dg va plutôt le sanctionner.
En raison de leurs revendications financière dont la satisfaction état un préalable à l’ouverture de la saison, le Dg de la Fécafoot avaient traité les présidents des clubs de D1 de "mendiants". Ce qui avaient choqué ces derniers qui s’étaient jurés d’avoir la tête de Jean Lambert Nang, qu’ils avaient, au passage, récusé comme interlocuteur à la fédération. Il aura fallu l’intervention d’un expert de la Fédération internationale de football association (Fifa), en mission au Cameroun, et qui avait rencontré les présidents des clubs de D1, pour désamorcer la situation.
La gestion du match amical Togo-Cameroun du 7 février dernier à Lomé fait également partie des casseroles qu’aura traîné l’ancien directeur de la Fécafoot durant son bref passage ici. Jean Lambert Nang avait personnellement négocié les termes de cette rencontre. Alors que le sélectionneur des Lions indomptables souhaitait plutôt que ces derniers se frottent à un adversaire plus costaud comme les Eléphants de Côte d’Ivoire. Ce qui avait entraîné le courroux du technicien hollandais Arie Haan et l’arrêt de sa collaboration avec le Cameroun.
Bref, durant les six mois qu’il a passé à la Fécafoot, Jean Lambert Nang s’est fait un peu plus d’ennemis à l’intérieur et à l’extérieur de la maison de Tsinga. Mettant très souvent à mal les relations de son président avec la tutelle et avec ses partenaires. Et au finish, rien de tout ce qu’il avait promis n’a été matérialisé : de "s’attaquer à la fourmilière", de faire disputer le championnat avec 16 clubs, de mettre fin à la surfacturation…
Toutefois, la question de savoir de savoir si le départ de Jean Lambert Nang à lui seul résout les problèmes de la Fécafoot mérite d’être posée. L’assemblée générale du 10 mars prochain devra entériner cette décision du comité exécutif et prendre d’autres décisions à même de matérialiser la volonté des membres du comité exécutif de la Fécafoot de "restructurer en profondeur son administration" comme ils l’avaient promis au Premier ministre le 16 février 2007.
Source : Mutations
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