Avec un indice de 3,915, contre 3,678 aux impôts et 3,640 aux forces de maintien de l’ordre (gendarmerie et police), la douane camerounaise vient de se hisser à la première place des administrations publiques où la corruption a désormais fait son lit. C’est la substance de la conclusion de l’enquête réalisée pour le compte de Transparency international Cameroon (Tic) auprès des entreprises sur la corruption au Cameroun par le Centre de recherche et d’Etudes en économie et sondage (Cretes).
Au total 835 entreprises dont plus de 100 dites " grandes ", c`est-à-dire avec un effectif du personnel permanent supérieur ou égal à 250 personnes ou ayant réalisé un chiffre d’affaires supérieur ou égal à un milliard de francs Cfa en 2005. Ces entreprises, qui sont toutes réparties sur l’ensemble du territoire national, ont consacré, pour certaines d’entre elles, " environ 10% de leur chiffre d’affaires " aux versements de pots de vin.
L’étude fait apparaître que les raisons de cette situation sont dues à deux facteurs principaux à savoir le " bas niveau des salaires et l’absence de sanctions ", même s’il faut en outre préciser que le désir d’enrichissement personnel est aussi perçu comme un facteur important qui favorise la corruption auprès de ces administrations.
" La situation a dépassé la côte d’alerte et a atteint des proportions inquiétantes ", a tenu à préciser Maxwell Léa Ekamé du Cretes, lors de l’atelier sur " le rôle du système judiciaire dans la lutte contre la corruption au Cameroun ", qui a ouvert ses portes hier au Djeuga Palace de Yaoundé.
Organisé par Transparency International et sa branche camerounaise Transparency International Cameroon (Tic), avec le concours du ministère français des Affaires étrangères, cet atelier se tient dans le cadre du programme intitulé "Renforcement des piliers de l’intégrité" Un programme qui "consiste à décrire les éléments interdépendants et à construire des "Systèmes nationaux d’intégrité" (Sni)", comme l’a indiqué Me Nguini Charles, président de Tic à l’ouverture des travaux. Ces piliers sont constitués par le pouvoir exécutif, législatif, judiciaire, les médias, les institutions de contrôle et les organisations de la civile.
S’il a été démontré, lors de l’exposé présenté par Sarah Repucci du secrétariat de Transparency International, que tous ces piliers sont d’une importance certaine dans la lutte contre la corruption, le Pr Maurice Kamto, ministre délégué auprès du vice Premier ministre chargé de la Justice, n’a pas manqué de relever le rôle fondamental qui est celui de l’institution judiciaire, "pilier essentiel de la régulation sociale".
Pour sa part, Georges Serre, l’ambassadeur de France au Cameroun, a relevé le rôle capital joué par les magistrats dans le cadre de la lutte contre la corruption en France. Un rôle que ceux-ci n’ont pas toujours su jouer dans notre pays puisque dans le classement des services publics les plus affectés par le phénomène de la corruption, l’institution judiciaire figure au 4ème rang.
Il ressort du rapport cité plus haut que 38% des entreprises utilisées dans le cadre de l’enquête ont déclaré avoir versé des pots de vin dans le cadre des démarches entreprises auprès du tribunal. Dans ce registre, figurent surtout des entreprises des services financiers et du secteur de l’immobilier.
L’atelier de Yaoundé qui prend fin ce soir se déroule en présence d’une délégation de Transparency International conduite par son directeur Afrique et Moyen Orient, Casey Kelso.
Source: Quotidien Mutations
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